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« Comment les États-Unis contribuent-ils à affaiblir l’économie française ? »

C’est un « rapport d’alerte » explosif de l’Ecole de guerre économique qui tombe à point nommé après l’annulation du « contrat du siècle » des sous-marins destinés à l’Australie et en pleine campagne pour l’élection présidentielle.

Rapport Ecole de guerre Economique (EGE)

La direction de l’Ecole de Guerre Economique a estimé nécessaire de produire un ‘’rapport d’alerte’’ sur la manière dont les Etats-Unis ont affaibli la France sur le plan économique, depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Le rapport a été rédigé dans le cadre des travaux réalisés par les auditeurs de la 36ème promotion du MBA Exec Management Stratégique et Intelligence Economique (MSIE) sous la direction de Christian Harbulot.

De Gaulle et Mitterrand

« Le sujet est encore tabou dans le débat politique mais aussi dans le périmètre de recherche des centres de recherche officiels français, préviennent les auteurs. Son importance n’est pas anecdotique et mérite une grille de lecture adaptée à cette relation d’allié/adversaire qui relève désormais du cas d’école ».
En exergue, deux citations. « Les décisions se prennent de plus en plus aux États-Unis. Il y a un véritable transfert de souveraineté. […] Les vues du Pentagone sur la stratégie planétaire, les vues du business américain sur l’économie mondiale nous sont imposées. » (Charles de Gaulle, propos recueillis par Alain Peyrefitte, 04 janvier 1963, C’était de Gaulle).
« La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mort apparemment. Oui, ils sont très durs les Américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde. C’est une guerre inconnue, une
guerre permanente, sans mort apparemment et pourtant une guerre à mort. » (François Mitterrand, propos recueillis par Georges-Marc Benamou, Le Dernier Mitterrand).

L’Europe sous influence américaine

Dans cette étude de 180 pages, excellemment documentée, les auteurs démontrent comment l’Amérique a façonné l’ordre mondial à son avantage exclusif après 1945. Création de l’ONU, puis de l’OTAN, (un outil pour imposer la vente d’armement américain aux pays membres encore aujourd’hui). Mais aussi la construction européenne avec un acteur essentiel, Jean Monnet, qui fut avant-guerre, vice-président de la banque américaine Blair and Co., liée à la Chase Manhattan Bank et à la famille Rockefeller. Il occupa aussi le poste de vice-président de la Bancamerica-Blair Corporation et de la Holding Transamerica Corporation, permettant de faire le lien entre les financiers américains et français.
« Les références aux États-Unis imprègnent la politique de construction européenne, constatent les auteurs de ce rapport. (…) Les Américains ne voient pas dans les nations européennes des partenaires, mais des vassaux ».
Cette vassalité explique par exemple l’échec du « plan Calcul » lancé en 1966 par le Général de Gaulle sous l’impulsion de Michel Debré, ministre de l’Économie et des Finances et destiné à assurer l’indépendance du pays en matière de gros ordinateurs. « C’est sans doute l’une des raisons qui expliquerait pourquoi l’industrie du numérique européenne peine toujours à exister ».

The Amican Way of Life

La domination mondiale américaine s’exerce après les accords de Bretton-Woods (1944) lorsque le dollar devient la seule monnaie convertible en or. Ensuite comme seule devise autorisée pour les échanges concernant le pétrole extrait d’Arabie Saoudite.
L’aide américaine du plan Mashall n’a rien de désintéressée. Elle permet de façonner l’économie des pays européens au profit des États-Unis. La consommation de masse dans l’esprit de « l’Américain Way of Life » permet aussi de façonner la pensée des Européens, de promouvoir la culture américaine (à travers son cinéma, sa musique, sa littérature, son mode de vie).
Mieux. « Les États-Unis s’intéressent ouvertement aux élites des pays alliés avec la fondation Young Leaders, créée en 1981, qui mélange chaque année une douzaine de jeunes prometteurs avec des élites américaines de la même tranche d’âge. Citons José Manuel Barroso, Mario Draghi, Nicolas Sarkozy, Nicolas Dupont Aignan, François Hollande… Sous couvert de relations franco-américaines et de création de réseaux, les valeurs américaines sont distillées aux futurs responsables européens ».

L’extra-territorialité du droit américain

Les Etats-Unis imposent leurs lois économiques permettant de sanctionner, partout dans le monde, des pays ou des entreprises qui gênent leurs activités. Et pratiquent l’espionnage à outrance (avec la CIA et la NSA) L’intelligence économique devient une priorité.
Ainsi, fut-il procédé pour la déstabilisation d’Alsthom par Général Electic.
Manipulation de l’information, boycott, embargo d’entreprises concurrentes permettent aux Etats-Unis de régner sur le monde. Les exemples français sont légion : déstabilisation de Sodexo, sanctions financières contre BNP-Paribas, Crédit Agricole, Société Générale, etc.
L’espionnage économique post Patriot Act, ouvre la voie à un usage massif des dispositifs de renseignement et d’espionnage, il met en exergue la porosité entre le monde du renseignement, le monde politique et économique.
Ajoutons à cela la captation des élites, l’influence dans la sphère politique, la domination du monde de la recherche et de l’innovation, l’irruption de cabinets de conseils dans les affaires publiques, les prises de participation financières…. Voilà comment les USA contribuent à affaiblir l’économie française.

Le rapport donne une « chronologie analytique des manœuvres américaines d’affaiblissement de l’économie française » en rappelant les faits, les acteurs et les enjeux. Comme les échecs de Naval Group au Canada, en Russie et en Australie.

Le rapport de l’École de guerre économique

America first ou America über alles ?

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