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Laver nos masques chirurgicaux, c’est possible

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Des masques de protection pour toute la population (Pixabay)

Augustin Charvet, Université de Lorraine; Dominique THOMAS, Université de Lorraine et Nathalie Bardin Monnier, Université de Lorraine

Selon l’Organisation mondiale de la santé, les infections respiratoires, comme la Covid-19, peuvent se transmettre par le biais des gouttelettes émises par un individu au cours d’une conversation, d’un éternuement ou d’une quinte de toux.

Ces gouttelettes émises par les activités respiratoires possèdent une large gamme de taille allant de quelques dizaines de nanomètres à quelques centaines de micromètres. Les plus fines d’entre elles peuvent rester en suspension dans l’atmosphère durant plusieurs heures et donc parcourir des distances importantes selon les conditions (anémométrie, température, humidité).

Des études récentes ont par ailleurs mis en évidence la viabilité du virus SARS-CoV-2 dans ces gouttelettes sur des durées de plusieurs heures. Par conséquent, le port d’un masque est recommandé pour éviter l’émission tout comme la réception de ces gouttelettes contaminées émises par une personne infectée et ainsi limiter la propagation du virus.

Au début de la crise sanitaire de la Covid-19, la France a connu une pénurie de masques FFPx (protégeant à la fois le porteur et son environnement, il en existe plusieurs types selon leur degré de protection dont les maintenant fameux FFP2) et de masques chirurgicaux (protégeant l’environnement des sécrétions du porteur). Ces derniers ne protègent pas de l’extérieur car ils ne sont pas parfaitement étanche une fois portés, mais permettent de retenir les gouttelettes émises par le porteur.

Le recyclage des masques à usage unique

Au vu des difficultés d’approvisionnement en masques à usage unique, il est apparu nécessaire de développer un nouveau type de masque pour la population générale : le masque barrière réutilisable et d’adopter de nouvelles stratégies en recyclant les masques à usage unique.

Concernant ce second aspect, un consortium de scientifiques, médecins et industriels a été mis en place de façon à tester la faisabilité d’une réutilisation des masques chirurgicaux après désinfection et lavage. Dans le cadre de ce projet, le Laboratoire Réactions et Génie des Procédés (unité mixte CNRS/Université de Lorraine) et le CHRU de Nancy ont étudié les performances d’une douzaine de références de masques chirurgicaux ayant subi des cycles de lavage garantissant leur décontamination.

Selon la norme EN 14683+AC (août 2019), « Masques à usage médical : exigences et méthodes d’essais », deux critères sont retenus pour la classification des masques à usage médical : un critère de respirabilité et un critère d’efficacité des masques vis-à-vis d’un bioaérosol de Staphylococcus aureus de diamètre aérodynamique moyen de 3 +/- 0,3 µm (un micromètre = 1 millième de millimètre). À ces deux critères, s’ajoute un troisième caractérisant la résistance aux projections de sang synthétique pour les masques de type IIR. Selon leurs performances, trois types de masques chirurgicaux sont ainsi définis.

Exigences de performance des masques à usage médical selon EN 14683+AC (août 2019).
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Dans le cadre de la présente étude, les protocoles de la norme EN 14683+AC ont été adaptés et l’efficacité de filtration déterminée pour un aérosol d’essai constitué de gouttelettes d’huile (di-ethyl-hexyl-sebacate) plutôt que d’un bioaérosol de Staphylococcus aureus.

Les expériences mettent en évidence une conservation de la respirabilité et de l’efficacité de ces masques vis-à-vis de gouttelettes de 3 µm après lavage à 60 °C. Cette conservation des performances est observée sur l’ensemble des masques, quel que soit leur type (I, II ou IIR) et ce jusqu’à 10 lavages pour certaines références. Le maintien des propriétés de filtration laisse ainsi supposer l’absence de modification de la structure interne du masque lors des lavages. L’efficacité de filtration des masques chirurgicaux lavés reste bien au-delà de l’efficacité minimale nécessaire à l’accréditation des masques à usage non sanitaire (70 % pour UNS2 et 90 % pour UNS1)

Performances de filtration de 8 références (A à H) de masques chirurgicaux de type II ou IIR après lavage.
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La propriété de résistance aux projections de sang synthétique n’est, quant à elle, plus garantie après quelques lavages. Si la perte de cette propriété proscrit leur utilisation dans les blocs opératoires, ils n’en demeurent pas moins efficaces vis-à-vis des gouttelettes.

Les gouttelettes générées par un individu lors d’activités respiratoires présentant des tailles très variables, l’efficacité des masques chirurgicaux a également été déterminée pour des tailles inférieures à celle préconisée dans la norme en vigueur. Pour les diamètres inférieurs à un micromètre, une baisse de l’efficacité de collecte est observée, dès le premier lavage, sur la majorité des masques chirurgicaux.

L’efficacité de filtration de ces masques chirurgicaux lavés reste cependant supérieure, sur l’ensemble de la gamme granulométrique (de quelques dizaines de nanomètres à quelques micromètres), à celle de l’immense majorité des masques barrière accrédités (masques à usage non sanitaire de type 1 ou 2) ; et vraisemblablement à celle des masques « faits maison » portés dans le cadre personnel et/ou professionnel et dont les performances n’ont jamais été évaluées.

Cette baisse d’efficacité ne se reproduit pas pour les lavages suivants et est attribuable à la suppression des charges électrostatiques présentes à la surface des fibres à l’état neuf. Les efficacités d’un masque lavé et d’un masque déchargé selon le protocole de la norme NF EN779 sont en effet similaires sur l’ensemble de la gamme granulométrique.

Le communiqué de l’Académie nationale de médecine du 7 septembre dernier précise par ailleurs que « les masques en tissus peuvent être lavés à la main ou en machine, avec un détergent, comme le linge de corps, la température de 60 °C n’étant pas plus justifiée pour le lavage des masques que pour le lavage des mains ». La recommandation pour des masques tissus peut certainement s’appliquer aux masques chirurgicaux destinés à un usage non-médical.The Conversation

Augustin Charvet, Maitre de conférences en Génie des Procédés, Université de Lorraine; Dominique THOMAS, Professeur en Génie des Procédés spécialisé filtration des aérosols, Université de Lorraine et Nathalie Bardin Monnier, Maitre de Conférences en Génie des Procédés, Université de Lorraine

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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