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Metz : Journées européennes de la culture juive

Dimanche, 16 décembre 2018 dans les grands salons de l’hôtel de ville de Metz, colloque intitulé « Raconter » présenté par l’Académie nationale de Metz et l’Association des journées européennes de la culture juive Lorraine.

Journées européennes de la culture juive à Metz
Journées européennes de la culture juive à Metz

Ce sont des récits qui, souvent à notre insu, contribuent à nous définir, à faire de nous ce que nous sommes sous bien des aspects, parfois contradictoires, de notre être ; des récits avec leur côté mythique même quand ils prétendent décrire des évènements qui ont bien eu lieu, et qui décrivent si bien la réalité, même quand il s’agit de mythes. C’est ce que le colloque que présentent conjointement l’Académie Nationale de Metz et l’Association des Journées Européennes de la Culture Juive- Lorraine se proposent de faire découvrir, sous des angles variés, historique, mythique, philosophique, religieux ou sociologique.

9h30 | Accueil

10h-10h30 | Allocutions introductives et présentation du colloque
Jean-François MULLER, président de l’Académie nationale de Metz
Désirée MAYER, présidente JECJ-Lorraine et présidente honoraire JECPJ-France
Isabelle KAUCIC, adjointe, représentera Monsieur le Maire de Metz

10h30 |
Le récit et ceux qui le portent

Présidence : Jacques Sicherman, ingénieur Général honoraire des Ponts et Chaussées, membre titulaire de l’Académie nationale de Metz

Pr. Philippe WALTER, professeur émérite à l’Université de Grenoble-Alpes, membre de l’Académie nationale de Metz
Raconter un mythe pour apprendre la langue des oiseaux.

« Que racontent les mythes » et « Pourquoi raconter des mythes ? » sont deux questions centrales mais différentes. Les réponses sont multiples et incertaines. Peut-être alors faudrait-il lier les deux questions et se demander s’il n’existe pas des mythes qui racontent pourquoi il faut raconter des mythes ? Rien ne valant l’observation directe du mythe en action, on partira de trois exemples : un mythe scandinave, un mythe gaélique (irlandais) et un mythe grec. On les rapprochera d’un conte portant le n° 673 de la classification internationale des contes (« La viande de serpent qui apprend le langage des animaux »). On arrivera au seuil d’un très grand texte de l’Humanité que les auditeurs n’auront aucun mal à reconnaître. Il restera à se demander alors si le mythe, modèle du conte, ne serait justement pas un défi à l’intelligence humaine.

Faut-il brûler le roman national?

Le Professeur Philippe Walter, professeur émérite à l’Université de Grenoble-Alpes, a enseigné huit ans (1982-1990) en Sorbonne comme assistant agrégé avant d’exercer comme professeur de littérature française du Moyen Âge à l’Université de Grenoble pendant 23 ans. Il y a dirigé le Centre de Recherches sur l’imaginaire (fondé par Gilbert Durand) de 1999 à 2013 avant de cofonder l’actuel Centre International de recherches sur l’imaginaire (CRI2i). Ses travaux portent sur la langue, la littérature et les mythologies du Moyen Âge. Auteur d’une cinquantaine d’ouvrages (dont six « Pléiade ») et de 200 articles scientifiques (dont certains traduits en 9 neuf langues), il a donné des conférences et séminaires en Europe de l’est et de l’ouest, Afrique du nord et du sud, Extrême-Orient (20 missions au Japon), Amérique du nord et du sud. Docteur honoris causa en 2008, il est membre associé libre de l’Académie nationale de Metz.

M. Jean Bernard LANG, docteur en histoire, membre de l’Académie nationale de Metz
Les historiens racontent. Faut-il brûler le ″ Roman National ″ ?

L’Histoire est la mémoire du passé, mais chacun sait que la mémoire des hommes est lacunaire, fragile et subjective. Malgré cela, de tous temps, ils ont voulu la transmettre à leurs descendants, la raconter. Selon les époques, les régions, les mentalités ou les objectifs, cette histoire n’est pas la même. Œuvre recréée, manipulée, elle a varié en fonctions des croyances, des mythes, de sorte qu’il est parfois difficile d’en retrouver l’intégralité. Celle-ci se niche au cœur de l’accumulation des récits et on doit la chercher dans l’historiographie comme on pèle un oignon, non sans pleurer parfois. L’historien a perdu ses certitudes mais il est devenu le défenseur d’une des principales libertés démocratiques, celle qui rappelle aussi bien aux militants de la mémoire qu’aux tenants du pouvoir ce que le passé autorise à dire et ce qu’il ne permet pas.

