Au lendemain de l’accord signé entre Kiev et Moscou pour exporter les céréales bloquées depuis le début de la guerre, le port d’Odessa a été frappé par des missiles. Les Russes ? Ils démentent. Alors, qui ?
C’est un acte de guerre particulièrement odieux. Reste à savoir à qui l’attribuer. Résumons.
Vendredi 22 juillet 2022, l’Ukraine et la Russie signent à Istanbul, avec la Turquie et l’ONU, un accord permettant l’exportation de près de 25 millions de tonnes de céréales bloquées dans les ports d’Odessa (mais aussi de Pivdenny et Tchornomorsk) sur la Mer Noire, depuis le début de la guerre. Selon les termes de cet accord, valable pendant 120 jours, les belligérants s’engagent à ne pas attaquer les navires marchands circulant dans un couloir sécurisé. La pénurie de céréales affecte de nombreux pays, surtout en Afrique. La Russie et l’Ukraine représentent, à elles deux, plus de 30% du commerce mondial de blé.
Vive émotion dans le monde
L’accord est signé vendredi. Or, le lendemain, samedi 23 juillet 2022, le port d’Odessa est touché par des missiles que Kiev attribue aux Russes.
« Le port d’Odessa, où les céréales sont traitées pour l’expédition, a été bombardé. Nous avons abattu deux missiles, et deux autres missiles ont touché le territoire portuaire où, évidemment, il y a des céréales » a déclaré le porte-parole de l’armée de l’air ukrainienne, Iouri Ignat.
Volodymyr Zelensky a aussitôt porté des accusations graves contre Moscou, accusant Vladimir Poutine de « cracher au visage de l’ONU ».
Les frappes du port d’Odessa, immédiatement après la signature d’un accord autorisant l’exportation des céréales, a soulevé une vague d’indignation dans le monde entier. Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, a condamné sans réserve ces attaques ignobles. Quant au chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, il a souligné « le mépris total de la Russie pour ses propres engagements ».
Plusieurs hypothèses
De son côté, la Russie a fermement démenti auprès de la Turquie être à l’origine des bombardements du port d’Odessa. Le ministre turc de la Défense, Hulusi Akar, a lui-même déclaré que « la Russie n’était pas impliquée dans l’attaque » en précisant qu’une enquête sérieuse était ouverte.
Cette affaire pose en tout cas de nombreuses questions.
- Soit la Russie a délibérément violé ses propres engagements et, comme le dit Zelensky, « Poutine a craché au visage de l’ONU ». Mais on voit mal l’objectif poursuivi par le maître du Kremlin. Il n’a rien à gagner en terme d’image, bien au contraire. Il a tout à perdre puisqu’une partie de ses céréales et autres produits étaient concernés par l’exportation. On ne comprend pas.
- Soit des dissidents haut-placés de l’armée russe ont bravé les ordres de Poutine et déclenché l’attaque sur Odessa pour nuire au chef suprême et mieux discréditer celui qui les conduit à la catastrophe.
- Soit, enfin, les Russes n’ont rien à voir avec l’odieuse attaque du port d’Odessa et il faut alors s’interroger sur la monstrueuse manipulation de l’information qui prévaut depuis le début de cette guerre. Du billard à six bandes.
Des trois hypothèses posées ici, une seule retient notre attention : À qui profite le crime ?