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« The Gazer », égarée dans une spirale

Sélectionné au Festival de Deauville, le premier film de Ryan J. Sloan est un thriller paranoïaque, avec une héroïne perdue dans le temps et dans sa vie, et des spectateurs tout aussi paumés.

Elaboré avec une intrigue en spirales, « The Gazer » est un film sombre, au récit désordonné.

« Concentre-toi, si tu décroches rembobine », Frankie, jeune femme fragile aux cheveux courts, se donne ces conseils à elle-même. Mieux, elle les enregistre sur des cassettes audio qu’elle écoute ensuite, et où elle compile les détails de sa vie, pour en intégrer les informations, des repères pour l’aider dans le quotidien, à s’ancrer dans le présent. Car Frankie est en fait atteinte de dyschronométrie, une maladie dégénérative qui perturbe sa perception dans le temps ; si elle sait où elle habite, elle ne sait pas quand.

Ariella Mastroianni incarne cette Frankie dans « The Gazer » (sortie le 23 avril), premier long-métrage de Ryan J. Sloan, l’actrice étant également coscénariste et coproductrice de ce film indépendant, bricolé avec de faibles moyens. Ce qui ne l’a pas empêché d’être sélectionné à la Quinzaine des Cinéastes à Cannes l’an dernier puis au Festival du Cinéma américain de Deauville. Car ce thriller paranoïaque a des qualités qui évoquent notamment le cinéma de David Cronenberg, et « Memento » de Christopher Nolan (sélectionné lui aussi à Deauville), dans lequel le personnage joué par Guy Pearce est tout aussi paumé que cette Frankie.

Un brouillard de cauchemars et de délires

Inévitablement virée de son job de pompiste pour défaut d’attention, menacée d’expulsion de son appartement, elle a perdu la garde de sa fille qui vit désormais avec sa belle-mère, et est hantée par la mort de son mari dont elle est peut-être responsable ou pas, ou bien peut-être s’est-il suicidé, ou pas. Coincée dans un brouillard mental de cauchemars et de délires, où le monde extérieur n’est que danger, Frankie souffre aussi de crises d’angoisse, de pertes de conscience, de solitude.

Elle entrevoit une porte de salut lorsqu’une autre jeune femme en rupture, rencontrée dans un groupe de parole, lui promet une belle somme en échange d’un service ; rien de grave, piquer les clés d’une voiture, la déplacer. Ce qui va évidemment l’entraîner malgré elle dans une histoire louche, une affaire criminelle dont elle n’est qu’un pion sans importance. Elaboré avec une intrigue en spirales, « The Gazer » est un film sombre, un récit désordonné, avec une héroïne perdue dans sa tête, dans le temps, dans sa vie, et qui partage son malaise avec le spectateur finissant lui aussi par être complètement égaré.

Patrick TARDIT

« The Gazer », un film de Ryan J. Sloan, avec Ariella Mastroianni (sortie le 23 avril)

Egalement coscénariste et coproductrice de ce film indépendant, Ariella Mastroianni incarne une jeune femme qui souffre de dyschronométrie.
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