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Guerre Israël-Iran : quels impacts sur l’économie mondiale et française ?

Plusieurs scénarios sont possibles, analyse l’économiste Marc Touati, qui constate que les marchés boursiers réagissent avec une relative sérénité. Mais tout peut changer rapidement.

Marc Touati
Marc Touati

Trois scénarios possibles pour l’avenir géopolitique

Face à l’escalade entre Israël et l’Iran, trois scenarios se dessinent. Le premier, le plus dramatique, serait un embrasement mondial impliquant les grandes puissances – Pakistan, Inde, États-Unis, Russie — dans une troisième guerre mondiale. Le deuxième envisage un conflit régional prolongé avec une flambée des cours du pétrole, particulièrement si l’Arabie Saoudite s’implique ou si le détroit d’Ormuz est bloqué.

Le troisième scénario, plus optimiste, mise sur l’effondrement du régime des mollahs iraniens et une pacification de la région. Cette hypothèse pourrait déboucher sur des accords de paix régionaux incluant l’Arabie Saoudite, entraînant une baisse des cours du pétrole et un rebond de la croissance mondiale.

Les marchés financiers restent sereins

Contrairement aux précédentes crises géopolitiques, les marchés boursiers réagissent avec une relative sérénité. Le CAC 40 n’a baissé que de 1% entre le 13 et le 17 juin, loin des chutes de 12% observées au début de la guerre en Ukraine ou des 16% lors des tensions commerciales sino-américaines.

Les bourses américaines affichent une stabilité encore plus marquée, avec une baisse d’à peine 1% depuis le début du conflit. L’indice de volatilité VIX reste modéré autour de 20-21, bien en deçà des pics de 50 atteints lors des crises précédentes. Paradoxalement, la bourse de Tel-Aviv a même gagné 2,8% entre le 12 et le 17 juin.

Le pétrole, indicateur clé de l’escalade

Le prix du baril constitue le véritable baromètre du conflit. Après avoir augmenté de 60 à 76 dollars, les cours restent loin des 130 dollars atteints au début de la guerre en Ukraine. Cette relative modération suggère que les marchés anticipent une limitation du conflit, malgré l’implication de pays producteurs majeurs.

L’or a toutefois atteint un nouveau record historique à 2444 dollars l’once le 15 juin, reflétant une demande de valeur refuge, même si les investisseurs ne croient pas à un embrasement généralisé.

La France face à ses propres démons économiques

Au-delà des tensions géopolitiques, la France affronte ses propres difficultés. Les relations diplomatiques se tendent avec les États-Unis, Donald Trump ayant publiquement critiqué Emmanuel Macron sur les réseaux sociaux : « Emmanuel se trompe toujours« , une déclaration qui illustre l’affaiblissement de la crédibilité internationale française.

Sur le plan économique, la dette publique française a augmenté de 920 milliards d’euros depuis 2020, tandis que le PIB n’a progressé que de 490 milliards sur la même période. Cette dérive budgétaire, combinée à l’absence de majorité à l’Assemblée nationale et au report du « conclave » sur les retraites, maintient les taux d’intérêt français à des niveaux élevés (3,3%).

L’inflation : entre accalmie temporaire et risques de reprise

En France, l’inflation a reculé à 0,7% en glissement annuel, son plus bas niveau depuis 2020, grâce principalement à la baisse des prix énergétiques (-8,8% en quatre mois). Cependant, cette amélioration reste fragile : les prix alimentaires continuent d’augmenter (+1,7% en cinq mois), pénalisant particulièrement les ménages modestes.

Aux États-Unis, l’inflation remonte à 2,4%, dépassant l’objectif de 2% de la Réserve fédérale, ce qui limite les perspectives de baisse des taux d’intérêt et maintient la pression sur les marchés obligataires.

La Chine profite des tensions commerciales

Paradoxalement, la Chine tire son épingle du jeu avec un excédent commercial record de 1127 milliards de dollars sur douze mois, dont 103 milliards rien qu’en mai. Ses réserves de change atteignent 3285 milliards de dollars, lui donnant une marge de manœuvre considérable.

Le déficit commercial français vis-à-vis de la Chine s’élève déjà à 50 milliards d’euros, une situation qui pourrait s’aggraver si Pékin redirige ses exportations vers l’Europe pour compenser les restrictions américaines.

Prévisions de croissance maintenues malgré les incertitudes

Malgré ce contexte troublé, les prévisions de croissance mondiale restent fixées à 2,5% pour 2025, en dessous de la moyenne historique de 3,5%. Les États-Unis devraient croître de 1,9%, la zone euro de 0,8%, l’Allemagne de 0,2% et la France de seulement 0,4%, confirmant la faiblesse relative de l’économie française dans le concert des nations développées.

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