Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme, alerte sur la prolifération des conflits et fustige les acteurs qui en bénéficient dans un monde en proie à l’instabilité.

Dans un exposé présenté devant le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à Genève, Volker Türk a dressé un tableau alarmant de la situation mondiale, marquée par 120 conflits actifs et des attaques délibérées contre les civils.
Des « profiteurs du chaos » pointés du doigt
Le Haut-Commissaire a fermement condamné les « autocrates, démagogues et profiteurs » qui exploitent les situations de crise à leur avantage, que ce soit par des tactiques de division, des pratiques commerciales prédatrices ou le pillage pur et simple. Il s’est notamment inquiété des tentatives de certains pays pour entraver le fonctionnement de la Cour pénale internationale (CPI), institution fondamentale de la justice internationale.
Préoccupations concernant les États-Unis
Sans nommer explicitement Donald Trump, Volker Türk a exprimé son inquiétude face au « changement de cap fondamental » des États-Unis. Il déplore que « de manière paradoxale, les politiques destinées à protéger les personnes contre la discrimination sont désormais qualifiées de discriminatoires » et que « les progrès en matière d’égalité de genre sont réduits à néant ».
Influence excessive des géants technologiques
Le Haut-Commissaire a également alerté sur le pouvoir démesuré des entreprises technologiques : « Un petit nombre d’oligarques de la tech non élus ont nos données : ils savent où nous vivons, ce que nous faisons, nos gènes et nos conditions de santé, nos pensées, nos habitudes, nos désirs et nos peurs. Ils nous connaissent mieux que nous ne nous connaissons nous-mêmes. »
Points chauds mondiaux sous surveillance
Ukraine
Trois ans après l’invasion russe, les civils ukrainiens continuent de souffrir, avec une augmentation de 30% des victimes civiles entre 2023 et 2024. Türk a insisté sur le fait que « toute discussion sur la fin de la guerre doit inclure les Ukrainiens et respecter pleinement leurs droits humains ».
Gaza et Cisjordanie
Le Haut-Commissaire a appelé à maintenir le « fragile cessez-le-feu » à Gaza et à la libération de tous les otages. Il s’est également alarmé de la situation en Cisjordanie, où l’on observe « l’utilisation d’armes et de tactiques militaires contre les Palestiniens » et « l’expansion des colonies illégales« .
Soudan
Le conflit au Soudan « menace d’exploser dans toute la région », avec des attaques dévastatrices contre des zones civiles densément peuplées et des infrastructures essentielles, aggravant une catastrophe humanitaire déjà critique.
République démocratique du Congo
Dans l’est de la RDC, l’escalade récente implique désormais des acteurs régionaux. Des milliers de personnes auraient été tuées lors d’attaques menées par le groupe armé M23, soutenu par les forces rwandaises, et des rapports font état de « viols, d’esclavage sexuel et d’exécutions sommaires ».
Haïti
La violence des gangs « a échappé à tout contrôle », causant la mort de plus de 5 600 personnes, sans compter les milliers de blessés et d’enlèvements.
Déshumanisation des migrants et réfugiés
Face à la polarisation croissante des sociétés, notamment lors des récentes campagnes électorales en Europe et en Amérique du Nord, Türk a dénoncé la déshumanisation des migrants et des réfugiés, « souvent qualifiés d’illégaux, de criminels, de vermine ou pire encore », un phénomène qu’il considère comme un « dangereux précurseur de la haine et de la violence« .
Dans une période de « turbulences et d’imprévisibilité », le chef des droits de l’homme de l’ONU @volker_turk a dénoncé lundi ceux qui tirent profit du chaos@UNHumanRights I @UN_HRChttps://t.co/3FxYQOdPpf
— ONU Info (@ONUinfo) March 4, 2025