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Etes-vous prédisposé à faire un Covid-19 grave ?

La Covid-19 peut avoir des formes graves (DR)
La Covid-19 peut avoir des formes graves (DR)

Jean-Marc Sabatier, docteur en Biologie Cellulaire et Microbiologie, directeur de recherches au CNRS, affilié à l’Institut de Neuro-Physio-pathologie (INP) de l’université d’Aix-Marseille, explique la grande variabilité des profils cliniques de la Covid-19.

Jean-Marc Sabatier
Jean-Marc Sabatier (DR)

Jean-Marc Sabatier a décrit pour la première fois au début de la pandémie (dès mars 2020) le mode d’action du SARS-CoV-2 associé aux maladies Covid-19 : ainsi, le virus provoque le dysfonctionnement d’un système hormonal/physiologique majeur chez l’homme, le système-rénine-angiotensine (SRA), qui est responsable des symptômes et maladies Covid-19. Très tôt, il a présenté un « puzzle » assemblé (1) à la communauté scientifique à l’heure où les chercheurs du monde entier commençaient à rechercher des pièces de « puzzle » à assembler…

Un mode d’action inédit

Parallèlement, il a proposé avec ses collaborateurs (les docteurs Faucon, Annweiler, Kovacic, Mouhat et les directeurs du laboratoire de virologie de Wuhan en Chine, les Professeurs Cao et Wu) un traitement potentiel du Covid-19 basé sur des molécules naturelles impliquées dans le régulation négative (= freins) du SRA (2). Ces propositions sont restées à ce jour sans écho…
Avec le recul, ce mode d’action du virus sur le SRA humain se montre parfaitement exact, au regard des nombreuses études expérimentales réalisées par les équipes de recherche de tous pays depuis plus d’un an et demi. De plus, ce mode d’action est tout à fait inattendu et inédit, le SRA étant le « vrai » responsable des symptômes et maladies Covid-19, et non le virus SARS-CoV-2 lui-même.
Le Dr Sabatier rapporte ici les raisons pour lesquelles nous serions ou non prédisposés à faire une Covid-19 grave. Il explique d’où provient la grande variabilité (jusqu’ici inexpliquée) des profils cliniques observés chez les patients infectés par le SARS-CoV-2 et présentant des symptômes/maladies Covid-19.

Les acteurs majeurs

Le SRA est un système hormonal/physiologique de première importance chez les mammifères. Il est présent dans les poumons, les reins, les intestins, le cœur, le cerveau, les testicules, les vaisseaux sanguins, ainsi que sur les cellules de l’immunité « innée » (monocytes circulants, macrophages, cellules dendritiques/cellules présentatrices d’antigènes, cellules Natural Killer (NK), etc.). Le SRA contrôle les fonctions autonomes rénales, pulmonaires et cardio-vasculaires (respiration, battements cardiaques, etc.), ainsi que l’immunité « innée » (qui correspond à la réponse immunitaire non spécifique « immédiate » aux agents pathogènes) et le microbiote intestinal.
Le SRA comporte des « acteurs » majeurs qui sont des molécules circulantes (exemple : l’angiotensine 2) et des récepteurs (exemples : ECA, ECA2, AT1R, MasR, AT2R, AT4R et MRGD) qui marchent de concert. Chacun de ces récepteurs existe sous plusieurs formes proches (« variants ») grâce à un polymorphisme génétique (et à des modifications structurales naturelles possibles : ajout de sucres et ou groupements phosphate, ou autres).

Le statut de la vitamine D

Ainsi, il existe plusieurs variants/types d’un « même » récepteur ECA2 ou AT1R, etc. Cette variabilité moléculaire des divers « acteurs » du SRA implique l’existence de multiples SRA plus ou moins proches mais pas identiques, et présentant, de fait, différentes propriétés et caractéristiques fonctionnelles.
Ces SRA nombreux et variés (avec des « variantes » locales en fonction des organes et tissus concernés), propres aux personnes (homme/femme/enfant) et origines ethniques, vont répondre des différences observées chez les individus infectés par le SARS-CoV-2. Ce sont ces différences au niveau du SRA qui vont prédisposer une personne à évoluer vers la Covid-19 grave, avec une ou plusieurs maladie(s) spécifique(s) associée(s). Par exemple, tel variant du récepteur AT1R conduira préférentiellement à telle pathologie cardio-vasculaire ou rénale, etc.

Ceci explique également (au niveau moléculaire) comment le SRA varie pour une même personne au cours de la vie, de la naissance à la mort. Cela apporte des réponses sur le fait que les enfants sont plus résistants au SARS-CoV-2 que les adultes, et que les femmes sont aussi moins sensibles que les hommes au virus (le récepteur ACE2 du SRA est porté par le chromosome sexuel X), tout en développant des formes plus graves de Covid-19 lors d’une infection virale, voire (dans certains cas) d’une vaccination.

A cela s’ajoute le statut en vitamine D de la personne, qui est crucial dans l’évolution et la gravité de la Covid-19. En effet, il est important de rappeler que la vitamine D est un frein des divers SRA qui permet d’éviter une évolution vers les formes graves de la Covid-19.

Références

(1) SARS-CoV-2 & COVID-19: Key-roles of the renin-angiotensin system / Vitamin D impacting drug and vaccine developments. Cao, Z., Wu, Y., Faucon, E., Sabatier, J.M., Infectious Disorders-Drug Targets, 20, 348-349 (2020). Doi: 10.2174/1871526520999200505174704
(2) Counter-regulatory ‘renin-angiotensin’ system-based candidate drugs to treat COVID-19 diseases in SARS-CoV-2-infected patients. Annweiler, C., Cao, Z., Wu, Y., Faucon, E., Mouhat, S., Kovacic, H., Sabatier, J.M., Infectious Disorders-Drug Targets, 20, 407-408 (2020). Doi: 10.2174/1871526520666200518073329

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