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« Teddy » ou la vengeance du mal-aimé

Primé au Festival de Gérardmer, le film de Ludovic et Zoran Boukherma est un sympathique film de loup-garou en France rurale marginalisée.

Anthony Bajon donne sa bonne tête d’ado buté à ce « Teddy », jeune branleur de campagne sans avenir.

Quelques semaines après « La Nuée » de Just Philippot, voici un autre film de genre également récompensé au Festival du Film Fantastique de Gérardmer. Prix du Jury (ex-aequo avec « Sleep » du cinéaste allemand Michael Venus) et Prix du Jury Jeunes, « Teddy » (sortie le 30 juin) réalisé par Ludovic et Zoran Boukherma aurait assurément réjoui le public géromois, potache et connaisseur, si le festival n’avait pas été contraint à une édition en ligne. Cette sympathique pochade un peu bricolée avait déjà reçu le prestigieux label Cannes 2020, et avait été projetée « pour de vrai » au Festival de Deauville, où elle avait bien diverti le public.

« Teddy » est incarné par Anthony Bajon (vu dans « Au nom de la terre » et « La Prière »), c’est un jeune branleur de campagne, qui vit quelque part dans le sud de la France, avec une tante impotente et un oncle peu benêt. Masseur en blouse rose, il travaille un peu dans un salon de massage dirigé par une patronne pressante (inénarrable Noémie Lvovsky) ; et s’accroche à sa copine blonde Rebecca (Christine Gautier), petite bourge qui s’apprête à le larguer et s’imagine ailleurs que dans leur village paumé, tandis que Teddy fait des projets sur place.

L’appel nocturne de la forêt

Alors qu’un loup rôde dans la région et attaque les moutons, Teddy est mordu par un animal, deux crocs plantés dans le dos une nuit de pleine lune ; le jeune homme constate les transformations de son corps, les poils lui poussent sur la langue, les ongles s’allongent, il ne peut résister à l’appel nocturne de la forêt, avant de se retrouver nu et ensanglanté, aux petits matins, sans trop savoir ce qu’il a fait durant la nuit. Rejeté par Rebecca et ses copains futurs bacheliers, môme sans diplôme ni avenir, marginal pas né du bon côté, Teddy à la bonne tête d’ado buté va laisser exploser sa rage. La soirée de loto dans la salle des fêtes communale sera sanglante.

Emballé dans un distrayant film de loup-garou, bourré de références au cinéma américain, « Teddy » est aussi une chronique sociale et rurale. Les jeunes frères jumeaux Ludovic et Zoran Boukherma racontent une France rurale, populaire et oubliée, dans laquelle ils ont grandi, ainsi qu’une une certaine « honte de classe ». C’est la vengeance du rejeté, de l’exclu et du mal-aimé, qui après le massacre rentre tranquillement à l’aube manger ses Chocapic.

Cet été, les frangins vont tourner « L’année du requin », avec notamment Kad Merad et Marina Foïs, « le premier film de requins français », avec une bestiole à aileron qui rôde dans la Baie d’Arcachon. Un croquemitaine marin qui risque d’être tout aussi saignant que « Teddy ».

Patrick TARDIT

« Teddy », un film de Ludovic et Zoran Boukherma, avec Anthony Bajon (sortie le 30 juin).

Teddy s’accroche à sa copine blonde Rebecca (Christine Gautier), petite bourge qui s’apprête à le larguer et s’imagine ailleurs que dans leur village paumé.
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