Le Premier ministre François Bayrou s’inquiète, mais un peu tard, de la soumission de la France et de l’Europe à l’Amérique de Trump. Or, dès 1941, les États-Unis projetaient de faire de la France un protectorat. L’oncle Sam a fini par nous coloniser.
L’investiture de Donald Trump, 47ᵉ président des États-Unis, fait peur à nos élites. François Bayrou, Premier ministre, découvre soudainement que « les États-Unis ont décidé d’une politique incroyablement dominatrice, par le dollar, par la politique industrielle, par la captation de toute la recherche du monde, par la captation des investissements du monde… Si nous ne faisons rien, ajoute Bayrou, nous allons être dominés, écrasés… »
Il se réveille un peu tard notre Premier ministre. La domination américaine ne date pas d’aujourd’hui.
L’extra-territorialité du droit américain…
La puissance économique et militaire américaine s’est développée depuis la dernière guerre mondiale au détriment de tous les autres pays du monde, et surtout de l’Europe. En pillant nos richesses, en achetant à prix d’or nos chercheurs et nos talents. La Grande Amérique s’impose à tous, partout. « Tout le monde a oublié la première des ingérences, à savoir l’extraterritorialité du droit américain, rappelle Thierry Mariani. Les Américains votent des lois et nous les imposent, c’est pire que les colonies. »
Tout le monde se souvient de l’affaire Alstom, l’un des plus grands conglomérats industriels français, présent dans l’énergie, le nucléaire, le ferroviaire, les transports. L’Américain General Electric (GE) a pris le contrôle des activités énergie, au terme de manœuvres obscures, sur fond de corruption imaginaire en 2013-2014. Les États-Unis ont appliqué l’extraterritorialité du droit américain pour condamner la France. C’est du vol manifeste.
Le rôle des géants de la tech’
Dans le même temps, il faut convaincre du bien-fondé de la politique impérialiste américaine. Comment ? Par l’information et la propagande. La prise de contrôle de l’information, c’est-à-dire de nos cerveaux, est prôné par le Forum Économique Mondial (WEF). Dans cet article signé Inbal Goldberger, la police de la pensée sera effectuée au niveau planétaire par l’intelligence artificielle (IA). Le WEF propose un plan mondial pour contrôler les contenus en ligne grâce à l’intelligence artificielle avec le soutien des grands éditeurs et producteurs de contenu. Il veut « combattre les mauvaises pensées » (sic) en « automatisant la censure » des fausses infos.
Et comment diffuser l’information ? Via les fameux GAFAM dont les patrons assistent aux premières loges à l’investiture de Trump. Elon Musk, l’homme le plus riche du monde et fervent soutien de Trump, occupe une place de premier plan aux côtés de Jeff Bezos d’Amazon et Mark Zuckerberg de Meta. Quant à Tim Cook d’Apple, Sam Altman d’OpenAI et Shou Chew de TikTok, ils complètent cette prestigieuse délégation tech.
Colonisé par les algorithmes
Grâce à l’information véhiculée par les GAFAM, se met en place, petit à petit, « une vérité officielle », celle décidée par un petit groupe d’industriels qui nous imposent leur vision du monde. Un monde façonné exclusivement autour de leurs gigantesques profits.
Les moyens de communication de masse numériques et leurs algorithmes sont si puissants qu’ils ont pris le contrôle des idées et des opinions dans le monde en décidant arbitrairement ce qui est vrai et ce qui est faux, ce qui est bon et ce qui est mauvais. Nous sommes devenus une colonie numérique des GAFAM qui ont pris le contrôle planétaire de l’information journalistique.
Ces géants américains de tech ont fait de nous des « e-esclaves », ils nous disent ce qu’il faut savoir et donc ne pas savoir, ce qu’il faut comprendre du monde, comment le comprendre. Ils nous disent ce qui est vrai et ce qui est faux.
Et ceux qui ne sont pas d’accord avec leur vision du monde sont qualifiés de « complotistes », de « conspirationnistes ».
