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Manifs et grèves de jeudi : les facteurs déterminants pour la suite

Point-de-vue– La France va vivre un jeudi noir, ce 19 janvier 2023. L’importance de la mobilisation dépendra de plusieurs facteurs. Analyse.

Bernard Aubin,
Bernard Aubin (DR)

Par Bernard Aubin

Transports terrestres, aériens, écoles, santé, énergie, police… et plus globalement fonction publique : presque aucun secteur n’échappera à la mobilisation lancée par un front syndical exceptionnellement unitaire.

Pour sa part, le peuple gronde pour des raisons diverses et variées : hausse des prix, chômage, dégradation constante des conditions de travail ou de vie, élargissement du fossé entre les plus riches et les plus pauvres, système de soin au bord du gouffre, fracture sociale, insécurité…

Le pire moment choisi pour lancer une réforme impopulaire. Un recul social qualifié de « juste » et « équitable » par un Gouvernement dans une ultime provocation avant l’affrontement.

Un cocktail explosif

Tous les ingrédients d’un cocktail explosif sont réunis comme jamais. Au point que nul ne doute de l’ampleur des manifestations et autres grèves qui émailleront notre pays ce jeudi.

Le Gouvernement a choisi de jouer délibérément avec le feu sur un énorme baril de poudre. Il renouvelle à grande échelle et en tous points le test grandeur nature mené par Emmanuel Macron à la SNCF lors de son premier mandat, avec l’espoir de gagner sur la durée.

Bien malin sera celui qui pourra prédire l’issue du bras de fer entre un Président et la majorité populaire qui l’a élu par défaut. Depuis des décennies, notre Terre est devenue une gigantesque bombe atomique capable d’exploser en quelques secondes. Et nous sommes toujours vivants… pour l’instant.

Colère et unité syndicale

Un conflit, c’est une alchimie. Comme pour une recette de cuisine, les bons ingrédients, même en quantité, ne suffisent pas à obtenir le meilleur plat. Une bonne dose de colère populaire, une unité syndicale, un appel interprofessionnel le plus large possible : les « meilleurs » ingrédients sont sur la table de travail et confiés à une équipe soudée de chefs étoilés.

Et après ? Un regard dans le rétroviseur s’impose : la « magie » du conflit de 95, déjà destiné à combattre une réforme des retraites (sous Alain Juppé), tient effectivement de la montée de la grogne, mais avant tout d’un effet IMPROBABLE de CATALYSE entre plusieurs revendications et corps de métiers. À l’époque, les syndicats avaient encadré, non sans efficacité, ce mouvement, plus qu’ils ne l’avaient initié.

Quitte ou double ?

Une alchimie comparable s’était opérée en 2016 au moment de la promulgation de la loi travail, dite loi El Khomri. L’une des clés de la « réussite » d’un mouvement est avant toute une réaction en chaîne aussi massive qu’improbable : émergence de coordinations, mobilisation des étudiants, « génération sociale spontanée » comme le mouvement des Gilets Jaunes. Pèsent aussi dans la balance les risques de déstabilisation liés aux probables interventions de casseurs et l’exploitation qu’en fera le Gouvernement.

La mayonnaise prendra-t-elle ce 19 janvier ? Les syndicats, exceptionnellement unis, demeurent très prudents sur le sujet. Ce sera « wait and see ». Et la suite « quitte ou double ».

Manifestation contre la reforme des retraites - 2010/10/02 - Paris, France(Myrabella / Wikimedia Commons / CC BY-SA 3.0 & GFDL)
Manifestation contre la reforme des retraites – 2010/10/02 – Paris, France(Myrabella / Wikimedia Commons / CC BY-SA 3.0 & GFDL)
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