L’association Anti-Corruption vient de déposer un complément de plainte auprès du Parquet National Financier concernant l’ancien président de la région Gand Est, Jean Rottner, accusé de prises illégales d’intérêts.

Une nouvelle étape vient d’être franchie dans l’affaire qui secoue le monde politique et économique du Grand Est. L’association Anti-Corruption (AC!!) a déposé hier un complément de plainte auprès du Parquet National Financier (PNF) contre l’ancien président de la région Grand Est, Jean Rottner, renforçant ses accusations de prise illégale d’intérêts.
Des faits aggravés
Représentée par Maître Vincent Poudampa, avocat au barreau de Bordeaux, l’association avait déjà déposé une première plainte en 2023, dénonçant plusieurs éléments troublants : une collaboration rémunérée entre M. Rottner et la société ADHOC pendant son mandat régional, l’implication du cabinet Fursac Anselin dans le recrutement pour la SPL Grand Est Mobilités, et le passage direct de l’élu vers le groupe immobilier REALITES.
Mais c’est l’évolution récente de la carrière de M. Rottner qui a motivé ce nouveau signalement. Le 18 mars 2024, le groupe REALITES annonçait sa nomination comme Directeur exécutif Groupe, lui confiant la supervision de la stratégie globale, du développement financier et des opérations internationales.
Des réserves de la HATVP ignorées ?
Selon les plaignants, cette promotion constituerait une violation des réserves formulées par la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique (HATVP) dans son avis n°2022-281. Celle-ci avait explicitement demandé à M. Rottner de s’abstenir « de toute démarche, y compris de représentation d’intérêts, auprès des élus et agents de la région Grand Est ».
La plainte s’appuie également sur une récente question écrite au Sénat concernant l’emploi d’anciens élus par des sociétés avec lesquelles ils avaient contracté. La réponse ministérielle rappelle les dispositions de l’article 432-13 du code pénal, qui interdit à un chef d’exécutif d’être recruté par une entreprise avec laquelle il a passé un marché avant l’expiration d’un délai de trois ans.
« Un rétro-pantouflage aggravé »
Maître Poudampa qualifie ces faits de « rétro-pantouflage aggravé », décrivant « une stratégie de retour vers la sphère publique, sous une casquette privée, dans un cadre de continuité d’influence manifeste ». Les infractions potentiellement en cause comprennent la prise illégale d’intérêts (article 432-12 du Code pénal), la violation d’obligations déontologiques et possiblement le favoritisme.
L’association demande au PNF d’élargir son instruction pour intégrer ces éléments nouveaux et de diligenter « tout acte utile » pour établir la matérialité des faits reprochés.
Contacté par notre rédaction, Jean Rottner n’avait pas répondu à nos sollicitations au moment de mettre sous presse. Le groupe REALITES s’est refusé à tout commentaire, invoquant une procédure en cours.
Pour rappel, Jean Rottner avait démissionné de la présidence de la région Grand Est en décembre 2022, invoquant des « raisons personnelles ».