La douzième école d’ingénieurs de l’Université Lorraine devait ouvrir ses portes en septembre 2021 à Metz. Mais tout a été remis en cause, le 5 février 2019. Sans véritable explication.
« Nous avons été mis devant le fait accompli. C’est inadmissible. C’est du foutage de gueule. J’ai voté contre. » Gilbert Krausener, vice-président de Metz-Métropole chargé de l’enseignement supérieur et membre du conseil d’administration de l’Université Lorraine ne décolère pas. Le 5 février dernier, le CA de l’université présidé par Pierre Mutzenhardt doit prendre une délibération intitulée : « restructuration du secteur de formation des sciences expérimentales et formelles à Metz ».
On efface tout
En clair, il s’agit de voter pour la modification de la feuille de route adoptée le 6 novembre 2018 qui avait décidé de « créer une nouvelle école d’ingénieurs à Metz afin de répondre aux besoins de formation ». Celle-ci devait regrouper l’UFR MIM (Mathématiques, Informatique, Mécanique) et SCIFA (Sciences fondamentales et appliquées) pour s’appeler MISTA (Management, Ingénierie, Sciences et technologies avancées) et former des ingénieurs en 5 ans.
Mais tout fut remis en cause le 5 février. Notamment le calendrier : il n’est plus question d’une ouverture en 2021 mais… durant l’année N+1 dont personne ne sait ce que cela signifie, sinon un report sine die du projet. Remise en cause également de la formation au sein de MISTA.
Bref, on efface tout et on recommence.
Gros malaise
Résultat du vote : 10 voix pour (la modification), 2 votes contre et 13 abstentions. Ce vote montre à quel point les dissensions sont importantes au sein du conseil d’administration de l’Université Lorraine.
Il est vrai que le dossier empoisonne les relations entre les élus de Moselle et l’Université Lorraine depuis plusieurs années.
Rappelons que le 2 novembre 2016, le conseil du collégium des onze écoles d’ingénieurs de l’Université de Lorraine avait voté à l’unanimité (35 voix) la création d’une 12éme école d’ingénieurs sur le site de Metz.
Dans un « avis d’opportunité » du 16 juin 2016, le collégium voyait « dans le projet MISTA une réelle opportunité de développer ses flux de diplômés dans un contexte de complémentarité avec les 11 écoles existantes, de diversification des flux entrants et de collaboration avec le collégium Sciences et technologie. En ce sens, il est en cohérence avec le projet stratégique de Lorraine INP. »
Avis confirmé deux ans plus tard par la Commission des Titres d’Ingénieurs (CTI) estimant que cette nouvelle école avait sa place « dans la cartographie des écoles d’ingénieurs de l’université Lorraine. »
Locaux inaugurés
Tout semblait donc aller pour le mieux, le 19 mars 2018, lors de l’inauguration des nouveaux locaux de l’UFR MIM sur le Technopole, en présence du président de l’université lorraine, Pierre Mutzenhardt. Parrain de l’inauguration, Bernard Charlès, PDG de Dassault Systèmes (éditeur de logiciels spécialisés dans la conception 3D) a jugé utile de soutenir le projet MISTA qui « formera des ingénieurs-managers dans une approche systémique pour préparer l’industrie de demain ».
Pourquoi donc un tel revirement ? « C’est incompréhensible, tonne Gilbert Krausener. Il y a un manque de volonté de faire avancer les choses. Aujourd’hui nous devons former davantage d’ingénieurs pour ne pas passer à côté des grandes mutations scientifiques : l’intelligence artificielle, le numérique etc. Metz est en ‘’décrochage’’ selon la Scalen, l’agence de développement des territoires Nancy-Sud Lorraine. Il faut mettre les collectivités autour de la table : mairie, département, Métropole, Conseil régional. Mais aussi les industriels. Et si c’est un problème d’argent, on le trouvera. »
Affaire à suivre.
CA_2019_02_05_Delib_04__RESTRUCTURATION_Secteur_SCIENCES_a_METZ (1)
ANNEXE_03__SCIENCES_a_METZ_-_SAM__-_Feuille_de_route
CA UL 6nov2018_Pt7 _ Formation ScesExpeFormelles Metz Restructuration