L’annonce faite par Édouard Philippe de suspendre pour six mois les augmentations de taxes sur le carburant, le gaz et l’électricité arrive quatre semaines trop tard pour calmer les Gilets jaunes.
Trop tard ! C’est le sentiment général des Gilets jaunes après les timides concessions du Premier ministre pour tenter de calmer la colère de ce « peuple des ronds-points » comme on l’appelle parfois. Trop tard et trop peu ! La suspension pour six mois, avec effet immédiat, de l’augmentation des taxes du carburant mais aussi du gaz et de l’électricité, correspond aux toutes premières revendications des Gilets jaunes, celles qui ont enflammé le pays le samedi 17 novembre 2018. Mais, depuis, il y a eu les manifestations du 24 novembre puis celles du 1er décembre et les violences que l’on sait à Paris et dans les régions. Avec de nouvelles doléances de cette France d’en bas qui exige désormais non seulement la baisse des taxes prévues sur les carburants mais aussi une amélioration du pouvoir d’achat, plus de justice sociale, et plus de démocratie. En effet, les Français n’acceptent plus les décisions d’un autocrate déconnecté du peuple qui décide seul ce qui est bon ou ce qui n’est pas bon pour eux. Pour s’en convaincre, il suffisait de lire les banderoles des manifestants et les inscriptions sur les monuments publics : « Macron, démission, Macron dégage. »
Acte IV à hauts risques
L’abandon provisoire des taxes n’a pas été perçu par les Gilets jaunes comme une mesure suffisante de la part de l’exécutif. A la télé, à la radio, sur internet, sur tous les barrages et les ronds-points, la même déception : « Ils n’ont rien compris », « C’est de la poudre aux yeux », « Il n’y a pas que les taxes »…. Benjamin Cauchy, l’un des porte-parole du mouvement résume bien : c’est « une première étape » dit-il. Mais il met en garde : « Les Français ne veulent pas des miettes ». Il demande la tenue d’états-généraux de la fiscalité et une nouvelle répartition des richesses. Pas moins.
Dans ce contexte de désillusion, les Gilets jaunes maintiennent la quatrième journée de manifestation, samedi 8 décembre 2018, à Paris comme en province. Malgré l’avertissement du Premier ministre pour qui aucune manifestation non déclarée ne sera acceptée.
Cet acte IV de la colère des Gilets jaunes est d’autant plus redouté que le mouvement de contestation de la politique gouvernementale s’étend désormais aux lycéens et aux agriculteurs.
On les avait prévenus : Ça va mal finir. Comment pourrait-il en être autrement ?