Sélectionné au 29ème Festival du Film Arabe de Fameck, le film de Jean-Philippe Gaud est une gentille fable.
« C’est quoi un homard » ? », demande Elias à sa grand-mère. Dans un bled perdu du Maroc, le gamin apprend par coeur un livre de recettes de Joël Robuchon, noix de Saint-Jacques, poularde de Bresse, macarons, fricassée d’escargots, foie gras… Des plats qui le font rêver, et qu’il rêve de préparer un jour. Quand il sera grand, Elias sera cuisinier.
Madi Belem incarne Elias devenu grand dans « Tazzeka », un film de Jean-Philippe Gaud (sortie le 10 octobre), sélectionné au 29ème Festival du Film Arabe de Fameck (Moselle). Une semaine après « La saveur des ramen », du cinéaste singapourien Eric Khoo, qui a mis l’eau à la bouche des spectateurs, voici donc un nouveau film qui met les petits plats dans les grands.
A « Tazzeka », nom de son village, Elias a été élevé par sa grand-mère, qui lui a donné le goût de la bonne cuisine. Mais dans l’épicerie villageoise, « Chez Youssef », il ne prépare que tajines et couscous alors qu’il rêve de gastronomie. Le hasard faisant bien les choses, surtout au cinéma, un chef de la télé s’arrête déjeuner sur la terrasse de Youssef ; régalé par le dessert fruité concocté par Elias, le grand cuisinier parisien encourage le jeune homme.
Plus que jamais, Elias veut alors partir de Tazzeka, aller à Paris, malgré le traumatisme de la disparition du frère aîné, mort en voulant traverser la Méditerranée. Mais dans la banlieue parisienne, Elias n’est qu’un migrant comme un autre, un sans-papier, un clandestin, qui fait le manœuvre sur les chantiers. Avant de renouer avec sa passion, la cuisine, et de (bien) s’en sortir grâce à elle. Jean-Philippe Gaud a choisi un « ton léger » pour évoquer l’immigration et le mythe du « rêve occidental » ; il en a fait une belle histoire avec une fin heureuse, une gentille fable toute en légèreté.
Patrick TARDIT
« Tazzeka », un film de Jean-Philippe Gaud, avec Madi Belem (sortie le 10 octobre).