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« Hospitalité » selon Fukada

A découvrir, ce film inédit du cinéaste japonais qui a tourné « L’infirmière » et « Harmonium », avant « Le soupir des vagues » qui sortira cet été.

Devant la petite imprimerie, la famille Kobayashi avec leurs premiers invités.

Du cinéaste japonais Kôji Fukada, les cinéphiles français avaient notamment apprécié « Harmonium » et « L’infirmière ». Cet été leur donnera l’occasion de découvrir et redécouvrir plusieurs de ses films, à commencer par « Hospitalité » (sortie le 26 mai), suivi par « Le soupir des vagues » (4 août), ainsi que la grande fresque amoureuse au label Festival de Cannes 2020, « Suis-moi je te fuis » et « Fuis-moi je te suis » (films distribués par Art House Films).

Dans « Harmonium », un ancien ami s’immisce dans le quotidien et l’intimité d’une famille, et le même schéma figurait déjà dans « Hospitalité », film de 2010. Dans un paisible quartier de Tokyo, surveillé par un vigilant comité, la famille Kobayashi vit dans une petite imprimerie dirigée par Mikio ; il y a là aussi sa fille, sa jeune et nouvelle épouse, ainsi que sa sœur divorcée et de passage. Dans cette petite rue, le linge pend aux fenêtres, et le bruit des machines de l’imprimerie rythme un quotidien tranquille. Seul souci du moment des Kobayashi, la perruche de la fillette, échappée de sa cage, envolée, perdue, disparue.

Un Japon se méfiant de « l’étrangeté »

« Je viens pour l’oiseau », dit un homme qui se présente, l’avis de recherche à la main, assurant savoir où s’est réfugié le volatile. Fils d’une vieille connaissance, il va finalement se faire embaucher dans l’imprimerie et héberger dans la maison. D’abord sérieux, l’employé se révèle du genre manipulateur, à tout gérer et s’immiscer tel un parasite chez ses hôtes bienveillants. Débarque sans prévenir sa soit-disante épouse, une grande blonde étrangère qui fait craquer le patron, suivie plus tard de nombreux « amis », squatteurs, étrangers, réfugiés, qui s’entassent dans la petite maison complètement envahie, au grand dam des propriétaires impuissants.

Une joyeuse fête qui devait rapprocher tout le monde sera vite interrompue par les voisins et la police. L’hospitalité montre ainsi ses limites dans ce film plaisant, avec de petits airs de comédie italienne. Dans un Japon se méfiant de « l’étrangeté », Kôji Fukada évoque ainsi avec légèreté la xénophobie, l’immigration, l’exclusion ; une société où l’hostilité ne favorise pas l’hospitalité.

Patrick TARDIT

« Hospitalité », un film de Kôji Fukada (sortie le 26 mai). A venir : « Au revoir l’été » (9 juin), « Le soupir des vagues » (4 août), « Sayonara » (11 août), « L’infirmière » (25 août), « Suis-moi je te fuis » et « Fuis-moi je te suis ».

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