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Nîmes : Un meurtre « pour savoir ce que ça fait » aux assises du Gard

La cour d’assises du Gard jugera du 17 au 19 janvier 22, Mathieu Danel, 26 ans, qui a tué une autostoppeuse « pour savoir ce que cela fait de tuer. » S’il avait éprouvé du plaisir il aurait continué, dit-il aux enquêteurs.

Palais de Justice de Nîmes (Marianne Casamance, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons)
Palais de Justice de Nîmes (Marianne Casamance, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons)

L’histoire fait froid dans le dos. Les faits remontent Au 18 juin 2018 lorsque Mathieu Danel, un homme de 26 ans, prend en stop une jeune femme d’une trentaine années, à Montélimar, Claire R. Ensemble, ils se rendent à Sommières, commune proche de Nîmes, où souhaite se rendre la jeune autostoppeuse. Ils visitent la ville ensemble, dînent dans une pizzéria, puis ils vont faire une balade.

« Elle ou une autre, c’est pareil »

Il est déjà environ 22 heures. La voiture est stationnée sur un chemin en lisière d’une forêt. Le chauffeur et sa passagère font quelques pas et discutent de tout et de rien. Mathieu propose une relation sexuelle que Claire refuse « pour raison de santé ». Ils retournent alors vers le véhicule pour repartir. Mais la jeune femme veut rester là, seule.
Alors même qu’il n’y a pas eu de dispute entre eux, Mathieu prend une dague dans sa voiture. La jeune femme comprend les intentions de Mathieu. Elle lui dit qu’elle ne veut pas mourir. Mathieu répond que cela n’a rien de personnel, elle ou une autre, pour lui, c’est pareil. Il assène plusieurs coups de dague, au cou, à la tête, au thorax. Il vérifie que la jeune femme est bien morte. Puis, Mathieu s’en va, se lave les mains en chemin. Rentre chez lui pour se coucher.

« Des envies de meurtre »

Le lendemain est un jour normal et paisible pour Mathieu. Mais le surlendemain, deux jours plus tard donc, le 21 juin 2018, Mathieu Danel se rend au commissariat de Montélimar où il raconte ce qui s’est passé. Il précise aux policiers qu’il n’a éprouvé aucun plaisir en tuant sa victime. Il précise que depuis plusieurs années déjà il a « des envies de meurtre » pour savoir quelles sensations procurent le fait de tuer. Et comme ce meurtre ne lui a procuré aucun plaisir, il a décidé de ne pas continuer et de se rendre à la police.

Vidéos des exécutions de Daesh

Les investigations menées aussitôt ont permis de découvrir le corps de la victime, lardé de 17 coups de couteau, sur la commune de Villevieille (Gard). L’enquête a permis d’établir que Mathieu parlait souvent de meurtres, qu’il visionnait régulièrement des vidéos des exécutions de Daesh.
Les gendarmes qui l’ont interrogé durant sa garde à vue notent : « L’intéressé est resté d’un calme linéaire. Il répond uniquement aux questions posées et n’engage jamais le dialogue. Il n’exprime aucun sentiment de regret, de remords ou de peine. Il est cependant déçu que son geste ne lui ait procuré aucun plaisir. Il aurait été prêt à recommencer si cela avait été le cas. Tout au long de l’entretien, il est resté stoïque et n’a marqué aucune émotion ou expression sur le visage ».

Un meurtre froid

Mathieu répètera la même chose au juge d’instruction. Aucun regret. Aucune émotion. Il savait qu’un jour ou l’autre il passerait à l’acte, mais sans savoir ni où ni quand. Ce fut Claire R. un soir de juin 2018.
Les experts qui l’ont examiné disent à peu près la même chose. « L’exécution, au double sens du mot, s’est déroulée en toute lucidité, suivant une volonté délibérée » dit l’un. « Le contact est pauvre, l’affectivité et l’expression émotionnelle sont réduites, dominées par la froideur et une forme d’insensibilité » reconnaît un autre. La dynamique de Mathieu Danel « est celle que l’on retrouve chez les serials killers » écrit un troisième.
Mathieu a tué de sang-froid, personne ne le conteste, même pas l’accusé. La seule question juridique qui se posera aux assises, du 17 au 19 juin 2022 à Nîmes, est de savoir si la préméditation peut être retenue ou non. Même si l’accusé est renvoyé devant la cour pour … assassinat.

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