Après plus de 25 heures de garde à vue, l’ancien chef de l’Etat a été mis en examen pour financement illégal de campagne électorale, notamment et placé sous contrôle judiciaire.
Il faut croire que les enquêteurs ont suffisamment d’éléments à charge contre Nicolas Sarkozy entendu depuis mardi matin dans les locaux de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) de Nanterre. Car, au terme de plus de 20 heures de garde à vue, l’ancien Président de la République a été mis en examen, ce mercredi 21 mars, pour « corruption passive », « financement illégal de campagne électorale » et « recel de fonds publics libyens ». Il a été placé sous contrôle judiciaire.
On sait peu de choses des éléments matériels qui ont donné un brusque coup d’accélérateur à ce dossier ouvert en 2013. Sauf que les enquêteurs de la PJ ont désormais des témoignages précis sur les fonds libyens qui ont été versés à l’équipe de Nicolas Sarkozy pour sa campagne présidentielle de 2007. Et peut même des éléments de preuves des circuits financiers.
Une note de Médiapart
Ils enquêtent dans le cadre de l’information judiciaire ouverte le 19 avril 2013 par deux juges, Serge Tournaire et René Grouman, pour « corruption, trafic d’influence, faux et usage de faux, abus de biens sociaux, blanchiment, complicité et recel de ces délits. » L’affaire portent sur des soupçons de financement de la campagne de Nicolas Sarkozy de 2007 par une puissance étrangère, la Libye.
A l’origine de toute l’affaire, une info de Médiapart qui, en avril 2012, publie une note des services secrets libyens datée de décembre 2006. Le journal en ligne révèle qu’un accord de principe est intervenu entre le colonel Kadhafi et Nicolas Sarkozy pour le versement de 50 M€ destiné à la campagne électorale.
Cette note est fortement contestée. Pourtant, le magazine Pièces à conviction, de France 3 diffuse peu après une interview audio de Kadhafi dans laquelle le leader libyen déclare : « C’est nous qui lui avons fourni les fonds qui lui ont permis de gagner les élections (…) Il est venu me voir alors qu’il était ministre de l’Intérieur. Il m’a demandé un soutien financier. Et on l’a soutenu… » Propos confirmés par l’un des fils du Guide, Saïf Al-Islam et par plusieurs dignitaires du régime libyen.
Nicolas Sarkozy a fermement démenti ces accusations. Il a déposé plainte contre Médiapart, notamment, pour « publication de fausse nouvelle. » Ce qui n’a pas empêché les juges Tournaire et Grouman de continuer leur travail. Le 3 septembre 2013 ils décident de placer le téléphone de l’ancien président sur écoute. Mais aussi celui des anciens ministres de l’Intérieur Brice Hortefeux et Claude Guéant. De là va naître l’affaire duites « des écoutes ».
Intermédiaire et porte-valise
L’enquête va rebondir en 2016 avec les révélations fracassantes d’un intermédiaire douteux, Ziad Takieddine. Celui-ci met en cause directement Nicolas Sarkozy et l’ancien secrétaire général de l’Elysée Claude Guéant. Il précise même avoir joué les intermédiaires et les porte-valises. Dont 500.000 € en liquide.
Claude Guéant a été mis en examen en mars 2016 pour faux, usage de faux et blanchiment de fraude fiscale en bande organisée, suite à la découverte de la vente suspecte de deux tableaux flamands.
En revanche, Nicolas Sarkozy n’avait jamais été entendu dans ce dossier.