Point-de-vue. À revers de la doxa sur la guerre russo-ukrainienne, l’écrivain Gilles Laporte publie une tribune libre qui remet l’église au milieu du village. Avec le talent qu’on lui connaît.
Par Gilles Laporte
Retour de Nancy au volant de ma vieille voiture thermique, voilà trois jours, longeant une Moselle indifférente aux convulsions humaines, j’ai vu flotter au fronton d’une mairie rurale deux drapeaux ukrainiens. Pas de drapeau français… pas de drapeau européen… encore moins de drapeau lorrain ! Les mêmes que ceux brandis dans le monde occidental dit « libre » par les facteurs de bonne conscience : deux drapeaux ukrainiens ! Comme si, du plus profond de nos campagnes au plus élevé de la Tour Eiffel, du Storting norvégien au Reichstag prussien, l’Europe entière était devenue la banlieue de Kiev !
Affirmation d’une méconnaissance crasse de notre histoire, de la négation de nos racines, de l’ignorance du passé -et du présent- de ce pays tumultueux riverain du Dniepr, cette exhibition jaune et bleue révèle une profonde haine de la diplomatie de paix et de notre avenir de peuples d’Europe !
Car…
Qui s’étripe là-bas ?
Du Levant et du Couchant
Quels psychopathes prétendus « chefs d’État » poussent les somnambules que nous sommes vers le nez d’une falaise d’où ils nous précipiteront bientôt en masse si nous ne savons pas trouver les clés de la nasse qu’ils ont tressée pour nous ?
Au Couchant, en ces lieux que d’aucuns nous présentent encore comme le pays merveilleux du « rêve américain », entre d’inaudibles balbutiements, d’étranges errances mentales et une chute hollywoodienne de vélo, la momie Biden impose à la planète sa vision d’un monde cocacolisé et hamburgisé, fournit des armes et de la verte monnaie de singe biblique -In God we trust – à celles et ceux qu’il considère comme ses sujets naturels, vassaux dociles, les obligeant à la stratégie originelle des couards manipulateurs : « Prenez les outils, je prends les commandes ! »
Au Levant, sur des terres semées de graines communistes que les violents orages du pire siècle de tous les temps ont transmutées en toxiques plantes soviétiques, entre le bien mal nommé Pacifique et un Oural légendaire, l’ancien espion nouveau tsar Poutine tente de reconquérir les provinces perdues d’un empire russe peuplé de moujiks chrétiens orthodoxes et de tatares musulmans, à la manière de la France obsédée après 1871 par la reconquête de l’Alsace-Lorraine englouties par l’ogre Bismarck dont la volonté hégémonique Got mit uns vit encore de beaux jours.
Un acteur de quatre sous
Entre les deux, au centre névralgique d’une Europe imaginée par Victor Hugo, dessinée par Robert Schuman, massacrée par Jean Monnet, joue un acteur de quatre sous, aussi mauvais artiste comique qu’Hitler était mauvais peintre qui, poitrail moulé en kaki, au mépris de tous les accords internationaux laborieusement signés avant son avènement, a enfin trouvé le rôle de sa vie sur la scène d’un théâtre d’ombres arrosée de larmes et de sang, celui d’un incendiaire adulé par des pairs « élites autoproclamées » aveugles et incultes, acharnés à se surpasser les uns les autres dans la compétition du pire. Zelinski que tous les petits « grands » rencontrent, que chaque « parle-ment » mobilisé applaudit debout, que tous les plumitifs encensent par souci de conformité germanopratine jusqu’à dessiccation de la pensée !
Autour de ces maléfiques Pieds nickelés, ronronne la cour des soupirants, affamés de reconnaissance universelle, malades d’amour d’eux-mêmes au point de s’oublier, dotés de raison, conquérants d’un ridicule qui, contrairement à l’assertion populaire, peut, va tuer ! Présidents de républiques devenues bananières, maîtresse d’Union étoilée perdue dans les ténèbres de son ego, reines et rois d’opérette, tous monarques au socle d’argile… écoutent, admirent et se prosternent devant eux, chacun plus empressé que l’autre à leur laver puis baiser les pieds !
La Mer noire sera rouge
Avec tous ceux-là et la pièce écrite à six mains par les auteurs à succès de Massacres à l’école, de Gaffe… je sors mon nucléaire ! et de La Mer noire sera rouge, le vingt-et-unième siècle et sa nouvelle guerre de religions tient enfin son grand « théâtre d’opérations » dont le rideau tombera bientôt devant une salle pleine de cadavres irradiés.
Pauvres peuples !
Nul doute que, « Au bord d’un grand lac de sang / Sous un grand tas de morts » (Baudelaire), une fois remis en selle sur son vélo hollywoodien et stabilisé à la verticale par ses haubans bibliques, si les somnambules que nous sommes ne se réveillent pas, le momique metteur en scène états-unien aura réussi son annexion du monde et imposé aux rares survivants de la terre de s’abreuver à la cocaïne gazeuse et de s’obésifier à la malbouffe prédigérée !
Deux drapeaux sur une façade de mairie, quelque part en Lorraine…
OTAN, suspends ton vol… (Lamartine)
Il est temps !
Nota : Les intertitres sont de la rédaction IDJ