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Présidentielle : La bombe McKinsey

L’enquête du parquet national financier ouverte pour « blanchiment aggravé de fraude fiscale » met le président-candidat Macron dans une position très délicate à quelques jours du scrutin.

discours du président de la République le 14 juin 2020
discours du président de la République le 14 juin 2020

Le Parquet national financier (PNF) a révélé ce 6 avril 2022 qu’il avait ouvert, le 31 mars, une enquête préliminaire visant le cabinet de conseils McKinsey pour « blanchiment aggravé de fraude fiscale ». L’enquête a été confiée au Service d’enquêtes judiciaires des finances (SEJF).
Le PNF fait suite au rapport de la commission d’enquête du Sénat sur l’influence croissante des cabinets de conseils privés dans les affaires de l’État « après avoir procédé à des vérifications ». En d’autres termes, on ne met pas l’action publique en mouvement sans avoir de bonnes raisons de le faire !

« Une mécanique des prix de transfert »

Que peut-on reprocher à McKinsey ? Le 25 mars, le Sénat a saisi la justice pour une suspicion de faux témoignage après les déclarations de Karim Tadjeddine, directeur associé de McKinsey, affirmant que la société payait des impôts en France (voir vidéo ci-dessous). Or, après vérifications, les sénateurs ont constaté que le cabinet de conseils n’a pas payé d’impôts en France depuis dix ans. Parce qu’il a « systématiquement produit des résultats fiscaux déficitaires » a révélé le président de la commission d’enquête, le sénateur Arnaud Bazin, à nos confrères de Public Sénat. Il ajoute : « Tout cela est lié à une mécanique des prix de transfert, c’est ce que refacture la maison mère américaine à la succursale en France. C’est prévu par les règles de l’OCDE, le tout étant de savoir si c’est appliqué loyalement et validé par l’administration française. A la direction générale des finances publiques de le dire ».

« Un phénomène tentaculaire »

Le rapport d’enquête du sénat constate « une intrusion en profondeur du secteur privé dans la sphère publique », selon la rapporteure Éliane Assassi, avec accès à des données parfois sensibles. Elle dénonce « un phénomène tentaculaire » dont le coût est de plus en plus élevé pour les finances publiques.
« D’après les éléments transmis par les ministères, le coût moyen d’une journée de consultant s’élève à 1.528 euros TTC pour la période de 2018-2020 », poursuit la sénatrice du groupe CRCE à majorité communiste, Eliane Assassi. En 2021, les dépenses de conseil des ministères se sont élevées à 893,9 millions d’euros (contre 379,1 M€ en 2018).

Pour quel résultat ?

On sait que la firme américaine a été chargée de la stratégie vaccinale, comme nous l’avons déjà écrit, au mépris des entreprises françaises qui avaient répondu à l’appel d’offres. Et avec le succès que l’on connaît ! En d’autres termes, c’est McKinsey qui a décidé, en lieu et place des fonctionnaires de l’ARS et des autorités de santé, ministres compris, ce qu’il convenait de faire ou de ne pas faire. C’est encore McKinsey qui a été « l’architecte du pass vaccinal » si cher à Emmanuel Macron. Des conseils facturés 12 millions d’euros !
Dans leur rapport, les sénateurs dénoncent ces prestations bidon de McKinsey : un apport sur le métier d’enseignant facturé 500.000 €, un rapport de 50 pages sur la réforme des retraites, pour 950.000 €.

Des liens entre McKinsey et Macron

Bref, cette gabegie d’argent public en dit long sur la manière de gérer les affaires de l’Etat. Et met le président-candidat en difficultés à quelques jours du scrutin. Car les liens entre la firme américaine et Emmanuel Macron sont nombreux et anciens.
Le journal Le Monde révèle dans une enquête de janvier 2021 que « si McKinsey n’a pas joué de rôle officiel dans la campagne du candidat Macron en 2017, plusieurs consultants ou « ex » du cabinet s’y sont investis sur leur temps libre, à l’image de Karim Tadjeddine (actuel patron de la branche « secteur public » du groupe), Eric Hazan (l’un des dirigeants de la branche numérique) ou Guillaume de Ranieri (responsable du secteur aérospatial et défense). »
A quoi il faut ajouter quelques transfuges de chez McKinsey qui ont occupé des postes clés dans la Macronie.
L’enquête diligentée par le PNF devra permettre de mieux comprendre les liens tissés entre ce cabinet privé dont le siège social est situé dans le Delaware (États-Unis) et les affaires de l’État français. Et dire s’il y a ou non des entorses aux lois et aux règlements de notre pays. En attendant, cette affaire est une bombe qui explose à la figure du président-candidat Macron à quatre jours du scrutin. Et elle fait de gros dégâts.

L’influence des cabinets de conseil

 

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