Soupçonné d’avoir employé ses deux filles, alors lycéennes, comme collaboratrices parlementaires, Bruno Le Roux est visé par une enquête du parquet national financier. Il est remplacé par Matthias Fekl, secrétaire d’Etat au commerce extérieur.
Au cours d’une brève allocution, ce mardi à 18 heures, le ministre de l’Intérieur Bruno Le Roux a annoncé avoir remis sa démission au président de la République. Il a affirmé que le travail de ses filles était « ponctuel et officiel, conforme aux règles juridiques des services de l’Assemblée nationale. Cependant, craignant qu’un « travail d’amalgame » soit préjudiciable au gouvernement Bruno Le Roux a choisi de démissionner.
Bruno Le Roux a été aussitôt remplacé place Beauvau par le secrétaire d’Etat au commerce extérieur et ancien député socialiste du Lot-et-Garonne Matthias Fekl.
Enquête de l’OCLIFF
Les choses n’ont pas traîné. Le parquet national financier (PNF) a ouvert ce mardi une enquête préliminaire pour détournement de fonds publics et recel après les révélations, la veille, dans l’émission « Quotidien » (TMC) selon lesquelles Bruno Le Roux, lorsqu’il était député socialiste de Seine-Saint-Denis, aurait embauché ses deux filles comme collaboratrices parlementaires quand elles étaient encore au lycée. Il s’agissait d’emplois en CDD, parfois de quelques jours durant les vacances scolaires. L’enquête a été confiée à l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF).
Job d’été
Interrogé par « Quotidien », Bruno Le Roux a confirmé les faits. Ses deux filles aujourd’hui âgées de 20 et 23 ans, ont bien cumulé, au cours de leur cursus scolaire de 10 et 14 CDD entre 2009 et 2016. Il s’agit de « boulot d’été auprès d’un parlementaire » a précisé le ministre de l’Intérieur à Quotidien. « Quand il faut faire du classement du classement, quand il faut faire un certain nombre de tâches parlementaires, je trouve que c’est une bonne chose. »
Reste que l’affaire est sensible après les révélations du Canard Enchaîné sur l’emploi présumé fictif de Pénélope Fillon qui ont donné lieu à l’ouverture d’une enquête préliminaire par le PNF puis à une information judiciaire et à la mise en examen de l’ancien Premier ministre, candidat à l’élection présidentielle.
L’affaire qui touche aujourd’hui Bruno Le Roux est d’autant plus cocasse que le ministre de l’Intérieur avait déclaré, à propos de l’embauche de l’épouse de François Fillon : « Cela ne devrait pas être autorisé. »
En tout cas « l’affaire » Le Roux embarrasse le gouvernement. Le Premier ministre, Bernard Cazeneuve estime que « lorsqu’on est attaché à l’autorité de l’Etat on doit être impeccable face aux institutions. »
M.G.