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Black M : l’autre bataille de Verdun

Guerre de tranchées, après l’annulation du concert du rappeur Black M, le 29 mai à Verdun. La polémique enfle. On flingue à tout va, ça tire dans les coins. Et l’hommage aux Poilus dans tout ça ?

 

Capture.JPG black MCela ressemble à une nouvelle affaire Dreyfus. Il y a les pro et les anti Black M depuis que le rappeur d’origine guinéenne a été interdit de concert, le 29 mai à Verdun, en marge des commémorations officielles du centenaire de la plus célèbre bataille de la Grande Guerre, en présence de François Hollande et Angela Merkel.
Qui est Black M ? Un chanteur-rappeur membre du groupe Sexion d’Assaut. De son vrai nom Alpha Diallo, le chanteur a sorti en mars 2014 son premier album « Les yeux plus gros que le monde » vendu à 530.000 exemplaires. En mai 2014, son single « Sur ma route » se classe numéro un des ventes en France.
Que lui reproche-t-on ? Les paroles anti-françaises de ses chansons. Notamment lorsqu’il dit « conne de France » ou « ce pays de kouffar » (mécréants). Black M est aussi homophobe « il est grand temps que les pédés périssent ».
Dans ces conditions on peut se demander si Black M était le meilleur artiste pour commémorer la mort de 650.000 Poilus ?

Courage, fuyons !

Dès que le nom du rappeur a été connu pour animer la soirée du 29 mai, de nombreuses associations se sont mobilisées pour faire interdire le concert. Les Anciens combattants de la Meuse ont menacé de pas assister aux cérémonies. L’extrême droite a dénoncé l’affront fait aux Poilus. Florian Philippot, le N°2 du FN, a même évoqué « un crachat contre un monument aux Morts » ! De nombreux anonymes se sont également manifestés pour s’opposer violemment à cette programmation. Un petit-fils de Poilu a même déposé plainte devant le tribunal administratif de Paris pour faire annuler le concert, craignant que le rappeur n’emploie des termes outrageants la mémoire des soldats ! Chaque jours, des appels malveillants ont été adressés à la mairie de Verdun. Puis des menaces physiques visant le maire, Samuel Hazard et sa famille.
Face à ce tollé, le secrétaire d’Etat aux Anciens combattants, Jean-Marc Todeschini, s’est piteusement désolidarisé de l’organisation du concert. Puis, dans la foulée, ce fut au tour de la Mission nationale du Centenaire, opérateur des commémorations pour le compte de l’Etat de se désengager de ce bourbier en décidant de ne plus accorder la subvention de 67.000 € sur les 150.000 € que coûtait le concert.
« Je ne connaissais pas Black M »

Excédé par les appels, les menaces, les lâchages en rase campagne de ses partenaires, le maire socialiste de Verdun, Samuel Hazard, a pris la décision d’annuler purement et simplement ce concert polémique. Motif ? Risque de trouble à l’ordre public.
L’élu explique dans la presse locale : « Ce n’est pas moi qui ait décidé d’organiser ce concert. C’est une proposition qui avait été faite par l’Etat
Ce choix est un choix collectif lors du comité interministériel du Centenaire qui s’est déroulé à Paris en présence du ministre, du département… Personne ne s’est élevé contre ce choix… Je ne pouvais pas proposer ce concert, je ne connaissais pas Black M ». Samuel Hazard en profite pour saluer le courage et du département de la Meuse et de la Région Grand Est qui l’ont soutenu.

Demi-tour : gauche !

L’annulation du concert n’a pas mis fin à la polémique. Au contraire. Les réseaux sociaux se sont enflammés pour dénoncer l’attitude peu courageuse de l’Etat et de la Mission du Centenaire. Finalement, le secrétaire d’Etat aux Anciens combattants a apporté son soutien au maire de Verdun et le directeur général de la Mission du Centenaire a démenti l’annonce du retrait de la subvention (pourtant annoncé la veille).
Un peu partout, des voix se sont élevées pour protester contre l’annulation du concert. Depuis Cannes, la ministre de la Culture, Audrey Azoulay a dénoncé « un ordre moral nauséabond ».  Jack Lang a estimé que la mairie « aurait dû maintenir le concert ».
Quant à Black M il a posté un message sur Facebook : « J’ai ressenti une immense fierté lorsque l’on a fait appel à moi pour participer à un concert en marge de la commémoration de la Bataille de Verdun pour l’ensemble des jeunes Français et Allemands réunis ce jour-là. » Il ajoute : « Moi, Alpha Diallo, enfant de la République et fier de l’être, souhaite par ce communiqué faire barrière à ces propos haineux… » Il précise encore que son grand-père Mamoudou Diallo, d’origine guinéenne, a combattu lors de la guerre 39-45 au sein des Tirailleurs sénégalais, ces mêmes Tirailleurs sénégalais qui étaient également présents lors de la Bataille de Verdun. »
Marcel GAY

Les tirailleurs Sénégalais dans la Grande Guerre

RessourcesManagement-t784fd91edde2-aACTION_GET_PICTURE-p33015« A la veille de la guerre 14-18, les troupes d’Afrique sont composées de chasseurs d’Afrique, spahis, tirailleurs sénégalais, algériens, marocains, tunisiens et zouaves. Durant toute la Grande Guerre, 175.000 Algériens, 80.000 Tunisiens, 40.000 Marocains et 180.000 Africains noirs combattront aux côtés de leurs frères d’armes en Europe, sur plusieurs fronts et dans les Balkans. Auxquels il faut ajouter la présence de 48.000 Indochinois, et 41.000 Malgaches.
Bien entrainés et encadrés par des régiments d’active, ces combattants de l’Empire français serviront de couverture et de manœuvre dans la future guerre mécanique et aérienne où les blindés, l’artillerie et l’aviation tiendront une place déterminante. Ainsi, près de 600.000 soldats seront engagés dans ce conflit dont 450.000 sur le continent européen.

Les Sénégalais

 

Les tirailleurs sénégalais sont un corps de militaires constitué au sein de l’Empire colonial français en 1857. A la veille de la guerre, ils comptent plusieurs bataillons qui seront engagés au sein d’unités de marche mixtes à partir de septembre 1914 sur le front français de Picardie, d’Artois et dans l’Aisne. Durant toute la guerre, les troupes levées en Afrique noire transitèrent en Afrique Française du Nord (AFN) pour s’aguerrir avant de rejoindre les champs de bataille d’Europe ou d’Asie mineure. Les tirailleurs sénégalais, toujours restés d’une exceptionnelle fidélité à l’Empire colonial français, ont été de tous les conflits et leur comportement héroïque a permis de sauver, entre autres, la ville de Reims lors de la seconde bataille de la Marne en juillet 1918. Couverts de gloire, ces soldats subirent aussi de nombreuses pertes dans leurs rangs. »

(Extrait du livre de Paul Nicolas dans « Les Poilus d’Afrique du Nord).

 

 

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