C’est la quatrième mise en examen de l’ancien chef de l’Etat dans le dossier du financement libyen de sa campagne électorale de 2007.
A l’issue de quatre jours d’audition par les juges d’instruction, Nicolas Sarkozy a été mis en examen, le 12 octobre 2020, par le parquet national financier (PNF) pour « association de malfaiteurs » dans le dossier du financement libyen de sa campagne électorale de 2007. Une mise en examen qui s’ajoute à trois autres, dans cette même affaire, puisque l’ancien président la République est déjà poursuivi pour « corruption passive », « recel de détournement de fonds publics » et « financement illégal de campagne ».
Les juges d’instruction ont déjà mis en examen pour « association de malfaiteurs » en janvier dernier, l’un des anciens collaborateurs de Nicolas Sarkozy, Thierry Gaubert, soupçonné d’avoir touché des fonds provenant du régime libyen de Kadhafi. Qui dit association de malfaiteurs suppose en effet qu’il y ait plusieurs malfaiteurs.
« J’ai appris cette nouvelle avec la plus grande stupéfaction » a indiqué Nicolas Sarkozy dans un tweet. Les Français doivent savoir que je suis innocent de ce dont on m’accuse en apportant un crédit invraisemblable aux déclarations d’assassins, d’escrocs et de faux témoins. Je sais que la vérité finira par triompher. »
La revanche des « petits pois »
Pour comprendre pourquoi et comment on en est arrivé là, il faut revenir au 19 avril 2013 lorsque deux juges, Serge Tournaire et René Grouman, ouvrent une information judiciaire pour « corruption, trafic d’influence, faux et usage de faux, abus de biens sociaux, blanchiment, complicité et recel de ces délits. » Ils enquêtent sur des soupçons de financement illicite de la campagne de Sarkozy en 2007 par une puissance étrangère : la Libye.
Cette information judiciaire fait suite au témoignage de l’intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine et des révélations de Médiapart qui, en mars 2012, affirmait que Kadhafi aurait bien financé la campagne de l’ancien président à hauteur de 50 M€. Le journal s’appuie sur un document provenant d’un ancien responsable des services secrets de Kadhafi. Document dont l’authenticité est contestée.
Pourtant, le magazine Pièces à conviction, de France 3 diffuse une interview audio de Kadhafi dans laquelle le leader libyen déclare : « C’est nous qui lui avons fourni les fonds qui lui ont permis de gagner les élections (…) Il est venu me voir alors qu’il était ministre de l’Intérieur. Il m’a demandé un soutien financier. Et on l’a soutenu… » Propos confirmés par l’un des fils du Guide, Saïf Al-Islam et par plusieurs dignitaires du régime libyen.
Nicolas Sarkozy a fermement démenti ces accusations. Il a déposé plainte contre Médiapart, notamment, pour « publication de fausse nouvelle. »
L’ancien chef de l’Etat doit être fou de rage lui qui, pendant son mandat présidentiel, s’était promis de supprimer les juges d’instruction. En octobre 2007, déjà, il reprochait aux magistrats d’être « alignés comme des petits pois » ayant « la même couleur, le même gabarit, la même absence de saveur. »
Une injure qu’aucun d’entre eux n’a oubliée.
— Nicolas Sarkozy (@NicolasSarkozy) October 16, 2020