L’AMGOT : un projet de mise sous tutelle
Cette soumission à l’Amérique n’est pas nouvelle. En 1941-1942, alors que la Seconde Guerre mondiale fait rage, Washington élabore discrètement un plan pour placer la France sous tutelle après la guerre, au même titre que les puissances de l’Axe. Une page méconnue de l’histoire qui révèle les tensions entre les États-Unis et la France Libre du général de Gaulle, justement rappelée par Annie Lacroix-Riz dans un excellent article du Monde Diplomatique.
Dès 1941, les États-Unis prévoient d’établir un « Allied Military Government of Occupied Territories » (AMGOT) en France. Ce système, également envisagé pour l’Allemagne, l’Italie et le Japon, aurait privé la France de sa souveraineté, jusqu’à lui retirer le droit de battre monnaie. Les accords Darlan-Clark de novembre 1942 en Afrique du Nord préfigurent ce modèle de gouvernance.
L’échec du projet américain
Le projet échoue face à la résistance française. De Gaulle, soutenu par la Résistance et reconnu par l’URSS dès 1942, parvient à s’imposer. Les États-Unis doivent finalement reconnaître son Gouvernement provisoire en octobre 1944. La France, bien que dépendante économiquement des États-Unis, échappe au statut de protectorat grâce à la vigueur de sa résistance intérieure et extérieure.
Pour contrebalancer l’influence américaine, de Gaulle signe en décembre 1944 un traité d’alliance avec l’URSS. Bien que la France soit écartée de la conférence de Yalta et reste dans la sphère d’influence américaine, elle préserve une part significative de sa souveraineté, contrairement aux projets initiaux de Washington.
Signature des accords Blum-Byrnes (1946)
Quelques années plus tard, un accord franco-américain est signé le 28 mai 1946 par le secrétaire d’État des États-Unis James F. Byrnes et les représentants du gouvernement français, Léon Blum et Jean Monnet. Il liquide une partie de la dette française envers les États-Unis après la Seconde Guerre mondiale, à hauteur de deux milliards de dollars.
En contrepartie d’une aide américaine, le cinéma américain peut envahir les salles obscures au détriment du cinéma français. Dès lors, le cinéma US va alors inonder la France, et encore de jours, sur le petit écran.
Des politiques à courte vue
Ce n’est donc pas d’aujourd’hui que les États-Unis nous imposent leur tutelle. Elle est économique, financière, militaire (OTAN) culturelle… et surtout linguistique. L’anglais, ou plutôt l’anglo-américain, s’impose aux jeunes générations depuis la fin de la dernière guerre. Au point que l’on peut se demander si l’on parlera encore français dans cinquante ans ?
Non, Monsieur le Premier Ministre, nous n’allons pas être « dominés » ou « écrasés » par l’Amérique de Donald Trump. Nous le sommes déjà. Mais il n’y a que des élites médiocres et à courte vue pour ne pas s’en être rendu compte.
Investiture de Donald Trump: « Si nous ne faisons rien, nous allons être dominés », déclare François Bayrou pic.twitter.com/DjxadUzrMU
— BFMTV (@BFMTV) January 20, 2025
Notre classe politique a bradé notre souveraineté, laissé enfermer Frederic Pierucci, vendu Alstom aux Américains.
Il est temps de défendre les Français.
Trump dit : l’Amérique d’abord. Nous devons dire : la France d’abord. pic.twitter.com/Yyw0231vKz
— Sarah Knafo (@knafo_sarah) January 17, 2025
🚨🚨🚨🚨 Attention c’est de la bombe ! Ce que je vous annonçais hier est aujourd’hui confirmé par un témoin d’une réunion (photo d’archive) :
» Hier soir, j’ai eu le privilège de participer à un appel zoom avec Steve Bannon, un ancien banquier d’investissement et gestionnaire… https://t.co/95qgUuNx7y pic.twitter.com/TZWpoKYNTz
— SILVANO TROTTA OFFICIEL (@silvano_trotta) January 16, 2025