Jean-Bernard Lang a exercé pendant 34 ans la profession de pharmacien à Metz tout en menant de pair des études d’histoire à Metz puis à la Sorbonne. La retraite venue, il a soutenu sa thèse d’histoire moderne à l’université de Nancy 2. Il est aussi l’auteur de plusieurs ouvrages, historiques ou romans historiques, et de nombreux articles consacrés soit à l’histoire juive mosellane, soit à celle de la justice du XVIIIe siècle dans notre région. Il est membre titulaire de l’Académie
Nationale de Metz

M. Francis KOCHERT, président du festival « Passages », ancien grand reporter dans la presse quotidienne régionale, membre de l’Académie nationale de Metz. Grands reporters, du journalisme à la littérature

Le développement de l’industrialisation des outils d’impression a permis à la presse écrite quotidienne de connaître des tirages à des millions d’exemplaires à partir de la fin du XIXe siècle. C’est dans ce contexte économique favorable qu’apparaissent les plumes des grands reporters comme Jack London, Albert Londres ou Joseph Kessel. Héritiers des feuilletonistes, ils racontent le monde et ses soubresauts dans de longues séries de reportages engagés, palpitants, souvent repris sous forme de livres. Ils seront à l’origine d’un genre littéraire à part entière. Cette véritable école de reporters romanciers – mais aussi d’écrivains journalistes comme Blaise Cendrars, ou Ernest Hemingway – va trouver son prolongement jusqu’à nos jours. C’est vrai notamment aux Etats-Unis avec le « nouveau journalisme » qui fera les beaux jours du magazine Rolling Stone vers les années 1968, mais aussi en France – malgré une crise dramatique de la presse écrite – dans le creuset du quotidien Libération où vont émerger les plumes de grand reporters et auteurs comme Jean-Pierre Perrin, Jean Hatzfeld ou Sorj Chalandon.

Né à Metz en 1950, Francis Kochert a exercé le métier de journaliste durant une trentaine d’année, notamment au Républicain Lorrain où il était grand reporter. Il a également publié une douzaine d’ouvrages, dont ″ Témoins du XXe siècle ″ (Casterman) ou ″ Paroles de murs ″ (Hoëbeke) sur les lieux de conflit dans le monde.
Photographe, conférencier, il est membre du Comité littéraire Erckmann-Chatrian, président du festival international de théâtre Passages et à contribué à l’orientation thématique Journalisme et littérature du festival Le Livre à Metz lorsqu’il en était membre du comité.

12h-12h30 | Débat

PAUSE DÉJEUNER

14h30

Le récit et la construction d’une identité collective

Présidence : Désirée Mayer, présidente honoraire de l’association des Journées européennes de la Culture et du Patrimoine Juifs – France (JECPJFrance) et de l’association JECJ Lorraine, membre titulaire de l’Académie nationale de Metz
Mme Elena DI PEDE, professeur à l’Université de Lorraine, membre de l’Académie nationale de Metz

Tu raconteras à ton fils… (Exode 13,14)
Comment le récit façonne la mémoire et l’identité de l’Israël biblique

Au commencement… ou, dit autrement: il était une fois… Par un art consommé du récit et une grande intelligence narrative, les récits bibliques honorent cette caractéristique fondamentale de l’humain qui est celle de (se) raconter pour se construire, pour se donner une identité, pour se comprendre et agir au cœur de son monde. Ainsi, l’Israël biblique raconte et se raconte en premier lieu dans la
Torah, ce grand récit fondateur qui « met en intrigue » un peuple qui naît, qui grandit, qui se cherche et se construit en relation aux autres et à l’Autre. Au travers de la loi et des enseignements (les deux sens du mot hébreu torah) à son sujet, le récit construit un espace et un temps où, de génération en génération, les fils peuvent rencontrer les pères et leurs expériences pour ainsi apprendre à vivre.

Après des études de philologie biblique et une thèse en théologie à l’Université catholique de Louvain ayant pour objet la construction narrative des chapitres 32-45 du livre de Jérémie, Elena Di Pede arrive en 2008 à Metz comme enseignant-chercheur. Professeur au département de théologie de l’Université de Lorraine et membre du centre de recherches Ecritures (EA 3943), ses recherches portent essentiellement sur les livres prophétiques de la Bible et les conventions littéraires qui y sont à l’œuvre. Elle est membre correspondant de l’Académie Nationale de Metz depuis 2017.

