Le nombre d’élèves scolarisés dans le premier ou le second degré dans un établissement du Grand Est pourrait diminuer de 8 % d’ici 2050.
La baisse de la natalité, après un pic vers 2010 en France, devrait se répercuter sur les effectifs scolaires, qui décroîtraient dès 2018. Les niveaux de l’élémentaire seraient les premiers touchés, alors que les lycées ne le seraient qu’à partir de 2026.
Les baisses les plus fortes concerneraient les zones les plus isolées, pénalisées notamment par des migrations résidentielles défavorables. Les élèves seraient plus nombreux en 2050 qu’actuellement dans seulement trois bassins de formation, ceux de Strasbourg, de Reims et de Romilly-sur-Seine.
Filière générale et professionnelle
En 2016, 780 000 élèves et 20 000 apprentis de 6 à 19 ans étudient dans un établissement de la région Grand Est, dans le premier, le second degré ou un centre de formation d’apprentis. Les élèves se répartissent pour 43 % en élémentaire, pour 34 % au collège, premier cycle d’enseignement secondaire, et pour 23 % au lycée. Dans ce dernier cycle, les deux tiers suivent un enseignement en filière générale et technologique et un tiers dans une voie professionnelle hors apprentis. Cette répartition est sensiblement identique dans les trois académies de la région.
Moins d’élèves scolarisés et plus d’apprentis dans le Grand Est
Si les tendances actuelles se poursuivaient en termes de natalité, de mortalité et de migrations, la population de la région augmenterait d’ici 2050, mais cette hausse serait uniquement portée par les tranches d’âge les plus élevées. Les moins de 20 ans seraient de moins en moins nombreux du fait de la baisse du nombre de naissances. Le nombre d’élèves diminuerait donc, comme dans la moitié des régions de métropole, alors qu’il augmenterait dans les autres. La région perdrait ainsi 8 % de ses effectifs en 37 ans, soit le plus fort recul après la Normandie.
Vers l’apprentissage
Le taux régional de scolarisation des 6 à 19 ans dans une classe de l’élémentaire ou du secondaire est actuellement le plus faible de la métropole après la Corse. La raison tient principalement à la part plus importante de jeunes majeurs, âges auxquels la part de scolarisés dans le second degré chute fortement, surtout dans les grandes villes.
De plus, les Grandestois sont actifs plus jeunes que dans le reste du pays et s’orientent plus souvent vers l’apprentissage. C’est notamment le cas dans l’académie de Strasbourg, où il est plus développé qu’ailleurs, en lien avec des pratiques historiquement ancrées des entreprises et corporations professionnelles, et un régime plus favorable.
Dans le Haut-Rhin, le Bas-Rhin et en Moselle, la taxe d’apprentissage est en effet plus faible qu’ailleurs et est davantage reversée aux centres de formation d’apprentis (CFA) et sections d’apprentissage (SA). L’académie de Strasbourg comprend 40 % des apprentis de la région pour seulement 34 % des élèves et des habitants (42 % des élèves étudient dans l’académie de Nancy-Metz et 24 % dans celle de Reims). En 2015, 7 apprentis de 15 à 19 ans y étudient pour 100 habitants du même âge. Ils sont 5 pour 100 habitants dans les académies de Nancy-Metz et de Reims, un taux proche de la moyenne métropolitaine.
Le nombre d’élèves diminuerait dès 2018 dans le Grand Est
Le recul des effectifs d’élèves suivrait une période de hausse modérée jusqu’en 2018 (+ 1 % par rapport à 2013). En effet, la fécondité des femmes françaises a progressé quasi continûment jusqu’en 2010 avant de décroître, engendrant un plus grand nombre de naissances à partir de 2002 avec un pic en 2010. La part des enfants ayant déménagé par la suite restant stable, les arrivées de ces générations d’enfants ont mécaniquement augmenté dans la moitié des régions, dont le Grand Est. Le nombre d’élèves en élémentaire atteindrait ainsi son maximum en 2017 (+ 2 % par rapport à 2013), celui des collégiens en 2022 (+ 1 %) et celui des lycéens vers 2026 (+ 5 %). Il diminuerait de 2018 à 2040, avant de remonter légèrement entre 2040 et 2050. Cet accroissement suivrait de quelques années celui du nombre de femmes de 25 à 30 ans, âges auxquels la maternité est la plus fréquente.
La baisse serait atténuée par les arrivées de familles avec enfants, plus nombreuses que les départs. Le solde migratoire des moins de 20 ans tendrait même à s’améliorer, si les jeunes continuaient à s’installer dans la région dans les mêmes proportions qu’actuellement. En effet, le nombre des moins de 20 ans augmenterait plus rapidement dans les autres régions, ce qui dynamiserait les entrées sur le territoire. Ce solde serait tiré vers le haut par les arrivées de jeunes de moins de 17 ans, notamment de l’étranger, dans les trois académies. Aujourd’hui, les échanges avec le reste de la France sont déficitaires pour cette tranche d’âge dans les académies de Nancy-Metz et de Reims, mais positifs dans l’académie de Strasbourg. De 17 à 19 ans, âges auxquels les déménagements sont les plus fréquents, les jeunes sont au contraire plus nombreux à quitter la région qu’à s’y installer. Les échanges avec l’étranger expliquent la plus grande partie de ce déficit, quelle que soit l’académie, mais le solde avec le reste du pays est également négatif, excepté dans l’académie de Strasbourg.
