Prise illégale d’intérêts, corruption, favoritisme, clientélisme ou encore faveurs sexuelles : les parquets croulent sous les plaintes et autres « signalements » d’infractions présumées visant des élus.
Toute campagne électorale est propice à un grand déballage de linge sale que l’on ne lave pas forcément en famille. Les municipales de cette année 2020 ne font pas exception même si l’on constate une inflation de « signalements » au procureur de la République, à la Chambre régionale des comptes, aux associations de lutte contre la corruption et à la presse.
« Bétonisation délirante »
A Yutz, ville de 16.000 habitants dans la banlieue de Thionville (57), un collectif baptisé DEFY (Défendons Ensemble le Foncier Yussois) s’oppose à la construction de 544 logements dont 19 immeubles dans le quartier de Stockholm, en bordure d’une zone pavillonnaire. Bernard Aubin a pris la tête de la mutinerie car, dit-il « il existe d’autres zones constructibles mais la mairie refuse d’y construire les immeubles, on ne sait pas pourquoi. »
Le collectif qui s’oppose aussi à « une bétonisation délirante » à Yutz mais aussi ailleurs, a déposé un recours contre le PLU (plan local d’urbanisme) devant le tribunal administratif de Strasbourg. Et fait campagne contre ce projet fou via des réseaux sociaux et la presse. Le maire, Bruno Sapin, à qui l’on reproche d’avoir pris ses administrés au dépourvu, promet des explications et une modification possible du PLU. Ce ne sera peut-être pas suffisant.
Rififi à Thionville
Dans la ville voisine de Thionville (40.000 habitants), la situation est plutôt incongrue. « La guerre immobilière est déclarée » titrait récemment nos confrères du Républicain Lorrain. Un promoteur, soupçonnant une « collusion » entre les élus et des professionnels de la place, a décidé de déposer plainte courant 2019. Attribution suspecte de permis de construire, vente avantageuse de terrains, la justice a du pain sur la planche.
Il est aussi question d’une « grosse affaire » judiciaire impliquant des élus qui devrait bientôt être révélée. Ce scandale ne concernerait pas seulement Thionville mais l’ensemble de la Moselle.
Comment le sait-on ? C’est un nouveau venu dans la campagne thionvilloise qui l’annonce publiquement. « Un scandale qui pourrait éclabousser l’équipe du maire sortant » assure Patrick Luxembourger. Celui-ci a décidé de se présenter en catastrophe aux suffrages des thionvillois et s’affiche comme « un recours à droite ».
Le cas de Patrick Luxembourger est assez cocasse. Maire de la commune voisine de Terville durant trois mandats, Patrick Luxembourger a décidé de rendre l’écharpe à Marianne pour se consacrer à sa vie professionnelle. Mais le scandale qu’il prédit –et dont personne ne sait rien- serait susceptible d’atteindre l’équipe du maire. D’où sa candidature.
Ainsi, quatre listes vont s’affronter : celle du maire sortant Pierre Cuny (Cuny 2020), celle de l’ancien maire Bertrand Metz (Ensemble faisons Thionville) et celle des Verts de Guy Harau (Thionville en Mieux). Et désormais, donc, la liste de Patrick Luxembourger (Thionville, le renouveau).
« Des choses troublantes » à Tomblaine (54)
A Tomblaine (8.800 habitants) dans la banlieue de Nancy, un collectif de citoyens arrose large. Il vient d’adresser des mails, des textes et des photos « de ce que tout le monde sait à Tomblaine » au président de la République, au ministre de l’Intérieur, au ministre de la Justice, à l’Est Républicain, à l’association Anticor, au journal La Semaine, à Médiapart, au Point et à infodujour !
Le collectif dénonce « les choses troublantes » du maire Hervé Féron qui « ferait la promotion de biens immobiliers » de son propre fils sur Facebook. Et il aurait embauché sa belle-fille, fonctionnaire à la mairie, comme « responsable des marchés publics » ! Le collectif soupçonne un conflit d’intérêts. Et le fait savoir urbi et orbi. Mais surtout au procureur de la République.