La crise sanitaire ne doit pas creuser les inégalités transfrontalières : propositions pour un codéveloppement réussi avec le Luxembourg.
Mathieu Klein, président du Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle et de l’Établissement public d’aménagement (EPA) d’Alzette-Belval, vient d’adresser un courrier à Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des Territoires et des Relations avec les Collectivités Territoriales, et à Amélie de Montchalin, Secrétaire d’État chargée des Affaires européennes afin d’évoquer la question transfrontalière à l’heure du Covid-19. Il y fait un certain nombre de propositions pour une sortie de crise dans les meilleures conditions sanitaires possibles et en faveur d’un plus juste échange transfrontalier.
Un fonds de codéveloppement
Mathieu Klein rappelle que si la coopération sanitaire bilatérale franco-luxembourgeoise et franco-allemande, au plus fort de l’épidémie de Covid-19 qui a durement touché – et touche encore – le Grand Est, a bien fonctionné, « cette réponse multilatérale a été aussi timide que tardive, que ce soit à l’échelle des territoires frontaliers, de la Grande Région ou de l’Union européenne. La crise sanitaire que nous traversons met le doigt sur les faiblesses de nos moyens d’action collectifs, sur le déficit de concertation voire de solidarité entre les entités qui composent nos bassins de vie.»
Le président du Conseil départemental préconise la création d’un fonds de codéveloppement « afin de ne pas accentuer davantage les déséquilibres entre les territoires. Certains d’entre eux se trouveraient sinon au bord de la rupture face à un défi considérable, tant en matière de relance économique que d’aménagement et de justice sociale, dit-il. La mise en place, rapide et concertée, de fonds de codéveloppement peut nous permettre, au-delà de la seule question des transports, de trouver des réponses aux problématiques de financement des infrastructures et des services publics : enfance et petite enfance, apprentissage de la langue du voisin, solutions de télétravail, structures de santé, environnement, cadre de vie, etc. Ce type de fonds pourrait par exemple accompagner la création d’une Cité scolaire européenne sur le territoire d’Alzette-Belval et donner ainsi un nouveau souffle à son ambition européenne ».
Un projet européen renouvelé
L’année dernière, le président du comité européen des régions, le belge Karl-Heinz Lambertz, était venu à Nancy présenter ses recommandations pour promouvoir le codéveloppement en tant qu’objectif commun dans les régions frontalières, répartir équitablement les recettes fiscales qui découlent du travail frontalier et contribuer au financement des services publics locaux utilisés par les travailleurs dans leurs lieux de résidence. Selon Mathieu Klein, il faut mettre ces propositions sur la table de la prochaine conférence intergouvernementale franco-luxembourgeoise qui aura lieu à l’automne.
Il suggère aussi d’élargir les compétences de l’EPA d’Alzette Belval, opérateur ad hoc pour agir au nom de l’État et des collectivités locales en matière d’aménagement. « Il serait utile, aujourd’hui, de renforcer et d’élargir ses moyens et leviers d’actions en matière d’aménagement du territoire et de développement économique » propose l’élu, rappelant en parallèle qu’en novembre dernier, le Département de Meurthe-et-Moselle s’était prononcé en faveur de la désignation d’un délégué interministériel aux relations avec le Luxembourg. « Non pour rajouter des strates à un écosystème déjà complexe, mais pour renforcer le pilotage stratégique du fait frontalier et la coordination des acteurs français dans la relation avec le Luxembourg.»
Il précise : « J’ai la conviction que la période dramatique que nous vivons offre aussi l’opportunité de poser les bases d’un projet européen renouvelé, à partir des territoires frontaliers et des préoccupations quotidiennes de leurs habitants.»