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Vaccination : prévenir les effets rares par la vitamine D ?

La vitamine D devrait permettre de prévenir les potentiels effets délétères « Covid-19-like » parfois observés suite à la vaccination selon Jean-Marc Sabatier, chercheur au CNRS. Explications.

Jean-Marc Sabatier
Jean-Marc Sabatier (DR)

 

 

Jean-Marc Sabatier est Directeur de recherches au CNRS et Docteur en Biologie Cellulaire et Microbiologie, affilié à l’Institut de Neuro-Physiopathologie (INP) de Marseille. Editeur-en-Chef des revues scientifiques internationales « Coronaviruses » et « Infectious Disorders – Drug Targets ».

 

Jean-Michel Wendling- Qu’en est-il de la vaccination et des effets secondaires ?

Jean-Marc Sabatier– Au 28 janvier 2021, 1 349 000 personnes sont partiellement vaccinées (+117 217 en 24h). Pour vacciner l’ensemble de la population adulte (52 millions de personnes) d’ici à août 2021, il faudrait injecter 471 172 doses chaque jour. Au rythme actuel (moyenne des 7 derniers jours), l’objectif de vacciner l’ensemble de la population adulte serait atteint le 27 octobre 2024 !

Les effets secondaires de la vaccination restent rares mais sont en augmentation sur la dernière semaine pour laquelle on dispose des résultats : 574 409 personnes ont été vaccinées du 16/01/2021 au 22/01/2021. Selon l’Agence nationale du médicament, 524 cas d’effets indésirables post-vaccination Pfizer/BioNTech, dont 21% de graves, ont été recensés la semaine du 16 au 22 janvier. 56 effets graves cumulés ont été relevés (tableau).
23 décès (17+6) ont été rapportés mais l’ANSM précise qu' »il s’agit de personnes âgées résidant en EHPAD ou en résidence vieillesse qui présentaient pour la plupart de lourdes comorbidités. Quelques personnes étaient suivies dans un service de soins palliatifs ». « Au vu des données actuelles, rien ne permet de conclure qu’ils sont liés à la vaccination », ajoute l’Agence et le Ministre de la Santé.

Tableau issu du rapport hebdomadaire suivi des cas effets indésirables vaccin COVID19 ANSM

On constate également que le nombre d’effets secondaires au prorata du nombre de doses tend à augmenter très significativement (graphique).

suivi des cas effets indésirables vaccin COVID19 ANSM

J.-M. W. Comment peut-on expliquer ces effets et sont-ils évitables ?

J.-M. S. La vaccination en cours et à grande échelle contre le SARS-CoV-2 a mis en évidence, chez certaines personnes plus sensibles et/ou fragiles, l’apparition de potentiels effets indésirables ressemblant à la Covid-19. Il apparaît qu’une carence en vitamine D chez ces personnes pourrait favoriser des effets secondaires possiblement graves. Le vaccin pourrait être à l’origine d’une sur-activation du système rénine-angiotensine (SRA) induisant des symptômes « Covid-19-like » qui pourraient correspondre aux manifestations décrites par l’ANSM. (Graphique 2)

Graphique issu du rapport hebdomadaire suivi des cas effets indésirables vaccin COVID19 ANSM

Ainsi, il apparaît que la supplémentation pré-vaccinale en vitamine D des personnes carencées soit primordiale car elle devrait prévenir l’apparition des complications, tout en permettant une vaccination plus efficace. En effet la vitamine D permet un fonctionnement optimal du système immunitaire.

Comme décrit dans un précédent article (Info du Jour du 21 Décembre 2020), les risques liés à la vaccination, bien que rares sont un éventuel déclenchement de réponses « délétères » suite à une interaction de la protéine vaccinale avec un (ou plusieurs) site(s) récepteur(s).

Le second risque est d’induire une réponse immunitaire inappropriée contre le vacciné. Le système immunitaire se mobilise alors contre une ou plusieurs protéines du soi entraînant le déclenchement potentiel de maladies auto-immunes.

L’existence d’un nombre non-négligeable d’individus présentant des symptômes et/ou pathologies plus ou moins sévères « Covid-19-like » suite à leur vaccination suggère fortement que la protéine S (trimère de la protéine S glycosylée) produite à partir de l’ARN messager du vaccin pourrait agir sur sa cible cellulaire ACE2 (enzyme de conversion de l’angiotensine 2), et déclencher une suractivation du SRA (1-3). Ceci conduirait à un excès d’angiotensine-2 sur le récepteur AT1R délétère ainsi qu’à l’apparition des symptômes et/ou pathologies de la Covid-19 (1-4).

J.-M. W.- Comment prévenir alors ces effets secondaires rares mais potentiellement dangereux ?

J.-M. S.– Afin de prévenir l’apparition de potentiels effets délétères « Covid-19-like » lors de la vaccination, il serait utile de procéder à une supplémentation en vitamine D (cholécalciférol ou vitamine D3), surtout en cas de carence ou d’insuffisance (taux plasmatique < 10-20 ng/ml). En effet, une supplémentation en vitamine D doit permettre d’atteindre un taux plasmatique en vitamine D satisfaisant, (50 ng/ml, voire 75 ng/ml).

La vitamine D, en tant que frein du SRA (1), contrecarre ainsi l’effet délétère d’un SRA suractivé et pourrait éviter une évolution vers les formes plus sévères voire mortelles (4-6) d’un « Covid-19-like » post-vaccination. La majeure partie de la population étant déficiente en vitamine D, il est essentiel d’obtenir un statut vitaminique D pré-vaccinal satisfaisant par supplémentation de cholécalciférol.

