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Municipales : le piège du 49-3

Le passage en force pour sortir le projet de loi sur la réforme des retraites du blocage à l’Assemblée Nationale aurait des conséquences funestes pour tous les candidats LREM aux municipales.

Assemblée Nationale (site de l'Assemblée)
Assemblée Nationale (site de l’Assemblée)

Le gouvernement va-t-il se tirer une balle dans le pied ? C’est fort probable puisqu’il n’a pas d’autre choix que de dégainer l’article 49-3 de la Constitution lui permettant de faire passer son projet de loi sur la réforme des retraites sans débat et sans vote à l’Assemblée.
Discuté depuis le 17 février 2020 par les députés, ce texte de 65 articles est lesté de 41.000 amendements dont deux seulement ont été adopté, samedi 22 février, après six jours de débats. A ce rythme, le président de l’Assemblée, Richard Ferrand, estime qu’il faudra « 150 jours de séance ininterrompue » pour arriver au bout. Or, le gouvernement entend respecter son calendrier et faire voter le texte avant l’été. Ce sera difficile.

Sabotage parlementaire

Les députés Marcheurs dénoncent « l’obstruction » de l’opposition et notamment des groupes LFI et PCF, bien décidés à mener une guerre de tranchées. Et obliger ainsi le gouvernement d’Edouard Philippe à sortir la grosse Bertha.
C’est un piège pour la majorité. Même si les députés macronistes expliquent que le 49-3 est la seule arme contre « le sabotage parlementaire », même si le questeur de l’Assemblée, Florian Bachelier, évalue à 1,5 M€ par jour le prix de l’obstruction, l’opposition rétorque qu’un référendum coûterait moins cher. Et que l’usage du 49-3 c’est « le LBD parlementaire » selon le mot du député du Nord Adrien Quatennens, en référence aux tirs de Flash-Ball particulièrement mutilants utilisés pendant les manifestations contre les Gilets jaunes et les opposants à la réforme des retraites.
L’arme du 49-3 est à double tranchant. D’un côté, le gouvernement pourra poursuivre sa politique de réforme du pays et respecter son calendrier, quitte à se fâcher avec quelques députés de sa majorité opposés à l’image despotique que donne l’exécutif.
De l’autre, il se mettra à dos une partie de l’opinion publique dont on sait, selon un sondage BVA pour RTL et Orange, que 72% des Français ne veulent pas d’un passage en force du gouvernement sur cette réforme.

Les manifs continuent

Finalement, même si l’article 49-3 était appliqué, rien ne serait réglé. Car les négociations se poursuivent entre le gouvernement, les syndicats et le patronat dans le cadre de « la conférence de financement » qui doit se terminer fin avril. D’ores et déjà, la CGT menace de quitter la table des négociations.
Et puis, il y a la rue. Après deux ans de concertation (dont on se demande à quoi ils ont servi), la démission calamiteuse du Haut-Commissaire aux retraites, Jean-Paul Delevoye, le 16 décembre 2019, plus de 10 semaines de protestations, la colère ne faiblit pas.

Les municipales

Les 70.000 avocats de France continuent de paralyser le fonctionnement des juridictions, les professions du chiffre, experts-comptables et commissaires aux comptes, envisagent de ne pas valider les comptes de campagne des candidats aux municipales, les enseignants trainent des pieds pour faire passer les examens, les cheminots et les chauffeurs de métro restent mobilisés, les agriculteurs sont au bord de la rupture, les musiciens et autres artistes s’opposent eux aussi à la réforme des retraites telle qu’elle est présentée. Bref, la France est à bout. Les Français n’en peuvent plus de cette politique jupitérienne qui ne tient pas compte des aspirations profondes du peuple.
C’est dans ce contexte insurrectionnel que se dérouleront les 15 et 22 mars 2020 les élections municipales. Il y a fort à parier que les candidats soutenus de près ou de loin par le parti macroniste seront les premiers à faire les frais du 49-3 dans les urnes.
Avant, peut-être, un soulèvement populaire plus important dont nul ne sait jusqu’où il conduirait.

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