En 2016, un Mosellan sur sept vit sous le seuil de pauvreté, comme dans la région et en France métropolitaine. La pauvreté monétaire est plus importante dans l’ouest et le centre de la Moselle.
En Moselle, 145 300 personnes sont en situation de pauvreté monétaire en 2016, c’est-à-dire qu’elles ont un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté (60 % du niveau de vie médian de la France métropolitaine). Ainsi, 14,6 % de la population du département vit avec moins de 1. 040 € par mois et par unité de consommation. Avec 770 500 individus concernés, le Grand Est présente un taux de pauvreté comparable, lui-même proche de la moyenne métropolitaine. Les départements alsaciens se démarquent avec le taux de pauvreté le plus faible de la région (13,1 % chacun). À l’opposé, dans les Ardennes, 19,4 % de la population vit sous le seuil de pauvreté.
La moitié des Mosellans ont un niveau de vie inférieur à 1 729 € par mois, comme la moitié des habitants de la région, soit 0,3 % de moins que le niveau de vie médian métropolitain. À l’exception du Bas-Rhin et du Haut-Rhin, tous les départements du Grand Est ont un niveau de vie médian inférieur à celui de la France métropolitaine. Ainsi, il est inférieur de près de 10 % dans les Ardennes, de 5 % à 7 % dans l’Aube, la Meuse, la Haute-Marne et les Vosges.
Situation de pauvreté monétaire plus fréquente à Forbach – Saint-Avold
Bien que la Moselle soit très proche de la moyenne régionale en termes de niveau de vie et de taux de pauvreté, la situation au sein du département est contrastée. Ainsi le territoire d’action régionale de Forbach – Saint-Avold se révèle celui où le taux de pauvreté est le plus important (17,5 %) et le niveau de vie médian le plus bas. En effet, celui-ci est inférieur de 7 % à celui du département.
Néanmoins, un faible taux de pauvreté ne signifie pas un niveau de vie médian élevé. Le territoire de Sarrebourg – Château-Salins enregistre par exemple le taux de pauvreté le plus bas du département (11,9 %) et demeure cependant l’une des zones où le niveau de vie médian est le plus faible : les ménages y perçoivent généralement moins de revenus, mais suffisamment pour que la plupart soient au-dessus du seuil de pauvreté. Les zones de Metz-Orne et de Thionville s’avèrent les seules zones de Moselle où le niveau de vie médian des ménages est supérieur aux valeurs régionale et départementale, respectivement 1 766 € et 1 837 € mensuels par UC. Le taux de pauvreté est plus faible dans le territoire de Thionville.
Une pauvreté plus intense à Thionville et Metz-Orne
En complément du taux de pauvreté, l’intensité de la pauvreté permet d’apprécier à quel point le niveau de vie de la population sous le seuil des 1 040 € mensuels est éloigné de ce seuil. En Moselle, le niveau de vie médian des personnes pauvres est de 832 € par mois, inférieur de 20,1 % au seuil de pauvreté. L’intensité de la pauvreté y est donc sensiblement la même que dans le Grand Est (19,9 %). Les taux de pauvreté les plus importants ne sont pas forcément associés aux intensités les plus fortes. En effet, à Forbach – Saint-Avold, le taux de pauvreté et l’intensité de pauvreté atteignent respectivement 17,5 % et 19,3 %, alors qu’à Thionville, ces valeurs s’élèvent à 13,6 % et 22,1 %. Bien que la pauvreté concerne davantage de ménages dans la zone de Forbach – Saint-Avold, leur niveau vie est en moyenne plus élevé que celui des ménages pauvres de Thionville : ces derniers sont donc proportionnellement moins nombreux, mais plus pauvres que ceux de Forbach – Saint-Avold.
De fortes inégalités de revenu à Thionville
En Moselle, le niveau de vie mensuel des 10 % des ménages les plus aisés dépasse 3 101 euros. Ce niveau de vie est 3,4 fois supérieur à celui des 10 % des ménages les plus modestes : c’est le rapport interdécile des niveaux de vie, proche de celui de la région. Dans les « territoires Moselle » ce rapport interdécile varie entre 2,7 à Sarrebourg – Château-Salins et 3,7 à Thionville. Cette différence s’explique surtout par les hauts revenus perçus par les ménages de la zone de Thionville, associés aux bas revenus de ses ménages les plus modestes. Ceci conduit à une distribution des revenus disponibles plus étendue dans le territoire de Thionville.
De plus, en Moselle, le total des revenus des 20 % des ménages les plus riches est 4,1 fois supérieur à celui des 20 % des ménages les plus pauvres, rapport similaire à la moyenne régionale (4,4 en France métropolitaine). La Moselle se situe ainsi au 3e rang des départements du Grand Est les plus inégaux (après le Haut-Rhin et la Marne). C’est dans les territoires de Thionville et de Metz-Orne que ce rapport est le plus élevé. À Forbach – Saint-Avold, Sarrebourg – Château-Salins et Sarreguemines – Bitche, il ne dépasse pas 3,8.