M. Jacques SICHERMAN, Ingénieur Général honoraire des Ponts et Chaussées, membre de l’Académie nationale de Metz
L’Histoire ou « des histoires ?
Les quatre visages du cosaque Chmielnicki

La révolte suscitée en Ukraine par Chmielnicki contre la domination de la noblesse polonaise s’est traduite par des massacres horribles qui ont marqué pour des siècles la mémoire juive. Et pourtant, pour les Russes, ce chef cosaque est un héros, celui qui a su ramener les frères d’Ukraine dans la mère patrie. Et même l’Ukraine d’aujourd’hui, malgré cette domination russe de plus de trois siècles dont certains lui attribuent la responsabilité, en refait l’un des marqueurs de son récit national. Quant à la conscience historique polonaise, l’ombre portée de la catastrophe politique qu’a été pour ce pays cette révolte, avec la fin de son extraordinaire puissance, ramène la disparition des juifs d’Ukraine dans des conditions atroces à la dimension d’un ″ détail ″ de son histoire. Des récits contradictoires nécessaires à l’émergence d’un sentiment d’unité au sein de peuples d’une Europe orientale au destin historique fragile ?

Ingénieur général honoraire des Ponts, Eaux et Forêts, Jacques Sicherman est un ancien élève de l’École Polytechnique, de l’École Nationale des Ponts et Chaussées et de l’Université de Californie à Berkeley. Il s’est vu confier des postes de responsabilité aux niveaux départemental, régional, national et international dans des domaines aussi variés que les grands travaux d’infrastructure, les transports, l’urbanisme, le logement, l’eau, etc… Il est membre titulaire de l’Académie nationale de Metz

Invité d’honneur :
M. Marc Alain Ouaknin, docteur en philosophie, professeur des universités, Raconter c’est guérir.
Les fondements de la Bibliothérapie dans l’œuvre de Rabbi Nahman de Braslav (1772-1810)

Marc Alain Ouaknin
Marc Alain Ouaknin

Dans ses Liqouté Moharan, Rabbi Nahman de Braslav écrit cette phrase qui peut être considérée comme l’une de ses sources importantes de la Bibliothérapie : « Je vais vous raconter des histoires et vous allez guérir ». Dans le style très particulier de ces maîtres du hassidisme qui ont donné une tournure existentielle à l’enseignement kabbaliste de Rabbi Isaac Louria, Rabbi Nahman offre un développement sur la fonction du récit dans le parcours de guérison, du corps et de l’esprit, qui passe par un travail à la fois de la narration et de l’herméneutique des textes.
Les hommes « dorment leurs vie », écrit-il, c’est-à-dire passent à côté de l’existence, de cette vie qui vaut vraiment la peine d’être vécue, et il faut dès lors les réveiller. Mais comment réveiller un dormeur sans lui donner envie de de rendormir immédiatement ? Comment lui parler sans qu’il oppose à la parole thérapeutique une fin de non-recevoir, ou autrement dit, comment déjouer la censure avec laquelle le dormeur protège son sommeil ?
En une exégèse où sont convoqués à la fois les textes de la Bible, du Talmud et de la Kabbale, Rabbi Nahman propose un chemin de guérison dont le fait de raconter des histoire est le principe directeur, une exégèse qui permettra de mieux comprendre pourquoi ce grand maître termina sa courte vie (38 ans) par la publication bilingue hébreu-yiddish d’un recueil de contes, les célèbres sipouré ma’assiyot, que Martin Buber retraduira en allemand et qui seront l’un des livres de chevet de Franz Kafka et peut-être l’une de ses inspiration majeures.
La conférence exposera et approfondira ces fondements de la Bibliothérapie chez Rabbi Nahman de Braslav en dialogue avec la philosophie et la psychanalyse.

Marc-Alain Ouaknin est professeur des Universités (Université de Bar-Ilan, Israël), chercheur à l’IRETS (Institut de Recherche sur la Traduction et la Transmission des Textes Sacrés) et producteur de l’émission « Talmudiques » sur France Culture. Auteur de plus d’une trentaine d’ouvrages traduits dans le monde entier, il est l’un des initiateurs en France de la Bibliothérapie dont il a présenté les bases théoriques dans son livre Bibliothérapie, lire c’est guérir aux éditions du Seuil en 1994. (Traduction en portugais, Biblioterapia, Edições Loyola, 1996, et en espagnol (Mexique) chez Oceano, Biblioterapia:
Leer es sanar, 2016). Parallèlement il mène le projet d’une nouvelle traduction de la Bible dont le premier tome sortira chez Diane de Selliers en 2019. Il prépare aussi un nouvel ouvrage consacré à la Bibliothérapie dans lequel il revisite les Évangiles relus à la lumière des sources hébraïques, talmudiques et kabbalistes.

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