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L’inflation insupportable pour les plus démunis

L’augmentation des prix devient insoutenable. Dans certaines familles, on se prive de loisirs, dans d’autres, de manger ou de se chauffer. À Agde (34), les élèves des cantines sont privés de dessert. La France s’enfonce dans la misère.

Les femmes seules de plus en plus fragilisées (photo Manu Fauque-Secours Catholique)
Les femmes seules de plus en plus fragilisées (photo Manu Fauque-Secours Catholique)

La hausse du niveau général des prix atteint des sommets inconnus en France depuis plus de quarante ans. Tout augmente. Le gaz, l’électricité, le carburant, le bois de chauffage deviennent des produits de luxe. Les prix des produits alimentaires ont augmenté de 10% en septembre 2022, selon un récent rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) et vont atteindre 12% en décembre d’après la même source.
L’inflation ne devrait stagner qu’à compter de fin 2023 si tout va bien, si aucune guerre ou aucun accident climatique ne vient perturber cette prévision.

Perte de compétitivité de l’agriculture

La hausse des prix dans les commerces alimentaires résulte de la hausse des coûts de production des produits agricoles engendrés par la hausse des matières premières, la guerre en Ukraine, les conditions climatiques, la crise sanitaire animale, la pénurie de main d’œuvre et, au final, la perte de compétitivité de notre agro-industrie.
Un rapport du Sénat de juillet 2022 sur l’inflation pointe 12 produits alimentaires courants : le jambon cuit, le bœuf haché, l’escalope de poulet, le lait demi-écrémé, le veau, la viande ovine, le yaourt nature, le beurre, l’emmental, le camembert, la baguette et les pâtes. Les rapporteurs constatent que l’essentiel des augmentations est bien en lien avec la hausse des coûts de production liée à l’inflation des matières premières et du coût de l’énergie et non (ou très peu) en raison d’une augmentation des marges des intermédiaires.

Les pauvres, de plus en plus pauvres

Les résultats n’en sont pas moins catastrophiques pour les consommateurs les plus fragiles mais aussi pour les artisans et les commerçants. On ne compte plus les boulangers qui mettent la clé sous la porte faute de pouvoir payer leur facture d’électricité, les paysans qui vendent le bétail pour pouvoir poursuivre leur activité, les entreprises en difficultés qui doivent mettre le personnel en chômage technique en raison de factures trop lourdes.
Les ménages ne sont pas épargnés. « Moi, je n’ai pas le choix, soit je paie mon loyer, soit je paie le chauffage, je ne peux pas payer les deux mois-ci » avoue une maman de la banlieue de Nancy, habitant dans une HLM.

Plus de cinéma ni de restaurant

Une mère célibataire de la région de Metz explique qu’elle ne s’offre plus de loisirs depuis longtemps. Plus de cinéma, plus de restaurant, plus de sorties ou de balades en voiture. Trop cher.
À Agde, dans l’Hérault, ce sont les élèves des cantines de la ville qui sont privés de dessert. Le fournisseur des cantines de la commune a décidé de réduire les quantités de repas, car il ne peut plus faire une marge suffisante.
Les ménages, les entreprises, les collectivités sont confrontés comme jamais auparavant à la hausse des prix. La France, peu à peu, s’enfonce dans la misère. Comme le rappelle, une fois de plus, le rapport 2022 du Secours Catholique. « Il y a des besoins vitaux qu’on ne peut pas satisfaire, pour manger, pour se chauffer, pour se soigner parfois, rapporte un groupe de personnes en situation de précarité engagées au Secours Catholique, dans le Rhône » cité par la présidente du Secours Catholique Véronique Devise dans son éditorial. L’association constate que 48% des ménages rencontrés sont dans l’incapacité de couvrir leurs dépenses alimentaires quotidiennes. « Particulièrement exposés à l’inflation, les ménages les plus modestes ont des budgets tellement contraints que la moindre hausse des dépenses alimentaires ou d’énergie les fait basculer dans le rouge. Les aides ne sont pas à la hauteur. Les minima sociaux ont été revalorisés de 4% en juillet 2022, en deçà de l’inflation ».
L’hiver 2022-2023 s’annonce particulièrement dur pour les plus démunis.

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