Convoqué aujourd’hui devant la commission d’enquête du Sénat pour s’expliquer notamment sur ses passeports diplomatiques, l’audition de l’ancien garde du corps du président de la République va faire exploser l’audimat des chaines parlementaires.
Coucou, le revoilà. Alexandre Benalla, 29 ans, l’ex-garde du corps du président de la République, le cogneur de manifestants, le 1er mai 2018 à Paris, le barbouze qui voyage avec deux passeports diplomatiques et deux passeports dits ‘’de service’’ va donc devoir s’expliquer une nouvelle fois devant la commission d’enquête du Sénat.
Car, la première fois, ce personnage encombrant pour l’Elysée n’a pas dit toute la vérité. Il aurait même un peu menti, sous serment, à propos de ses fameux passeports.
Faux en écriture ?
On sait que la presse (Le Monde, Médiapart et le Canard Enchaîné, notamment) ont révélé l’existence de ces nombreux passeports qui ont permis à Benalla de se rendre une vingtaine de fois à l’étranger et de rencontrer trois chefs d’Etat. Sans que l’information ne ‘’remonte’’ aux autorités. Complicité ou négligence ?
En tout cas, ce déballage médiatique a valu à Alexandre Benalla une nouvelle garde à vue, le 17 janvier. Il est donc poursuivi pour non-restitution de ses passeports diplomatiques alors qu’il n’était plus en fonction à l’Elysée. En outre, il est soupçonné de faux en écriture sur un document non signé à en-tête du chef de cabinet de l’Elysée, pour obtenir un passeport de service, comme l’a révélé devant les sénateurs, Patrick Strzoda, directeur de cabinet de la présidence de la République.
Téléphone Teorem
Il y a l’affaire des passeports, mais aussi celle de ce téléphone Teorem, un bijou de technologie développé par Thales que Benalla n’a restitué que le 11 janvier 2019, a révélé Le Canard Enchaîné. L’encombrant conseillé a révélé lui-même à Mediapart qu’il avait correspondu avec le président à plusieurs à reprises depuis son départ de l’Elysée.
L’ennui dans cette affaire, c’est moins qu’Alexandre Benalla ait menti, que le flou qui entoure ses relations avec l’Elysée.
Depuis le début de l’affaire et les révélations de la presse sur le rôle trouble de cet individu, Emmanuel Macron a pris ouvertement sa défense. Le 19 juillet, lors d’un déplacement en Dordogne, le président de la République faisait savoir que « la République est inaltérable. »
Quelques jours plus tard, le 24 juillet, à la Maison de l’Amérique latine, le chef de l’Etat, excédé par les articles de presse sur Benalla, se lâche devant quelques parlementaires de sa majorité : « S’ils veulent un responsable, il est devant vous, qu’il viennent le chercher ».
Comment s’étonner, dès lors, que les Gilets jaunes veuillent « aller le chercher » dans son palais bunkerisé ? Comme s’étonner que l’un des principaux slogans des manifestants soit « Macron démission » ?
En tout cas les explications de Benalla devant les sénateurs seront suivies par de nombreux téléspectateurs. Les chaines parlementaires (LCP) et Public Sénat explosent leurs scores d’audience à chaque audition des acteurs de cette sombre farce politico-juridico-barbouzarde jouée sans grand talent par les plus proches conseillers du président.