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Paris : « Nettoyage social » à l’approche des JO 2024

À moins de deux mois des Jeux Olympiques 2024, un rapport du collectif « Le Revers de la médaille » révèle un sombre tableau des préparatifs : plus de 5 200 personnes ont été déplacées de l’Île-de-France vers d’autres régions, suscitant des accusations de « nettoyage social ».

Rassemblement du 1er mai devant la Maison des Métallos à Paris occupée depuis le 6 avril par des mineurs isolés (capture X)
Rassemblement du 1ᵉʳ mai devant la Maison des Métallos à Paris occupée depuis le 6 avril par des mineurs isolés (capture X)

Expulsions massives : un chiffre alarmant

Depuis avril 2023, plus de 5 224 personnes, dont des migrants, sans-abri et travailleurs du sexe, ont été déplacées de l’Île-de-France, affirme Franceinfo. D’après la préfecture de la région, 3 958 personnes ont été expulsées vers d’autres régions l’année dernière et 1 266 depuis le début de l’année 2024. Le collectif « Le Revers de la médaille » dénonce une intensification des expulsions en lien avec les préparatifs des Jeux Olympiques et Paralympiques.

Un phénomène en forte hausse

Entre le 1ᵉʳ mai 2023 et le 30 avril 2024, ce sont 12 545 personnes qui ont été expulsées de leur habitat précaire en Île-de-France, soit une hausse de 38,5 % par rapport à il y a deux ans. « C’est énorme et ça montre de manière documentée le nettoyage social avant les JO », commente Paul Alauzy de Médecins du monde et porte-parole du collectif.

Opérations et arrêtés préfectoraux en augmentation

Le collectif a enregistré 16 opérations d’expulsion en quatre mois fin 2023 et 26 opérations dans les cinq premiers mois de 2024, soit presque autant que pour toute l’année 2022. De plus, le nombre d’arrêtés préfectoraux a explosé depuis février 2024, avec huit recensés en seulement quatre mois contre deux entre mai 2021 et janvier 2024.

Des méthodes critiquées

« La région Île-de-France a été vidée d’une partie des personnes que les pouvoirs publics considèrent indésirables », déplore Paul Alauzy. Le collectif accuse les autorités de disperser ces populations précaires pour éviter les installations d’habitats informels trop visibles. La présence policière et les périmètres de sécurité pourraient rendre l’espace public inhospitalier pour les personnes en grande précarité, souvent en séjour irrégulier.

Des actions prévues pendant les Jeux ?

Le rapport souligne également des expulsions similaires hors de la région parisienne, notamment à Bordeaux et Lille, en raison des épreuves olympiques prévues dans ces villes. Le collectif réclame un véritable plan pour la prise en charge des personnes en situation de précarité avant et pendant les Jeux, y compris la création de 20 000 places d’hébergement sur tout le territoire national.

Un collectif en action

Créé en septembre 2023, « Le Revers de la médaille » rassemble plus de 100 organisations œuvrant auprès des personnes en grande précarité. Le rapport se base sur des données collectées par plusieurs associations et analyse des documents officiels pour la période du 1ᵉʳ mai 2023 au 30 avril 2024. Le collectif n’exclut pas de mener des actions pendant les épreuves olympiques pour dénoncer cette situation.

Un « nettoyage social » dénoncé aussi par L’Insoumission

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