Les deux incendies volontaires sur des câbles de signalisation et de communication qui ont paralysé la Ligne à Grande Vitesse Paris Sud-Est, le 28 octobre 2025, n’est pas sans rappeler l’affaire de Tarnac de 2008. Explications.

Dans la nuit du dimanche 27 au lundi 28 octobre, un incendie a détruit des câbles de signalisation et de communication de la ligne à grande vitesse Sud-Est, au sud de Valence. Cet incident a perturbé les déplacements d’au moins 50 000 voyageurs lundi, bien que le trafic ait repris normalement ce mardi matin.
Piste privilégiée : la mouvance d’ultragauche
Les enquêteurs privilégient la thèse d’un acte intentionnel commis par la mouvance d’ultragauche. Plusieurs éléments orientent vers cette hypothèse :
- Double incendie : Quelques minutes avant l’incendie des câbles SNCF (vers 4h), un autre feu a été signalé vers 3 h 30 dans une carrière voisine. Cinq engins de chantier appartenant au groupe Cheval (entreprise de BTP participant au projet controversé de l’échangeur autoroutier de l’A7) ont été détruits, causant plusieurs millions d’euros de dégâts.
- Mode opératoire : Il correspond aux actions habituelles de l’ultragauche dans ce secteur, connu pour être un lieu d’action privilégié de cette mouvance contre les chantiers d’infrastructures.
- Revendication : Un poème intitulé « Attaque contre Cheval BTP et la SNCF » a été publié sur la plateforme anarcho-libertaire Indymedia, faisant référence à ces événements et à d’autres projets contestés (A69, Saint-Péray).
Le ministre des Transports Philippe Tabarot souligne qu’il est impossible de sécuriser totalement les 28 000 km du réseau ferroviaire français, malgré les moyens déployés (100 millions d’euros par an).
L’affaire dite de Tarnac
Les faits commis ce 28 octobre 2025 rappellent étrangement des actes synchronisés commis en novembre 2008 (incidents de Tarnac). Plusieurs groupuscules s’étaient déjà attaqués simultanément à plusieurs lignes TGV, endommageant les caténaires et provoquant la paralysie des trains. Les jeunes du groupe de Tarnac ont été relaxés dix ans plus tard.
L’affaire commence dans la nuit du 7 au 8 novembre 2008 lorsque quatre crochets métalliques sont suspendus aux caténaires de plusieurs lignes TGV provoquant la paralysie du trafic ferroviaire en ce début de long week-end du 11 novembre.
Un sabotage du réseau ferré. Du jamais vu depuis la dernière guerre sur le territoire français. Qui a posé ces fers à bétons en pleine nuit sur des caténaires chargées à 25.000 volts ?
Trois jours plus tard, le 11 novembre, une dizaine de personnes sont interpellées à Tarnac, sur le plateau de Millevaches, en Corrèze, au cours d’une opération à grand spectacle, l’opération « Taïga ». La police affirme avoir mis hors d’état de nuire « un groupe appartenant à l’ultragauche » dont Julien Coupat, serait « le chef charismatique ». L’enquête est confiée au parquet antiterroriste de Paris. Les jeunes de Tarnac sont jetés en prison.
Les perquisitions menées à la ferme du Goutailloux, à Tarnac, où les suspects vivent en communauté, n’ont rien donné. Pourtant, alors que les perquisitions sont toujours en cours, la ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie, accuse : les suspects, dit-elle, « appartiennent à l’ultragauche, mouvance anarcho-autonome ».
« La lutte armée »
Le 14 novembre, le procureur de Paris, Jean-Claude Marin, faisant fi de la présomption d’innocence déclare au cours d’une conférence de presse : « Il y a une sorte de noyau dur composé de cinq personnes qui va se voir, demain, reprocher par le parquet, pour l’un d’entre eux, le fait d’être le dirigeant d’une structure à vocation terroriste… Ce noyau dur avait conçu la création d’une structure qu’ils appelaient la “cellule invisible” et qui avait pour objet la lutte armée… ». Il ajoute : « Il n’est pas exclu que ce groupe ait envisagé des actions violentes et notamment contre des personnes ».
Dix ans après les faits, huit prévenus ont comparu devant la 14ᵉ Chambre du Tribunal de Paris. Tous ont été relaxés. Le procès a été celui de la police et de la justice qui étaient allées un peu vite en besogne.
Espérons, cette fois, que les enquêtes ouvertes après le sabotage des lignes LGV du sud-est de la France du 28 octobre 2025 conduiront les enquêteurs aux véritables auteurs de ces actes inqualifiables, qu’ils appartiennent à l’ultra-gauche ou à l’ultra-droite, et qu’ils seront mis hors d’état de nuire.