Bien des questions restent en suspens pour ce scrutin du 28 juin 2020 qui concerne quelque 4.800 communes de France. La démocratie en sortira-t-elle grandie ? Pas si sûr…
Ce sera donc le 28 juin si… tout va bien. Plus de 100 jours après le premier tour des élections municipales, le 15 mars 2020, au cours duquel furent renouvelés 30.143 conseils municipaux dans les conditions que l’on sait (un taux d’abstention record de 55,36%) les électeurs de 4.824 communes vont donc retourner aux urnes pour élire leurs conseillers municipaux mais aussi les représentants des assemblées délibérantes des 1.288 EPCI. Cela représente environ 60% du corps électoral, 78% de la population et 75% de la commande publique. Voilà pour les chiffres.
Rien de prévu pour l’instant
Reste que ce second tour ne ressemblera à aucun autre. Les électeurs comme les scrutateurs devront porter un masque de protection. Et pour ceux qui n’en ont pas ? Rien de prévu pour l’instant. Il faudra aussi respecter les distances de sécurité (que l’on appelle pompeusement de ‘’distanciation sociale’’). On est prié d’apporter son stylo pour signer les registres. Bien évidemment, il ne sera pas question de papoter entre citoyens dans les bureaux de vote, de se serrer la louche entre amis ou voisins. On entrera par une porte et on sortira le plus vite possible par une autre, lorsque ce sera possible, après avoir accompli son devoir devant le portrait de Marianne.
Autre nouveauté : la campagne électorale sera réduite à sa plus simple expression. Pas question de jouer à toca manotte sur les marchés pour vendre ses salades. Les réunions de plus de 10 personnes sont toujours interdites.
Ce qui veut dire aussi que les listes de plus de candidats (quasiment toutes) ne pourront pas se rencontrer d’ici la levée définitive du confinement.
Pour mener campagne, les candidats devront faire connaître leurs programmes via les médias : journaux (print ou web) et les réseaux sociaux. Et pour ceux qui n’ont pas d’ordi ou ne savent pas communiquer via les réseaux sociaux, c’est-à-dire essentiellement les personnes âgées ? Rien n’est prévu. Bonjour la démocratie selon Macron/Philippe.
L’offre politique a changé
Quant aux listes de candidats qui vont se présenter aux suffrages de leurs concitoyens, elles ne seront pas forcément les mêmes que celles du premier tour, trois mois et demi plus tôt. Car le monde a changé en 104 jours. Le coronavirus chinois est passé par là. Il a emporté, on le sait, près de 30.000 Français dont un certain nombre de candidats aux municipales. Les listes seront donc modifiées. L’offre politique n’est plus la même qu’au 15 mars. Comment, dans ces conditions, confirmer ou infirmer son choix du premier tour ?
Enfin, le corps électoral lui-même a changé entre le début du printemps et le début de l’été 2020 : décès, maladies, déménagements….
Bref, ce second tour réserve bien des surprises qui nous éloignent de l’idée que nous nous faisons de la démocratie. Le premier tour fut, de l’avis même de la candidate de la République en Marche à Paris, Agnès Buzyn « une mascarade ». Le second tour, masqué, pourrait ressembler aux plus beaux carnavals jamais organisés par notre belle République.