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L’élargissement de l’UE à l’Ukraine : un pari très risqué

Les demandes d’adhésion de l’Ukraine et de la Moldavie à l’Union européenne ont été officiellement annoncées lors du dernier sommet de Bruxelles. D’autres vont suivre. Faut-il s’en réjouir ?

Des milliards pour l'Ukraine (UnlimPhotos)
Des milliards pour l’Ukraine (UnlimPhotos)

S’il n’y a eu aucune adhésion d’un nouvel État à l’Union européenne depuis 2013, l’attaque de la Russie contre l’Ukraine en février 2022 a modifié le contexte géopolitique et relancé le processus d’élargissement de l’UE. Très fortement encouragée par les dirigeants européens et notamment par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, l’Ukraine a demandé son adhésion à l’UE le 22 février 2022, suivie par la Géorgie et la Moldavie, le 3 mars 2022.
En juin 2022, le Conseil européen décide d’accorder le statut de candidat à l’Ukraine et à la Moldavie. Des efforts de réformes ont été, en revanche, demandés à la Géorgie. Cette décision rapide a suscité des protestations parmi les pays des Balkans, en attente d’un élargissement depuis plusieurs années.

Sept nouveaux candidats

Dans son dernier rapport annuel sur l’élargissement, publié en novembre 2023, la Commission européenne recommandait l’ouverture des négociations avec l’Ukraine et la Moldavie, la prochaine étape avant une éventuelle adhésion. Elle saluait les progrès significatifs de ces deux pays dans des domaines tels que la réforme de la justice et la lutte contre la corruption. Finalement, lors d’un sommet à Bruxelles, les 14 et 15 décembre 2023, les dirigeants de l’UE ont décidé « ouvrir des négociations d’adhésion avec l’Ukraine et la Moldavie », a annoncé le président du Conseil européen Charles Michel.

Actuellement, sept États sont officiellement candidats à l’adhésion à l’UE : la Turquie, le Monténégro, la Serbie, l’Albanie, la Macédoine du Nord et, depuis le 23 juin 2022, l’Ukraine et la Moldavie. Deux autres pays ont déposé leur candidature et attendent que le statut de candidat leur soit accordé : il s’agit de la Bosnie-Herzégovine en 2016 et de la Géorgie en 2022.
L’Union européenne est aujourd’hui composée de 27 États membres, au terme de huit élargissements (adhésion de trois nouveaux pays en 1973, un pays en 1981, deux en 1986, trois en 1995, douze en deux vagues en 2004 et 2007 — dix en 2004 et deux en 2007 — et un en 2013) et le retrait du Royaume-Uni en 2020, depuis le Brexit. Bientôt, l’UE comptera-t-elle 36 membres ?

Les critères de Copenhague

L’annonce de l’adhésion programmée de l’Ukraine à l’UE ne réjouit pas tout le monde. Parce que l’on peine à croire que ce pays, aujourd’hui en guerre, puisse remplir « les critères de Copenhague » nécessaires pour adhésion à l’UE.
À savoir :

  • Des institutions stables garantissant la démocratie, l’État de droit, les droits de l’homme et le respect et la protection des minorités ;
  • Une économie de marché viable et la capacité de faire face à la concurrence et au marché de l’Union européenne ;
  • L’acquis communautaire, c’est-à-dire la capacité de mettre en œuvre les obligations découlant de l’adhésion, et notamment de souscrire aux objectifs de l’Union politique, économique et monétaire.

L’Ukraine répond-elle à ces exigences ? Difficile de répondre par l’affirmative sachant que l’Ukraine est un pays en guerre qui, depuis l’attaque de la Russie, n’est pas en mesure de se réformer. Le processus d’adhésion d’un pays en guerre est une ineptie, même si l’on sait bien que la guerre s’arrêtera un jour ou l’autre.
Mais c’est l’intégration d’un pays de 44 millions d’habitants qui pose question. Elle aura un impact terrible sur le fonctionnement des institutions européennes et sur le marché commun.

La politique agricole commune déstabilisée

Les agriculteurs allemands qui manifestent depuis deux semaines à Berlin l’ont bien compris. L’Ukraine, que l’on a longtemps appelé le grenier à blé de l’URSS, est riche de 40 millions d’hectares de terres cultivables (le double de la France) et se place en 6ᵉ position mondiale des producteurs de blé et de maïs, même si les critères environnementaux ne sont pas les mêmes que dans l’UE… Reste que l’entrée de l’Ukraine dans l’Union européenne aurait des conséquences catastrophiques sur la politique agricole commune (PAC).
Ce n’est pas seulement la PAC qui serait déstabilisée, c’est toute l’économie européenne. Car l’Ukraine est un pays connu depuis toujours pour être un pays où règne la corruption, comme nous l’avons déjà écrit. Le pays a reçu une pluie de dollars depuis le début de la guerre. L’UE et ses États membres ont mis à disposition de l’Ukraine et de sa population une aide de plus de 82 milliards d’euros :

  • plus de 31 milliards d’euros sous la forme de financement, d’appui budgétaire et d’aide humanitaire
  • 17 milliards d’euros d’aides pour les réfugiés dans l’UE
  • 27 milliards d’euros de soutien militaire
  • 9,45 milliards d’euros sous la forme de subventions, de prêts et de garanties fournis par les États membres de l’UE

Or, on sait qu’une partie de cette manne financière a été détournée. Le petit-fils du général de Gaulle croit savoir que 50% de cette manne est détournée de son véritable objectif. Et les États-Unis ont ouvert une enquête pour savoir où passait l’argent.
Bref, l’élargissement de l’Union européenne à l’Ukraine, que ce soit dans cinq ans ou dans vingt ans, n’est pas une bonne chose pour les 27 autres pays. L’Europe toute entière en serait déstabilisée et donc affaiblie.
Est-ce bien cela que veulent nos dirigeants ?

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