Face à la fronde des Gilets jaunes, Emmanuel Macron propose une concertation de trois mois et annonce notamment une taxe carbone flottante. Suffisant ? Pas sûr.
Une heure durant, ce mardi 27 novembre 2018, le chef de l’Etat a tenté d’apporter des réponses aux Gilets jaunes qui, depuis bientôt deux semaines, expriment leur désarroi face aux difficultés de la vie. Le président jupitérien est descendu de l’Olympe, le visage crispé, pour dire qu’il comprend « la colère sourde » de ceux qui ont du mal à boucler les fins de mois. « Je suis déterminé à reconnaître et prendre en charge les ressentiments profonds qui se sont exprimés sur cette crise » dit-il, évoquant « quelque chose qui vient de plus loin, et sans doute de plusieurs décennies ».
Trois mois
Le chef de l’Etat a expliqué qu’il ne confondait pas les manifestants et les casseurs pour lesquels il ne montrera « aucune faiblesse ». Mais il a reconnu qu’il y avait dans le pays « une alarme sociale et environnementale ». En battant sa coulpe, Emmanuel Macron admet sa part de responsabilité, et souhaite « une énergie peu coûteuse et propre ».
« Changeons ensemble » comme l’affiche le slogan inscrit derrière lui pendant son discours. « Je souhaite une écologie populaire » dit-il en annonçant une « grande concertation sur la transition écologique et sociale » visant à « construire ce nouveau modèle économique, social et territorial dont nous avons besoin ». Le président propose d’agir vite : « trois mois pour construire des solutions acceptables et accessibles pour chacun ».
L’usine du futur
Emmanuel Macron se dit convaincu qu’il faut « consommer moins d’énergie. » Comment ? En inventant de « nouvelles formes de déplacement ». Mais aussi en faisant des économies sur le chauffage. « Nous ne sommes pas au rendez-vous sur ce sujet, dit-il, nous devons accélérer ». Même chose pour l’industrie, trop polluante : « l’enjeu est d’inventer l’usine du futur qui recycle tout et ne rejette rien ».
Plus généralement, il s’agit de « cesser de produire des énergies carbonées » en fermant les centrales à charbon d’ici à 2022 et créer des « alternatives » comme la « montée en puissance de la géothermie et de la méthanisation. »
En effet, 14 réacteurs seront arrêtés d’ici 2035. Ce sera le cas de Fessenheim (Alsace) qui sera arrêtée en 2020.Mais « il n’y aura cependant aucune fermeture complète de sites nucléaires pour limiter les conséquences sociales et économiques pour les territoires, a précisé le chef de l’Etat.
Taxes fluctuantes
En outre, il s’agira « d’adapter toute nouvelle hausse de la taxe sur les carburants à l’évolution des marchés internationaux du pétrole, pour que si l’envolée des cours devait se reproduire, nous ne soyons pas mis dans la même situation » a assuré Macron qui entend « rebâtir un contrat social ». Car chaque citoyen compte.
Au final, un discours moins pompeux que d’habitude, de bonnes intentions de revenir « au terrain » de se préoccuper des Français les plus fragiles. Et pourtant, on doute de l’impact de ce discours sur les Gilets jaunes et leur détermination de vouloir des mesures concrètes tout de suite.
De bonnes intentions, certes, mais n’est-il pas trop tard?