France
Partager
S'abonner
Ajoutez IDJ à vos Favoris Google News

Présidentielle : La France polytraumatisée

Au lendemain de la victoire en trompe-l’œil d’Emmanuel Macron, les chiffres mettent à jour les nombreuses fractures du pays. Le 3ᵉ tour, les 12 et 19 juin, s’annonce chaud bouillant.

Emmanuel Macron, le 24 avril 22 au Champ-de-Mars (capture)
Emmanuel Macron, le 24 avril 22 au Champ-de-Mars (capture)

Au soir du premier tour, le 10 avril, nous écrivions que la France ressemblait à un champ de bataille encore fumant, avec ses morts et ses blessés, ses armées en déroute et les nouvelles stratégies élaborées par les chefs militaires pour livrer de nouveaux combats.
Au lendemain du second tour qui a donné une nette victoire à Emmanuel Macron (58,54% des exprimés contre 41,46% à Marine Le Pen), le camp présidentiel a la victoire modeste. Il a bien raison. Car tout le monde sait qu’il s’agit d’une victoire en trompe-l’œil : elle donne l’illusion de la réalité.

Le président sortant déjà rejeté

Regardons les chiffres. Emmanuel Macron a obtenu 18.779.641 voix ce 24 avril 2022 soit 58,54% des suffrages exprimés qui le placent donc largement en tête de l’élection. Mais ce score flatteur retombe à 38,52% du corps électoral, c’est-à-dire des inscrits. Autrement dit, près des deux tiers des Français n’ont pas voté Macron. Pire : entre 2017 et 2022, Macron a perdu 1.963.487 voix ! Ce n’est pas le triomphe que l’on voudrait nous faire croire.
Dans le même temps, Marine Le Pen totalise 13.297.760 voix (27,28% des inscrits) et gagne 2.659.285 voix en cinq ans !

63% des Français pour une cohabitation

Ces chiffres attestent du rejet du président réélu et de sa politique menée pendant son quinquennat. C’est si vrai qu’un sondage OpinionWay pour Cnews révèle « qu’une personne sur trois ayant voté Macron au second tour souhaite qu’il ne dispose pas de la majorité à l’Assemblée nationale ». Et 63% des Français inscrits sur les listes électorales veulent une cohabitation avec la nomination d’un Premier ministre issue d’un parti d’opposition.
Autrement dit, de nombreux électeurs ont voté Macron pour faire barrage à Marine Le Pen, mais ils ne souhaitent pas que Macron gouverne. Voilà la France écartelée, fracturée, divisée plus que jamais.

Découpée façon puzzle

Finie la France coupée en deux de nos jeunes années, avec un affrontement permanent entre gauche et droite qui gouvernaient à tour de rôle selon le principe du balancier. Voici la France découpée en petits morceaux, façon puzzle. S’il est vrai que le premier tour a révélé la tri-polarisation de la vie politique française, le second tour nous montre une France des élites contre une France populaire, une France des grandes métropoles contre une France de la ruralité, une France des bobos, joyeuse et riche, et une France des éternels oubliés, des pauvres (ils sont 10 millions) qui ne peuvent ni se loger dignement, ni se chauffer, ni se nourrir, ni se distraire.
Dans ces conditions, comment être le président « de tous les Français » ? La France de Macron va devenir un pays secoué régulièrement par des convulsions politiques et sociales, genre Gilets jaunes. Les élections législatives des 12 et 19 juin vont nous donner un aperçu des agitations qui vont secouer le pays sous la présidence Macron.

 

France