Des effets redistributifs plus importants à Forbach – Saint-Avold qu’à Sarrebourg – Château-Salins
L’un des piliers des politiques de lutte contre les inégalités est la redistribution des revenus entre les plus aisés et les plus modestes. D’une part, les transferts sociaux par le biais des prestations sociales (minima sociaux, prestations familiales et aides au logement) visent à soutenir le niveau de vie des ménages.
En Moselle, après redistribution, les revenus des 10 % des ménages les plus modestes augmentent de 52 %, soit + 311 € par mois et par UC, tandis que ceux des 10 % les plus aisés diminuent de 6 %, soit – 215 € par mois et par UC. Avant redistribution en effet, les revenus des ménages les plus modestes étaient inférieurs à 605 € par mois et par UC, soit 5,5 fois moins que les ménages les plus aisés. Le rapport interdécile passe à 3,4 après transferts. .
Les jeunes dépendants des prestations sociales
Les jeunes en âge de s’insérer sur le marché du travail ou de faire des études supérieures ont plus souvent des revenus faibles. Ils sont alors plus nombreux en situation de pauvreté monétaire et plus dépendants des prestations sociales. Parmi les ménages où le référent à moins de 30 ans, en Moselle, 23,6 % vivent sous le seuil de pauvreté, contre 14,6 % pour l’ensemble de la population. Le taux de pauvreté des jeunes est très semblable à la moyenne régionale et supérieur d’un point à celle de France métropolitaine.
Chez les 30-39 ans, les prestations sociales pèsent autant dans le revenu disponible, mais ce sont surtout des prestations familiales (51 %). Dans le territoire de Forbach – Saint-Avold, les moins de 30 ans, plus souvent au chômage, s’avèrent plus fréquemment en situation de pauvreté monétaire : leur taux de pauvreté est supérieur de 4 points à celui des jeunes du département.
Le taux de pauvreté décroît avec l’âge : il est de 19 % parmi les 30 à 39 ans, 12 % parmi les 50 à 59 ans et moins de 9 % pour les plus de 60 ans. Les revenus des personnes âgées de plus de 60 ans proviennent principalement de pensions, retraites et de revenus du patrimoine.
Les familles monoparentales plus souvent en situation de pauvreté monétaire
En Moselle, près d’un tiers des familles monoparentales vivent sous le seuil de pauvreté et ont un niveau de vie médian de 823 € mensuels par UC, légèrement inférieur à celui de l’ensemble des ménages pauvres (832 €). En moyenne, 15 % du revenu disponible des familles monoparentales proviennent de prestations sociales, contre 5 % pour l’ensemble de la population mosellane (5,8 % de minima sociaux, 4,8 % de prestations logement et 4,2 % de prestations familiales).
Le taux de pauvreté des familles monoparentales de Moselle est semblable à celui de la région et de la France métropolitaine. En revanche, c’est dans le territoire de Forbach – Saint-Avold qu’il est le plus haut (36 %), et à Sarrebourg – Château-Salins qu’il est le plus bas (27 %). À l’opposé, les couples sans enfant bénéficient d’économie d’échelle liée à la vie commune (partage des frais fixes comme le loyer, le chauffage, l’électricité…) et sont moins souvent en situation de pauvreté monétaire, puisque 5 % d’entre eux sont concernés ; pour ces derniers, le revenu disponible médian est plus élevé (860 € mensuels par UC).
Parmi les ménages de plus de cinq personnes, 29 % sont dans une situation de pauvreté monétaire, taux proche de la moyenne régionale et supérieur de 2 points à la moyenne métropolitaine. Leur niveau de vie médian est de 832 € mensuels par UC. Les personnes seules sont également plus souvent en situation de pauvreté monétaire : 16,8 % d’entre elles sont concernées.
Parmi les personnes seules, les hommes sont moins fréquemment pauvres, mais lorsqu’ils le sont, leur niveau de vie est généralement plus faible. En effet, 16,1 % des hommes seuls sont pauvres, avec un niveau de vie mensuel médian de 762 € par UC, soit une intensité de la pauvreté de 27 %. Parmi les femmes seules, 17,4 % sont pauvres, avec un niveau de vie mensuel médian de 854 € par UC, soit une intensité de pauvreté de 18 %. Le territoire Moselle de Metz-Orne se démarque le plus : le taux de pauvreté des hommes seuls y est le plus haut et celui des femmes seules le plus bas.
Partenariat
L’étude a été réalisée dans le cadre d’un partenariat entre la Direction régionale de l’Insee Grand Est et le département de la Moselle.