Nancy-Metz : en baisse
Si les tendances actuelles se prolongeaient, les effectifs seraient en baisse constante dans l’académie de Nancy-Metz en raison de la chute des naissances plus importante qu’ailleurs. En 2025, elles seraient 10 % moins nombreuses qu’en 2013, contre 4 % dans les deux autres académies. Le recul se poursuivrait jusqu’en 2050 (- 17 %), tandis que le nombre de naissances remonterait temporairement dans le reste de la région. Le nombre de femmes de 20 à 27 ans diminuerait de 19 % d’ici 2050 dans l’académie de Nancy-Metz contre 7 % dans les deux autres académies, conséquence d’un solde migratoire plus déficitaire. Les élèves y seraient ainsi 14 % moins nombreux en 2050 qu’en 2013. Cette évolution serait similaire pour tous les niveaux, de l’élémentaire au lycée. Les effectifs d’élèves varieraient peu dans l’académie de Strasbourg (moins de 5 % de hausse comme de baisse). Quelle que soit la voie d’enseignement, les projections y seraient les plus hautes, grâce à un solde migratoire des 6-19 ans positif, et à un repli modéré du nombre de naissances (moins de – 5 % d’ici 2050, avec une augmentation entre 2028 et 2038). Les effectifs en lycées, collèges et classes de l’élémentaire y seraient proches en 2050 et en 2013. Par rapport aux deux autres académies, celle de Reims serait dans une situation intermédiaire et verrait ses effectifs se réduire modérément dès 2019. La baisse totale serait de 5 % en 37 ans pour les trois niveaux d’enseignement. En supposant que les taux d’apprentissage, en diminution entre 2013 et 2015, se stabilisent, les effectifs pourraient augmenter temporairement dans les académies de Strasbourg (+ 6 % entre 2015 et 2027) et de Reims (+ 4 %). Ils reculeraient ensuite et se stabiliseraient environ 5 % en dessous de leur niveau de 2015. Dans l’académie de Nancy-Metz cependant, les effectifs chuteraient sans interruption après être restés stables jusqu’en 2027 et les apprentis seraient 15 % moins nombreux en 2050 qu’en 2015.
Des élèves plus nombreux en filière générale et technologique et dans les grandes villes
Après le pic de début de période, le nombre d’élèves retrouverait son niveau de 2013 vers 2025. Les élèves seraient alors plus nombreux à étudier dans les bassins de formation (zonage d’intervention académique) comprenant un pôle urbain, et moins nombreux dans les zones plus rurales. Le nombre de naissances baisserait en effet de façon moins marquée dans les bassins des grandes villes, voire augmenterait en début de période. Mais surtout, les jeunes resteraient nombreux à venir s’y installer quelques années pour leurs études, avant de déménager dans les bassins de formation voisins, les régions limitrophes ou en Île-de-France. Les bassins de formation comprenant les villes de Strasbourg, Reims, Nancy, et d’une façon moins marquée Metz, se distinguent ainsi par un pic de population autour de 20 ans, alors que dans le reste de la région, les tranches d’âge les plus représentées sont celles de la génération du baby-boom. Ces quatre zones sont les seules à gagner des habitants de 6 à 19 ans sous l’effet des migrations en 2013, presque exclusivement du fait de celles des jeunes majeurs. Les taux de scolarisation y sont plus faibles qu’ailleurs, surtout à partir de 18 ans.
Voie générale et technologique
Les lycéens s’orientent plus systématiquement ces dernières années vers la voie générale et technologique. Les élèves de 15 à 17 ans sont ainsi 3 % plus nombreux à s’y orienter en 2015 qu’en 2013, au détriment de la voie professionnelle. Si cette tendance se poursuivait, les évolutions de ces deux filières seraient très différentes. Les effectifs des classes professionnelles baisseraient dès le début de la période, et ces élèves seraient 20 % moins nombreux d’ici 2050. Relancés à la fois par l’arrivée au lycée de la génération née autour du pic de 2010 et par l’attractivité croissante de la filière, les effectifs des classes de la voie générale et technologique augmenteraient de 12 % jusqu’en 2026. Ils baisseraient ensuite jusqu’en 2044 pour revenir à leur niveau de 2013. À court terme, les trois académies devraient accueillir un surcroît d’élèves dans cette voie (+ 9 % entre 2013 et 2026 dans celle de Nancy-Metz, + 11 % dans celle de Reims et + 16 % dans celle de Strasbourg). À un niveau territorial plus fin, cinq types de bassins de formation se distinguent.
Dominique Kelhetter, Flora Vuillier-Devillers (Insee)