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Les leçons du coronavirus chinois

Comme après une guerre aux effets dévastateurs, cette pandémie que personne n’a vu venir est en train de rebatte les cartes. L’ennemi invisible va changer notre façon de vivre et de concevoir le monde. Comment pourrait-il en être autrement ?

collectif inter-hôpitaux (twitter)
collectif inter-hôpitaux (twitter)

Est-il trop tôt pour en parler ? Pour envisager l’après-coronavirus alors que, sur le front de cette drôle de guerre, les victimes tombent chaque jour par centaines. En moins de trois mois, le virus venu de Chine a fait des dégâts considérables dans tous les pays du monde : outre les morts et les malades dont la liste s’allonge inexorablement, les économies s’effondrent, les bourses dévissent, les avions restent cloués au sol, les trains sont à l’arrêt, les autoroutes vides, les rues désertes, les entreprises ferment les unes après les autres, le chômage partiel ou technique s’installe de façon durable, les populations terrorisées restent confinées, les chercheurs sont désemparés, les médecins impuissants. Et les politiques, hébétés, ne savent pas comment mener le combat contre cet ennemi sournois et invisible qui leur a déclaré une guerre asymétrique. Car les règles du jeu qu’il impose ne sont pas celles que l’on apprend à l’ENA ou à l’Ecole de guerre.

Les petits soldats

La guerre, donc. Et pourtant, il faut bien continuer à vivre, à manger, à boire, à soigner, à s’occuper des enfants, des vieillards. Qui pour affronter les risques du méchant virus ? Toujours les mêmes. Les petits soldats, les sans-grades, les gagne-petit, avec ou sans masque FFP2 sur le visage, douze heures d’affilée, pour accueillir les malades du Covid-19 dans les hôpitaux surchargés, faire la toilette des personnes âgées, soulager les handicapés. Médecins, infirmiers, brancardiers, pompiers sont en première ligne et paient un lourd tribut à cette crise sanitaire. A ce jour, quatre médecins sont décédés, l’un dans l’Oise et trois en région Grand Est. Vingt morts dans un Ehpad des Vosges, à Cornimont.

Sur la ligne de front

Pourtant, tout le monde était prévenu. Ils avaient dit que l’hôpital public était à l’agonie. Agnès Buzyn qui fut ministre de la Santé, a fait la sourde oreille. Emmanuel Macron a répondu par la fermeture de milliers de lits. Voilà le résultat. Au bout du bout, il faudra rendre des comptes.
Les soignants ne sont pas les seuls sur la ligne de front. Les caissières des grandes surfaces et des petits magasins (boulangeries, tabacs, journaux), les livreurs de pizzas, les porteurs de journaux… Ils sont là, au boulot, pour un salaire de misère, parfois. Comme ceux qui assurent les services essentiels à la vie quotidienne : l’eau, l’électricité, le chauffage… Sur le front du Covid-19.
Pendant des mois les Gilets jaunes ont alerté les pouvoirs publics, ils ont manifesté pour dire que notre société courait à sa perte en laissant sur le bord du chemin les travailleurs pauvres quand de riches patrons accumulaient injustement d’incroyables richesses et fraudaient le fisc. Emmanuel Macron leur a répondu avec des grenades lacrymogènes.

La mondialisation

Cette crise sanitaire révèle les failles de notre société. Le virus chinois montre les limites de la mondialisation, de la globalisation des marchés, du capitalisme sauvage qui veut que le plus gros mange le plus petit. Il montre aussi que l’argent n’est pas toujours un rempart inexpugnable contre la maladie.
Lorsque le coronavirus sera éradiqué, il faudra bien tirer les leçons de cette terrible guerre. Et reconsidérer notre façon de vivre, de se déplacer, de faire du commerce, de protéger la nature et tous ses habitants. Il faudra repenser le monde et le ramener à dimension humaine, relocaliser notre production pour n’être pas dépendante d’une seule puissance, protéger nos industries stratégiques, revoir l’échelle des salaires dans les entreprises. Car tous les travailleurs sont indispensables dans l’entreprise et dans la société. Sans les médecins, sans les infirmières, sans les caissières et toutes ces petites mains qui, silencieusement, font tourner l’économie, plus rien ne fonctionne. Sans une remise en cause du modèle économique et social de notre société, le monde court à sa perte.
Le coronavirus chinois va nous obliger à changer de paradigme. Ou bien ce sera le chaos.

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