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Rencontre : Steve Wozniak, co-fondateur d’Apple et inventeur de l’ordinateur personnel

David Glance, University of Western Australia

Steve Wozniak
Steve Wozniak (Photo credit: campuspartybrasil via Visual Hunt / CC BY-SA)

Si vous n’avez jamais entendu parler de Steve Wozniak, c’est qu’il a été éclipsé par le co-fondateur d’Apple, son compatriote Steve Jobs.

Ceci, en dépit du fait que c’était la seule et unique personne derrière l’invention et la construction de l’Apple 1, le premier ordinateur personnel à utiliser un clavier et un simple téléviseur comme écran.

Il n’y a pas de doute que Steve Jobs était la force derrière la création d’Apple, mais la technologie est le fruit de l’esprit de Wozniak.

Actuellement en tournée de conférences en Australie, Steve Wozniak est arrivé à Perth cette semaine. J’ai eu la chance de pouvoir lui parler avant sa prestation et de lui poser quelques questions.

Éduquer, enseigner

Wozniak a quitté Apple en 1985 pour terminer un diplôme en génie électrique et informatique à l’Université de Californie à Berkeley. Il avait adopté le pseudonyme de Rocky Raccoon Clark. Après cette période, il a passé 10 ans à enseigner l’informatique à des élèves du CM2 à la quatrième.

En ce qui concerne les bouleversements en matière d’enseignement, selon Wozniak, les cours en ligne ouverts à tous (MOOCs) sont éventuellement appropriés pour les étudiants d’un certain âge, ayant déjà fait des études, mais l’interaction humaine aura toujours la préséance au niveau de l’enseignement primaire et secondaire.

De fait, telle a été l’expérience personnelle de Wozniak qui m’a confié combien l’influence de son père et les encouragements de ses profs à l’école primaire qu’il admirait l’ont incité à s’intéresser à l’électronique. En revanche, son expérience du lycée et de l’université a été plutôt mauvaise avec des enseignants qui étaient, dans certains cas, ouvertement opposés à cette voie.

Interrogé sur la nouvelle application d’Apple Swift Playgrounds, visant à enseigner les bases de la programmation dans la langue Swift, il a remarqué qu’on aurait pu choisir de meilleurs langages de programmation pour commencer. Dans une certaine mesure, concevoir un ordinateur personnel était une façon de donner à chacun accès à l’informatique avec tous les avantages qui en découlaient, y compris celui d’être en mesure de programmer.

Personne n’y croyais… Et aujourd’hui ?

L’histoire de la naissance d’Apple nous apprend qu’à l’origine, personne ne pensait que le concept de l’ordinateur personnel créé par Wozniak avait un quelconque avenir. On se rappellera que HP avait totalement rejeté l’idée d’ordinateur personnel conçue par Wozniak, alors employé par la société.

On peut d’ailleurs se demander si, en Australie, les fonds de capital-risque actuels auraient financé Apple. À l’époque, c’est Mike Markkulla qui a investi le premier dans Apple. L’entreprise n’était pas rentable et avait un seul et unique client.

Interrogé à ce sujet, Wozniak s’est montré plus optimiste. Il est convaincu qu’il y a énormément d’activités dans le domaine des start-ups et de l’innovation. Il avait mentionné auparavant avec enthousiasme les investissements allant jusqu’à 405 millions de dollars de la part du gouvernement du Queensland dans les start-ups.

Avant tout, un ingénieur

En termes de protection de la vie privée, Wozniak a estimé que toutes les entreprises de technologie parlent de la vie privée comme étant au centre de leurs stratégies de produits, mais que seule Apple s’est effectivement montrée à la hauteur. La culture de protection de la vie privée existait avant la nomination de Tim Cook comme PDG chez Apple, mais Cook a poursuivi la même politique, en résistant au FBI quand il s’est agi de leur transmettre les propriétés des appareils des usagers.

Steve Wozniak et Steve Jobs en 1976. Sur l’ecran, on devine un message : « help me ».
Aventure-Apple.com

Wozniak dit qu’il a toujours voulu être ingénieur. Dans une large mesure, l’ascendant des entreprises technologiques a élevé le statut de l’ingénieur informatique et électrique dans la société. La culture populaire s’en fait désormais le reflet avec la série télé très populaire comme Halt and Catch Fire, Mr. Robot et la série où Wozniak est apparu en personne, Big Bang Theory. Contrairement à Elon Musk, Wozniak n’est jamais apparu dans Les Simpsons, même dans le spectacle parodiant Apple et « Steve Mobs ».

Malgré tout cela, Wozniak a estimé que les élèves mordus d’informatique ont encore des jours difficiles devant eux, une situation qui a vécu quand il était à l’école.

Au cours de la conversation, Wozniak a été assez prolixe sur les besoins des gens qui ont l’esprit d’entreprise. Ce qui était critique était de combiner les contraintes des affaires, du marketing et de l’ingénierie. Ce n’est pas suffisant d’avoir une idée qui a l’air super si personne ne veut l’acheter. Ce fut le rôle du directeur de marketing de réaliser ce que Apple a fait, en comprenant non seulement ce que les gens voulaient, mais encore qu’il fallait les persuader qu’ils voulaient vraiment le produit que vous vendez… même si ils ne le savaient pas.

Pour la plupart, Wozniak correspond au stéréotype de l’ingénieur. Il est très agréable et plutôt effacé pour quelqu’un qui a juste eu la chance d’utiliser sa passion pour créer quelque chose de vraiment grand. Une question du public présent à sa conférence sur la façon dont les jeux pourraient à l’avenir intégrer de l’activité physique est restée sans réponse… comme si Wozniak avait manqué toute la tempête médiatique autour de Pokémon Go.

Il y a en fait un ordinateur Apple 1 en cours de vente aux enchères avec manuels et cassettes à bande. On s’attend à ce qu’il atteigne 1 million de dollars US. Ceci est bien loin des 666,66 dollars US que valait cet ordinateur en 1976. Sur la description de l’ordinateur, on lit que c’est non seulement un dispositif radical qui va changer la société de façon spectaculaire, mais aussi une simple œuvre d’art. C’est en ces termes que Wozniak peut laisser son art et son héritage parler pour lui.

Cet article etait traduit de l’anglais par Helene Jaccomard.

The Conversation

David Glance, Director of UWA Centre for Software Practice, University of Western Australia

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

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