Point-de-vue. Taxer les super-profits des entreprises n’a rien de contreproductif pour l’économie, contrairement aux affirmations du ministre Bruno Le Maire auquel l’ancien secrétaire d’État au Budget, Christian Eckert, conseille d’aller passer ses vacances aux États-Unis.
Par Christian Eckert
Lors des débats sur la loi sur le pouvoir d’achat et sur la loi de finances rectificative, le ministre des Finances, Bruno Le Maire, s’est fait le chantre du libéralisme et a prétendu donner des leçons d’économie à la terre entière : toutes les propositions (taxation des superprofits, contrôle des subventions…), qui auraient mis à contribution les entreprises ont été balayées, car jugées contreproductives pour l’économie.
Les porteurs de ce type de suggestions ont été qualifiés d’ignorants et de dogmatiques.
Un pays vient pourtant de décider de reprendre, certes parfois avec modération, la plupart des suggestions que le même Bruno Le Maire avait, avec mépris, qualifiées de dangereuses pour notre pays. En voici trois exemples révélateurs :
- Dans ce pays, les multinationales paieront un impôt minimal :
Désormais, les grands groupes seront dans l’obligation de déclarer leurs impôts de deux manières. D’une part, ils devront établir leur imposition, selon les formules habituelles de l’impôt sur les bénéfices. D’autre part, ils devront calculer leurs impôts sur les bénéfices en appliquant le taux de 15 %. La somme la plus élevée sera retenue par le fisc.
- Dans ce pays, les rachats d’actions seront taxés :
Une taxe de 1 % sur la valeur totale des rachats par les entreprises de leurs propres actions sera instaurée. Les sommes doivent aider à financer le plan climat. Cette pratique permettant artificiellement de distribuer de la richesse aux actionnaires devient fréquente et massive, et favorise l’évitement fiscal.
- Dans ce pays, les aides seront assujetties à des conditions :
Ainsi, les groupes doivent s’engager à investir prioritairement dans le pays. Ils sont tenus de ne pas produire certains composants jugés sensibles dans les pays considérés comme « préoccupants », comme la Russie, l’Iran ou la Corée du Nord. Il leur est en outre interdit d’utiliser ces aides pour verser des dividendes ou racheter leurs actions.
Le pays en question n’a rien d’un pays collectiviste, socialisant ou dirigé par des gauchistes « le couteau entre les dents » … Ce pays est celui désigné comme l’archétype du libéralisme. Son histoire a démontré que dans le monde, sa politique est sans doute celle qui accorde le plus la priorité à l’économie, bien avant les aspects sociaux, sociétaux et même environnementaux.
Même si les décisions évoquées ici restent encore (trop) mesurées, elles auraient pu inspirer notre Gouvernement.
Pourquoi Bruno Le Maire et d’autres Ministres ne passent-t-ils pas leurs vacances aux États-Unis ?