En résumé, un taux sanguin approprié en vitamine D autour de 50 ng /ml doit permettre un fonctionnement optimal du système immunitaire (« inné » et « adaptatif ») nécessaire à une bonne vaccination, une prévention de potentiels symptômes et pathologies « Covid-19-like » pouvant survenir suite à la vaccination.

Il apparaît important de rappeler que le rapport bénéfices/risques de la vaccination contre le SARS-CoV-2 reste très favorable et est donc recommandé, notamment chez les personnes dites « à risques » (personnes âgées ou à peaux mates et/ou présentant des facteurs de comorbidités : diabète, obésité, hypertension, cancer, etc.).

En savoir plus

  • SARS-CoV-2

Lors de l’infection virale, le SARS-CoV-2 suractive le système rénine-angiotensine (SRA) en se fixant sur le récepteur ACE2 qui a une fonction de dégradation de l’angiotensine 2 (1-3). La fixation du SARS-CoV-2 au récepteur ACE2 empêche ainsi la dégradation normale de l’angiotensine 2, dont l’excès entraîne une suractivation de son récepteur cellulaire AT1R. Le récepteur AT1R suractivé est très délétère pour le corps humain (induction de l’orage cytokinique, vasoconstriction, inflammation, fibrose, stress oxydatif, hypertrophie tissulaire, chute du monoxyde d’azote NO lié à l’immunité et aux processus mnésiques, etc.) et semble être à l’origine d’une évolution vers les formes graves, parfois mortelles, de la Covid-19. Cet effet délétère d’AT1R sur le corps humain se traduit par l’apparition de diverses pathologies analogues à celles décrites pour une infection par le SARS-CoV-2.

  • Le système rénine-angiotensine (SRA) 

Le SRA est un système hormonal/physiologique de première importance, présent dans les poumons, les reins, les intestins, le cœur, le cerveau, les testicules, les vaisseaux sanguins, ainsi que les cellules de l’immunité « innée » (monocytes circulants, macrophages, cellules dendritiques/cellules présentatrices d’antigènes, cellules Natural Killer, etc.). Le SRA contrôle les fonctions rénales, pulmonaires et cardio-vasculaires, ainsi que l’immunité « innée » (qui correspond à la réponse immunitaire non spécifique « immédiate » aux agents pathogènes) et le microbiote intestinal (1-3).

  • La vitamine D

la vitamine D est une pro-hormone séco-stéroïde qui agit sur au moins 291 gènes, d’où son implication dans de nombreux processus physiologiques : la minéralisation et calcification osseuse, l’immunité innée (monocytes circulants, macrophages, cellules dendritiques/cellules présentatrices d’antigènes, cellules Natural Killer (NK), etc.) et adaptative/acquise (lymphocytes B et T), la prolifération et la différenciation de certains types cellulaires (incluant des cellules du système immunitaire), le maintien des barrières physiques (effet sur les jonctions inter-cellulaires), ainsi enfin sur la régulation du SRA (1,2). La vitamine D permet notamment d’éviter/atténuer l’orage cytokinique très délétère pour le corps humain (libération excessive de cytokines pro-inflammatoires TNF-alpha, interleukine-6, interleukine-1-beta, interféron-gamma, etc.) à l’origine de l’évolution vers les formes graves de la Covid-19. La vitamine D renforce en parallèle la production de cytokines anti-inflammatoires via l’immunité adaptative/acquise, afin d’inhiber l’hyper-inflammation systémique aigüe.

Une autre action de la vitamine D sur l’immunité est d’induire directement la production de molécules anti-microbiennes actives sur les virus (cathélicidine et défensines).

Ainsi, la vitamine D permet un fonctionnement optimal du système immunitaire nécessaire à une vaccination efficace, et induit la production de molécules aux propriétés antivirales permettant à l’hôte de prévenir une éventuelle infection au SARS-CoV-2 et ses variants, ou de la traiter (1,5,6).

Références

  1. SARS-CoV-2 & COVID-19: Key-roles of the renin-angiotensin system / Vitamin D impacting drug and vaccine developments. Cao, Z., Wu, Y., Faucon, E., Sabatier, J.M., Infectious Disorders-Drug Targets, 20, 348-349 (2020). Doi: 10.2174/1871526520999200505174704
  2. ACE2 – From the renin-angiotensin system to gut microbiota and malnutrition. Perlot, T., Penninger, J.M., Microbes and Infection, 15, 866-873 (2013).
  3. Counter-regulatory ‘renin-angiotensin’ system-based candidate drugs to treat COVID-19 diseases in SARS-CoV-2-infected patients. Annweiler, C., Cao, Z., Wu, Y., Faucon, E., Mouhat, S., Kovacic, H., Sabatier, J.M., Infectious Disorders-Drug Targets, 20, 407-408 (2020). Doi: 10.2174/1871526520666200518073329
  4. Neurological, cognitive and behavioral disorders during Covid-19: the nitric oxide track. Annweiler, C., Bourgeais, A., Faucon, E., Cao, Z., Wu, Y., Sabatier, J.M., Journal of American Geriatrics Society, 10.1111/jgs.166671 (2020). Doi: 10.1111/jgs.166671
  5. Point of view: Should COVID-19 patients be supplemented with vitamin D? Annweiler, C., Cao, Z., Sabatier, J.M., Maturitas, 140, 24-26 (2020). Doi: https://doi.org/10.1016/j.maturitas.2020.06.003
  6. Vitamin D and survival in COVID-19 patients. A quasi-experimental study. Annweiler, C., Hanotte, B., de l’Eprevier, C.G., Sabatier, J.M., Lafaie, L., Célarier, T. J. Steroid Biochem. Mol. Biol. 204, 105771 (2020). Doi: 10.1016/j.jsbmb.2020.105771

Interview réalisée par le Dr Jean-Michel Wendling, consultant scientifique pour infodujour.

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