Mathieu Klein est maire de Nancy, François Grosdidier maire de Metz, Jeanne Barseghian gagne Strasbourg, Anne Hidalgo conserve Paris. Une vague verte s’impose à Lyon, Bordeaux, Poitiers, Besançon…
Du jamais vu ! Les électeurs ont boudé les urnes comme jamais sous la 5ème République. Avec près de 60% d’abstention au plan national -même s’il y a des disparités entre les régions et entre les villes- les Français appelés à élire leur maire pour le second tour des municipales se sont détournés des bureaux de vote, ce dimanche 28 juin 2020. Peur du coronavirus ? Rejet d’une élection qui n’a plus aucun sens trois mois et demi après le premier tour ? Peut-être un peu des deux. Mais, surtout, il faut voir dans cette abstention massive un cinglant désaveu de la classe politique après la gestion calamiteuse de la crise sanitaire, après les affaires nauséabondes de ces dernières semaines (affaires Fillon, Houlette, Sarkozy) après l’incroyable affaire Adama Traoré et les propos insensés du ministre de l’Intérieur et de la garde des Sceaux…
Et puis, comment comprendre, sans en être choqué, ces ralliements opportunistes entre élus de droite et de gauche, entre candidats du parti présidentiel et des candidats hier adversaires, aujourd’hui amis en politique, pour conserver des postes, des avantages, des prébendes. Il faut bien constater que la politique, la façon de faire de la politique et, partant, les hommes et les femmes qui incarnent la politique dans notre pays n’ont plus l’estime des Français. Même si, évidemment, le rôle du maire n’a rien à voir avec celui du député ou du ministre. Mais le risque est de mettre tout le monde dans le même sac. C’est la perte des repères qui incite les électeurs à aller à la pêche. Jean-Luc Mélenchon parle de « grève civique ».
Et, pour ceux qui sont allés voter, ils ont réservé quelques belles surprises, comme on va le voir. Bref, un grand chambardement en forme d’avertissement pour les prochaines élections : les départementales en mars 2021, les régionales en décembre 2021 et les présidentielles en 2022! En tout cas, il va y avoir du sport.
A Nancy, le socialiste Mathieu Klein, jusqu’ici président du Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle, prend la ville de Nancy avec environ 55 % des suffrages contre environ 45 % pour le maire sortant, Laurent Hénart, président du Mouvement Radical. Au premier tour, Mathieu Klein avait engrangé trois points de plus que le maire sortant. Il faut constater que la dynamique a joué en faveur de la liste de gauche alliée à celle des Verts de Laurent Watrin. Et que le faible taux de participation, à 42%, a vraisemblablement été défavorable à Laurent Hénart. Mathieu Klein devient le premier maire de gauche de Nancy depuis la Libération et signe une victoire historique de la gauche dans la capitale des ducs de Lorraine.
A Metz, basculement à droite puisque François Grosdidier (LR) l’emporte sur le fil face à Xavier Bouvet, de quelques dizaines de voix seulement. Le suspense aura duré jusqu’au bout. Finalement, il aura fallu attendre le dépouillement du 71ème et dernier bureau de vote pour avoir le résultat des courses. C’est François Grosdidier qui succède au socialiste Dominique Gros. Il l’emporte de moins de 200 voix sur Xavier Bouvet. La candidate RN, Françoise Grolet est largement distancée.
A Thionville, la situation était plutôt confuse. Finalement, Pierre Cuny (divers centre) maire sortant, conserve la mairie avec 41,36% des suffrages devant Patrick Luxembourger (divers droite) qui engrange 31,75% des voix suivi par l’ancien maire de Thionville, Bertrand Mertz (PS) arrivé en troisième position avec 26,88% ds suffrages.
A Strasbourg, les Verts avec Jeanne Barseghian (EELV) l’emportent nettement avec 40,57% des voix. Alain Fontanel (LREM) associé à Jean-Philippe Vetter pour ce deuxième tour de la compétition suit avec 34,63% des suffrages et Catherine Trautmann (PS) totalise 24,79%. Cette vague verte sur la capitale alsacienne était annoncée de longue date. Elle est désormais confirmée.
A Mulhouse, la liste emmenée par la maire sortante, Michèle Lutz (LR) qui a succédé à Jean Rottner président de la région Grand Est, obtient 38,61 % des voix dans le cadre d’une quadrangulaire. Suivent la liste EELV de Loïc Minery (27,23 %), celle du centre de Lara Million (22,97 %) et celle du RN de Christelle Ritz (1319 voix, 11,20 %).
A Paris, la socialiste Anne Hidalgo (Union de la gauche et EELV) conserve la mairie de la Capitale avec 49,3% des suffrages devant la liste de Rachida Dati (LR) qui totalise 32,7% des voix. Quant à Agnès Buzyn, l’ancienne ministre LREM de la Santé, elle confirme sa piètre performance du premier tour puisqu’elle n’engrange que 13,7% des suffrages des parisiens.
A Perpignan, Louis Aliot remporte la mairie avec près de 53% des suffrages. Le maire sortant Jean-Marc Pujol (LR) n’a recueilli que 47,3% des voix. C’est la plus grande ville (122.000 habitants) jamais gagnée par le parti d’extrême-droite.