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Marceline Loridan-Ivens, femme d’un siècle

Diffusé lundi soir sur France 3 Grand Est, un documentaire fait le portrait de cette vieille dame « intranquille », cinéaste de « La petite prairie aux bouleaux ».

"Tant qu'on peut il faut tenir", disait Marceline Loridan-Ivens (photo Cordelia Dvorak).
« Tant qu’on peut il faut tenir », disait Marceline Loridan-Ivens (photo Cordelia Dvorak).

C’est le portrait en douceur d’une femme exceptionnelle, que fait la réalisatrice Cordelia Dvorak, dans un documentaire consacré à Marceline Loridan-Ivens, disparue le 18 septembre, elle avait 90 ans. « Marceline. Une femme. Un siècle » sera diffusé lundi 15 octobre après le Soir/3 sur France 3 Grand Est (Alsace, Champagne Ardenne, Lorraine), puis le 22 octobre à 23h sur France 3, et accessible durant un mois sur grandest.france3.fr

« Tant qu’on peut il faut tenir », confiait-elle à Cordelia Dvorak, lors de sa dernière interview, chez elle à Paris, dans le Quartier Latin. Ce film est ainsi le portrait « d’une vieille dame intranquille », qui a « vécu un destin exceptionnel de femme, de cinéaste politique et d’auteur », restée pour toujours « radicale et anticonformiste, joyeuse et révoltée ».
Marceline Rosenberg était née à Epinal en 1928, et avait vécu plusieurs années à Nancy dans son enfance. « J’ai gardé le nom de me deux maris », précisait Marceline, qui a eu « plusieurs vies » : actrice, scénariste, réalisatrice, auteur… Et avant tout cela, déportée jeune fille au camp d’Auschwitz-Birkenau, où va commencer une longue amitié avec Simone Veil (elles étaient dans le même convoi). Après la guerre, la survivante a milité au PC, au MLF, a préféré sa liberté à l’encartage, a porté des valises pour le FLN, connu une jeunesse jazzy à Saint-Germain-des-Prés, fut journaliste à la télévision, et l’interprète principale de « Chronique d’un été » (1959) film du cinéaste Jean Rouch.

« Je dis toujours ce que je pense sans conformisme inutile »

« Partie à travers le monde », elle a co-réalisé « Algérie année zéro » avec Jean-Pierre Sergent, puis de nombreux documentaires (dont « Une histoire de vent ») avec son mari Joris Ivens, au Vietnam, au Laos, en Chine… « Plus vieille des jeunes cinéastes », Marceline Loridan-Ivens a réalisé à 75 ans « La petite prairie aux bouleaux », un film poignant, exceptionnel de force et de pudeur (sorti en 2004). Elle s’était aussi racontée dans plusieurs livres, « Ma vie balagan », « Et tu n’es pas revenu », longue lettre adressée à son père mort à Auschwitz, qui commençait par « J’ai été quelqu’un de gai », et « L’amour après », dans lequel elle évoquait sa difficulté à connaître et partager l’amour après avoir vécu l’horreur.

Petite dame à la chevelure rousse, « Marceline la tornade » a choisi « d’aller vers la vie ». « Mon côté inattendu, un peu explosif parfois, je dis toujours ce que je pense sans conformisme inutile », confiait-elle à Nancy, lors de la sortie de « La petite prairie aux bouleaux ». Anouk Aimée y joue son double, « Myriam, une survivante des camps qui retournait sur les lieux de l’ignominie, à Birkenau, là où les nazis lui ont infligé une « inguérissable brûlure ». Un douloureux pèlerinage : « Ni exorcisme ni rédemption. Myriam retourne à Birkenau avec un camp dans la tête, elle en ressort avec un camp dans la tête, elle l’aura jusqu’au dernier jour de sa vie », disait Marceline Loridan-Ivens.

« J’ai toujours un camp dans la tête » : Marceline, qui portrait sur le bras le numéro 78750, emploie à nouveau cette expression dans le documentaire de Cordelia Dvorak.

Patrick TARDIT

« Marceline. Une femme. Un siècle », un documentaire de Cordelia Dvorak, lundi 15 octobre après le Soir/3 sur France 3 Grand Est, puis le 22 octobre à 23h sur France 3, et durant un mois sur grandest.france3.fr

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