Entre 800 et 1.000 réfugiés sont évacués depuis ce matin du bidonville de Metz. Destination : des hôtels dans toute la France.
« C’est comme ça tous les ans depuis 2013 » constate Chantal Duez-Muszynski, membre du Collectif mosellan de lutte contre la misère (CMLCM). « Avec le mauvais temps, les réfugiés sont dispatchés dans toutes les régions de France. De nouveaux réfugiés arrivent et errent en ville. C’est indigne. »
Depuis ce matin, en effet, des camions de CRS se sont postés autour de ce bidonville où vivent environ 800 adultes et 250 enfants. Une bonne dizaine de bus embarquent les demandeurs d’asile vers une quarantaine de destinations : Grand Est mais aussi Nouvelle-Aquitaine, région Rhône-Alpes…
Anouchka Chabeau, directrice départementale de la Cohésion sociale (DDCS) de Moselle a expliqué qu’il s’agissait de mettre ces personnes à l’abri. « Ce soir, le camp sera vide, nettoyé et définitivement fermé » dit-elle.
Depuis le début de l’année 2017, ce sont au total 4.382 réfugiés qui sont arrivés en Moselle et beaucoup sont repartis vers d’autres centres d’accueil. « Le camp se reconstitue régulièrement » constate la directrice de la Cohésion sociale 57.
Le parcours du combattant
En effet, le campa de Blida est le seul centre d’accueil de réfugiés de toute la Lorraine et l’un des deux centres du grand Est avec Strasbourg. « Il s’agit plutôt d’un bidonville » souligne Chantal Duez-Muszynski. « Les réfugiés arrivent à Metz grâce aux ‘’passeurs’’. Ils vont ensuite à l’Association d’information et d’entraide de Moselle (AEIM) où ils sont pris en charge par des bénévoles qui leur donnent des vêtements et de la nourriture. Les familles bénéficient alors d’une indemnité de 4 € par personne et par jour. Mais pas les personnes seules. Ensuite les réfugiés vont à la préfecture de la Moselle où elles sont enregistrées et orientées vers le campa de Blida. Le rendez-vous à la préfecture doit être donné dans les trois jours. Dans les faits, on les fait patienter plusieurs semaines. »
C’est donc là, dans ce camp de toiles de tentes et de cabanes que s’entassent des centaines de personnes, hommes, femmes et enfants. Les associations caritatives leur viennent en aide comme elles peuvent. Elles prennent leurs documents en photo et envoient un dossier à leur avocate de Strasbourg, Me Chebbale. Celle-ci demande régulièrement à la préfecture de la Moselle de respecter la loi. C’est-à-dire de respecter le délai de trois jours pour fixer un RV aux réfugiés arrivés à Metz.
« L’année dernière, nous avons investi le conseil municipal de Metz pour dénoncer le scandale du bidonville de Blida » explique Chantal Duez-Muszynski. « je dis bien bidonville et non pas camp » dit-elle.
La mafia albanaise
La grande majorité des réfugiés viennent des pays de l’Est, du Kosovo, de Macédoine, d’Albanie… où ils subissent des violences. Pris en charge par des passeurs appartenant à des groupes criminels, ils sont dirigés vers la France et spécialement vers Metz.
Dans le camp de Blida, où vivent ces réfugiés, où il y a des femmes enceintes, des personnes gravement malades, des vieillards impotents et beaucoup d’enfants, la mafia albanaise impose sa loi : racket, prostitution, vol, viols, tabassages…
A l’arrivée des premiers froids, la préfecture oriente les réfugiés vers des hôtels bon marché dont elle paie la facture. Environ 2 millions d’euros par an. C’est ainsi depuis 2013.
Jusqu’à quand ?
Marcel GAY