Dans un entretien sans filtre, l’ancien ambassadeur espagnol José Zorrilla livre une analyse critique de la crise ukrainienne et dévoile les coulisses de la diplomatie européenne.
La transcription d’un entretien entre l’ambassadeur José Zorrilla et Pascal Lottaz révèle des perspectives rarement exprimées sur les relations entre l’Europe, la Russie et les États-Unis. Ancien diplomate espagnol ayant servi de 1973 à 2011, notamment comme ambassadeur en Géorgie, José Zorrilla partage une vision franche des événements qui ont mené au conflit actuel.
Les dessous diplomatiques de la crise ukrainienne
Selon l’ambassadeur Zorrilla, la communauté diplomatique professionnelle était parfaitement consciente de la préparation d’un changement de régime en Ukraine bien avant 2014. Il affirme que les accords de paix d’Istanbul entre la Russie et l’Ukraine avaient été initialement convenus, avant d’être abandonnés sous la pression américaine.
Le rôle contesté de l’Union européenne
L’ancien diplomate critique sévèrement l’alignement européen sur la position américaine, notamment concernant les sanctions contre la Russie. Il souligne le paradoxe d’une Europe qui, selon lui, agit contre ses propres intérêts stratégiques en suivant une politique d’hostilité envers son voisin russe.
La fracture entre politique et diplomatie
Un des aspects les plus révélateurs de l’entretien concerne la divergence entre les positions publiques des gouvernements européens et l’analyse de leurs corps diplomatiques professionnels. Zorrilla affirme que de nombreux diplomates partagent en privé une lecture très différente de la situation, mais ne peuvent l’exprimer publiquement.
Les perspectives de réconciliation
L’ambassadeur estime qu’une normalisation des relations avec la Russie est inévitable à terme, citant des précédents historiques comme la réconciliation franco-russe après l’époque napoléonienne. Il souligne cependant que ce processus pourrait prendre une dizaine d’années et nécessitera un changement significatif dans l’approche politique européenne.
L’entretien se conclut sur une note pessimiste concernant la capacité des dirigeants européens actuels à opérer ce changement de paradigme, l’ambassadeur estimant qu’un renouvellement générationnel sera probablement nécessaire pour permettre une véritable évolution de la politique européenne vis-à-vis de la Russie.