Peu avant l’ouverture du Festival de Cannes 2025, un appel vibrant de plusieurs centaines de personnalités du cinéma dénonce le silence du monde culturel face aux violences à Gaza. Et rend hommage à Fatma Hassouna, photojournaliste palestinienne tuée par une frappe israélienne, 24 heures après l’annonce de la sélection d’un film inspiré de sa vie.

Fatma Hassouna, héroïne d’un film… et victime d’une frappe israélienne
Fatma Hassouna n’avait que 25 ans. Jeune photojournaliste indépendante palestinienne, elle incarnait par son travail et son engagement le courage de toute une génération. Le 16 avril 2025, elle a été tuée par l’armée israélienne dans la bande de Gaza, la veille même de la sélection du film Put Your Soul on Your Hand and Walk de Sepideh Farsi dans la programmation de l’ACID au Festival de Cannes. Elle en était l’héroïne.
Fatma allait se marier. Dix membres de sa famille, dont sa sœur enceinte, ont péri dans la même frappe. Un drame de plus dans une guerre où les civils paient un tribut insupportable. Depuis le 7 octobre 2023, date des attaques du Hamas en Israël, les journalistes étrangers sont interdits d’entrée à Gaza. Plus de 200 journalistes palestiniens ont été tués dans le conflit, souvent ciblés délibérément.
Des stars du cinéma mondial contre le silence et l’impunité
L’émotion a gagné la Croisette. Dans une tribune publiée par Libération le 12 mai, à la veille de l’ouverture du Festival, 380 artistes du monde entier – dont Pedro Almodóvar, Susan Sarandon, Richard Gere, Ruben Östlund ou encore David Cronenberg – dénoncent le « silence » du monde de la culture face au « génocide » en cours à Gaza.
Ils rendent hommage à Fatma Hassouna, mais aussi au cinéaste palestinien Hamdan Ballal, récemment oscarisé pour No Other Land, agressé fin mars par des colons israéliens avant d’être brièvement détenu par l’armée. L’absence de réaction de l’Académie des Oscars a choqué les signataires : « Une telle passivité nous fait honte. »
Pourquoi le cinéma, si souvent engagé, semble-t-il ignorer la réalité de Gaza, s’interrogent-ils ?. Ils appellent à un sursaut, à un soutien clair : « Le cinéma se doit de porter leurs messages. »
Une guerre, des chiffres accablants
Selon un décompte de l’AFP, les attaques du Hamas du 7 octobre ont causé la mort de 1 218 personnes en Israël, principalement des civils. En retour, les représailles israéliennes ont fait au moins 52 862 morts à Gaza, dont plus de 25.000 enfants, selon les autorités sanitaires locales, un chiffre jugé crédible par l’ONU.
Plusieurs ONG, dont Human Rights Watch et Amnesty International, qualifient les actions israéliennes de « génocide », des accusations que l’État hébreu rejette fermement.
Un message politique fort
Au-delà du tapis rouge et des projecteurs, Cannes 2025 débute avec un message politique fort. Celui d’un monde du cinéma qui, poussé par la mémoire de Fatma Hassouna, veut briser le silence et dénoncer l’injustice. Un appel à regarder en face les drames du monde et à donner une voix à celles et ceux qu’on tente de faire taire.
À l’ouverture de #Cannes, 380 artistes dénoncent le #silence culturel face au #génocide à #Gaza, rendent hommage à Fatima Hassouna et appellent le cinéma à s’engager pour les victimes et briser l’#indifférence. pic.twitter.com/GCfgre8wkf
— Nouvelle Aube – Yeni Şafak Français (@nouvelleaubefr) May 13, 2025
À l’occasion de l’ouverture du Festival de Cannes, des personnalités du monde du cinéma dénoncent le «silence» face au «génocide» à Gaza, dans une tribune pour le quotidien français Libération.
« Refusons que notre art soit complice du pire.
Levons nous.
Nommons le réel. » pic.twitter.com/OHte16MRbs— Akli Ait Abdallah (@AkliAit) May 13, 2025
⚫ La photojournaliste palestinienne avait 25 ans
➡️ https://t.co/byj8IuWKmO pic.twitter.com/3rxsSXk54l— 20 Minutes (@20Minutes) April 17, 2025