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Macron choisit de légaliser le travail au noir…

Point-de-vue. L’ancien secrétaire d’État au Budget dénonce le projet d’Emmanuel Macron qui consiste à remettre sur le tapis l’idée de donner des primes plutôt que d’augmenter les salaires, privant ainsi l’État et la Sécurité Sociale de recettes.

Christian Eckert, ancien secrétaire d'Etat au Budget (DR)
Christian Eckert, ancien secrétaire d’État au Budget (DR)

Par Christian Eckert

Les premières pistes du projet d’Emmanuel Macron sont à son image : séduisantes, perverses et néfastes…

Comme d’habitude, il rejoint le constat général qui acte d’une rémunération insuffisante du travail. Cette réalité est d’ailleurs amplifiée par la situation internationale qui génère une hausse des prix, des énergies, des matières premières et donc généralisées à l’ensemble des dépenses des ménages. Le partage de ce constat rend le personnage séduisant et pourrait bien augurer des remèdes proposés.

Hélas, une fois le diagnostique fait, les solutions ont de quoi heurter les esprits rationnels :

Éviter les hausses de prix pourrait passer par des réductions de fiscalité, notamment de TVA, même temporaires. Cela aurait, outre le mérite d’adoucir les majorations tarifaires, empêcher l’État de « profiter » mécaniquement de recettes supplémentaires sur le dos des Français. Le Gouvernement actuel l’exclut d’un revers de main.

Des primes plutôt que du salaire

Faciliter la vie des foyers devrait aussi passer par des salaires plus élevés. Mieux partager les bénéfices importants des entreprises devrait y inciter, tant sur le plan de la faisabilité que sur le plan éthique. Le SMIC ou le point d’indice des fonctionnaires sont des leviers permettant au Gouvernement d’agir dans ce domaine, la négociation entre partenaires sociaux pouvant aussi y contribuer. Là encore, le Gouvernement exclut toute mesure dans ce domaine.

Les premiers éléments du projet Macron remettent sur le tapis l’idée de donner des primes : prime Inflation, Prime Énergie… et surtout prime « Macron », que l’on entend tripler. Donner des primes plutôt que du salaire est une ficelle connue des pingres : le salaire ne se revoit pas aisément à la baisse et une prime est « one-shot », par nature révisable quand elle n’est pas éphémère.

Mais le pire est encore ailleurs : les primes Macron sont non imposables et non assujetties aux cotisations sociales (ils disent les charges…). Ainsi, remplacer du salaire normal par des primes Macron prive l’État et la Sécurité Sociale de recettes.

De plus, ces primes sont au bon vouloir de l’employeur

Enfin, elles ne concernent que certains salariés, et évidemment exclut les fonctionnaires et les retraités.

Payer au noir

En fait, la prime Macron que le candidat pense multiplier par trois, revient à autoriser les employeurs à remplacer du salaire par de l’argent non imposable, non soumis à cotisation sociale : « Payer au noir légalement » sans avoir besoin d’argent liquide et de se cacher.

Remplacer les hausses de salaire par des primes façon « Macron », cela appauvrit l’État, fragilise la Sécurité Sociale et légalise le travail au noir…
Comme d’autres, Anne Hidalgo recommande d’augmenter le Smic de l’ordre de 15% dans un premier temps, de revaloriser les salaires dans la fonction publique, notamment parmi les enseignants, et d’encourager ainsi les hausses de salaires par branches dans le secteur privé. C’est efficace et juste, et ne remet pas en cause le pacte social qui nous rassemble.

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