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L’huile d’olive objet de tous les trafics

La fraude est comparable à celle de la cocaïne, avec ses produits falsifiés, ses vols spectaculaires, ses mafias.

Le verger français permet de produite entre 5 et 6.000 tonnes d'huile d'olive par an (photo Pixabay)
Le verger français permet de produite entre 5 et 6.000 tonnes d’huile d’olive par an (photo Pixabay)

La récolte des olives a été bonne cette année. « Avec un bon mois d’avance en raison du réchauffement climatique, constate Hélène Pagès, présidente de l’huilerie coopérative de Clermont l’Hérault (34800). Les olives ont souffert de la sècheresse mais elles ont grossi avec la pluie. Le résultat est plutôt favorable, la qualité est au rendez-vous, la quantité aussi. Nous sommes satisfaits. »
Ce n’est pas forcément le cas dans les autres régions oléicoles de France. La récolte est faible dans la Drôme et insuffisante sur la Côte d’Azur frappée à plusieurs reprises par les inondations.
Cette année, le moulin oléicole de Clermont l’Hérault a rentré quelque 800 tonnes d’olives pour l’huile, à quoi s’ajoutent les olives de table cueillies deux mois tôt. De quoi satisfaire tous les oléiculteurs de la région après une période de grosses difficultés.

Un vol audacieux

En effet, le Moulin a été victime d’un vol particulièrement audacieux en 2018. Plus de 35.000 litres d’huile vierge extra ont été siphonnés dans deux cuves. Les malfaiteurs sont parvenus à neutraliser les alarmes et les caméras et ont pu se servir en toute tranquillité, la nuit, en passant par le toit du Moulin. Le préjudice est évalué à environ 700.000 euros.
On ignore pour l’instant quels sont les auteurs de ce vol. Mais il n’est pas isolé. En janvier 2019, ce sont 35.000 litres d’huiles d’olive qui ont été dérobés à Tulette, dans la Drôme. 60.000 litres ont été volés un an plus tôt dans le Gard. De quoi inquiéter les gendarmes qui savent qu’ils ont affaire à des réseaux mafieux très structurés.
L’huile d’olive a toujours fait l’objet de trafics importants que l’on compare souvent au trafic de la cocaïne. Une fraude géante sur la qualité et sur l’origine dénoncée régulièrement par la DGCCRF. Et les associations de consommateurs comme l’UFC-Que Choisir.

L’Italie vend plus qu’elle ne produit

La production mondiale d’huile d’olive pour la campagne 2017-2018 est estimée à 2,8 millions de tonnes dont 1,89 million pour l’Union européenne. Les principaux pays producteurs européens sont l’Espagne, l’Italie et la Grèce. Le cas de l’Italie est intéressant puisqu’elle produit 700.000 tonnes d’huile d’olive et en exporte 1,5 million de tonnes. Mais sa production est menacée, notamment dans les Pouilles, par la Xylella fastidiosa, une bactérie mortelle pour 200 espèces végétales dont les oliviers.
La France est encore peu touchée par cette bactérie même si de grandes précautions sont prises sur la Côte d’Azur et en Corse, notamment, pour protéger le verger.
En France, il existe environ 40.000 producteurs (environ 6.000 tonnes) dont une grande partie produit pour sa consommation personnelle. Mais il se vend 110.000 tonnes d’huile d’olive dans l’Hexagone tous les ans dont 95% sont importés.
D’où l’intérêt de bien s’informer avant d’acheter une huile d’olive.

L’arbre des Dieux

L’olivier a toujours accompagné l’histoire des hommes. Arbre noueux aux rameaux puissants, ses drupes noires ont été pressées pour sacrer les rois, consacrer les temples, enduire le corps des gladiateurs ou des belles romaines. La légende veut que l’olivier soit né lorsque les habitants d’une nouvelle ville cherchaient à lui donner un nom. Zeus mit en concurrence Poséidon qui, de son trident fit sortir un cheval de terre. Athéna gratta le sol et fit jaillir un olivier. Elle donna son nom à la ville qui couvrit les collines alentour d’oliveraies.
L’arbre s’est répandu depuis autour de la Méditerranée. La production mondiale s’élève à 2,5 millions de tonnes dont la moitié produite en Europe. Avec un verger de 3 millions d’arbres (contre 30 millions avant le gel de 1956), la France ne produit que 4,5% de sa consommation.

