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Faut-il hisser le drapeau palestinien au fronton des mairies ?

Oui, pour certains maires. Non, pour le ministre de l’Intérieur qui demande aux préfets de l’interdire. La polémique enfle avant le 22 septembre, jour de la reconnaissance de l’État de Palestine par la France à l’ONU.

Reconnaissance d'un Etat palestinien (Photo ONG pour la Palestine)
Reconnaissance d’un État palestinien (Photo ONG pour la Palestine)

 

La polémique autour du drapeau palestinien au fronton des mairies, lundi 22 septembre 2025, découle d’une proposition lancée par Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste (PS), le 14 septembre dernier. Ce jour-là, il a appelé sur X à hisser le drapeau palestinien sur les mairies françaises pour marquer la reconnaissance officielle par la France de l’État palestinien, annoncée par Emmanuel Macron lors d’une conférence à l’ONU à New York. Le Premier secrétaire du PS a justifié son appel par un geste symbolique de solidarité, en lien avec des décisions judiciaires antérieures autorisant des drapeaux étrangers dans des contextes diplomatiques (comme un arrêt du tribunal administratif de Versailles sur le drapeau ukrainien). Il a réitéré cette demande le 18 septembre, insistant sur un message de paix incluant une solution à deux États et la libération des otages à Gaza.

Les arguments des partisans

Les partisans du pavoisement aux couleurs palestiniennes sont nombreux. Comme Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) qui a apporté son appui, accusant les opposants de « provocations » et défendant l’expression pacifique. Certaines mairies de gauche, comme celles de Saint-Denis, Pierrefitte-sur-Seine et Nantes, ont annoncé qu’elles suivraient l’appel, arguant d’un soutien à la cause palestinienne et d’un précédent avec le drapeau ukrainien arboré sans controverse majeure.
Pour Olivier Faure, ce geste célèbre la reconnaissance diplomatique et promeut un cessez-le-feu.

Les arguments des opposants

Les opposants au pavoisement aux couleurs palestiniennes avance la neutralité des services publics : Le ministre de l’Intérieur (démissionnaire) Bruno Retailleau a rappelé que des tribunaux administratifs ont récemment ordonné le retrait de drapeaux palestiniens (à Gennevilliers, Mitry-Mory ou Besançon) pour violation de la neutralité des mairies. Le ministère a demandé aux préfets de s’opposer à toute installation le 22 septembre. Des voix comme celle de Laurent Saint-Martin (gouvernement) proposent, si un drapeau est hissé, d’ajouter une affiche appelant à la libération des otages.

Des critiques et des divisions

Le président du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), Yonathan Arfi, a dénoncé une « surenchère démagogique et clientéliste », notant l’absence d’appels similaires pour les otages de Gaza ou d’autres reconnaissances d’États (Kosovo, Soudan du Sud). Des élus de droite, comme Retailleau, qualifient la proposition de « démagogique » et « illégale ».
La question divise dans tous les camps. Même au sein du parti socialiste, Jérôme Guedj s’est opposé, plaidant pour hisser les deux drapeaux (palestinien et israélien) afin d’apaiser les tensions et de respecter la « solution à deux États ».
On ne sait pas trop combien de maires de nos 35.000 communes vont hisser le drapeau palestinien à la leur mairie. Beaucoup craignent des recours judiciaires.

Sur les réseaux sociaux

Le débat embrase les réseaux sociaux et les médias, avec des posts récents soulignant l’hypocrisie (comparaison avec l’Ukraine) ou accusant Faure de « collabo ». Le gouvernement maintient que seul le drapeau tricolore est autorisé sans dérogation, pour éviter toute « polémique » sur les causes perçues comme « justes » par certains. Cette controverse s’inscrit dans un contexte plus large de tensions franco-israéliennes et pro-palestiniennes, exacerbées par la guerre à Gaza depuis octobre 2023. Elle illustre les fractures politiques françaises sur le Proche-Orient, entre neutralité républicaine et expressions symboliques.

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