Une huile d’olive artisanale

Il existe plus de 1000 variétés d’olives dans le monde. Les principales variétés triturées au Moulin oléicole de Clermont l’Hérault sont :
La lucques, ancienne variété locale de l’Hérault et de l’Aude. Cueillie en septembre, elle donne une excellente olive verte de bouche. La finesse de goût de l’olive verte se traduit par une huile fine et subtile lorsqu’elle est cueillie à maturité, en novembre. En raison de sa fluidité et de sa discrétion, elle convient à ceux qui veulent s’initier à la découverte de l’huile d’olive.
La Clermontaise se cultive essentiellement dans les environs de Clermont l’Hérault. Elle produit une huile douce, demi-fluide, avec des arômes noisette. Elle est recommandée sur les plats chauds (poisson, légumes à la vapeur…).
La Ménudal se cultive principalement au pied du Larzac, dans le Lodévois. Cueillie en décembre, elle produit une huile onctueuse et douce, agréable aussi bien en salade que dans les plats chauds même si les arômes de plant de tomate ou de fane d’oignon qui la caractérisent se dévoileront davantage à la chaleur.
La Verdale de l’Hérault est une variété dominante dans ce département. Son huile est plus typée que les précédentes ne serait-ce que par sa couleur verte. Ses arômes puissants laissent un goût de noix dans la bouche. Elle accompagnera donc parfaitement les salades de toutes sortes et en particulier les plats à base de tomate.
La Picholine est originaire du Gard mais largement diffusée dans l’Hérault. Elle se récolte souvent après Noël. Huile puissante et verte, elle a un piquant typique recherché des amateurs. Elle s’utilise cuite ou crue.

Un pur jus de fruit

Leur nom chante dans la garrigue : Verdale de l’Hérault, Picholine, Amellau, Rougette, Ménudal, Olivière, Lucques, Clemontaise. Entre mer et montagne, au milieu d’un océan de vignes, les olives se gorgent lentement de soleil. Le vent du nord caresse les arbres jusqu’aux premiers frimas de l’automne.
A l’heure de la récolte, les fruits bien mûrs arrivent au moulin de Clermont l’Hérault. Là, ils sont triés, lavés, pressés exclusivement par des moyens mécaniques à froid. Le pur jus de fruit qui coule dans les cuves est le résultat d’une culture soignée du verger, d’une cueillette manuelle délicate, d’une sélection rigoureuse des variétés locales avant trituration, d’analyses régulières, d’une mise en bouteille méticuleuse.

Le résultat est à la hauteur des efforts. Qu’il s’agisse d’une sélection de la seule variété l’olivière ou d’un assemblage à partir des variétés traditionnelles, l’huile d’olive de Clermont l’Hérault (34800) se classe parmi les meilleures, tant par ses qualités gustatives que nutritives.

L’huile d’olive et la santé

Parce que c’est un pur jus de fruit, l’huile d’olive est un aliment sain et naturel. Médecins et scientifiques nous permettent aujourd’hui de mieux comprendre sa valeur nutritive. Composée à 90% de lipides (900 calories pour 100 gr), l’huile d’olive contient des vitamines E, de la provitamine A (carotène), des acides gras saturés (de 8 à 23%), des acides gras insaturés (de 75 à 95%), mais aussi des acides gras mono-insaturés (oléiques) des acides gras poly-insaturés (linoléiques et linoléiques).

De nombreux médecins ont décrit de façon scientifique le rôle de l’huile d’olive dans la prévention des maladies cardiovasculaires, sa tolérance digestive supérieure aux autres corps gras, son action sur la densité et la minéralisation des os.
L’huile d’olive est recommandée chez le nourrisson : elle favorise la croissance osseuse et le développement harmonieux du cerveau. Elle prévient les troubles digestifs. Elle a même un effet antivieillissement du système nerveux.
Cependant, en dépit de ses atouts pour la santé, l’huile d’olive contient trop peu d’oméga 3 et sa composition semble être un peu trop riche en acides gras. D’où l’intérêt de varier les huiles pour l’assaisonnement de ses légumes en mélangeant, par exemple, l’huile d’olive et l’huile de colza.

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