Un conseil des ministres extraordinaire à l’Elysée a autorisé le gouvernement à utiliser l’article 49-3 de la constitution (sans vote) pour faire passer le projet de loi travail. La motion de censure sera débattue jeudi. Attention : risque d’explosion sociale !
N’ayant pas réussi à ressouder sa majorité autour de la loi El Khomri, le Premier ministre a donc recours au fameux 49-3 qui fait passer un texte sans vote à l’Assemblée. Cet après-midi il a engagé la responsabilité de son gouvernement devant les députés. « J’assume parfaitement cet engagement, a déclaré Manuel Valls lors des questions au gouvernement. Ce texte est bon pour les entreprises et les salariés. »
Dans la foulée, les députés de droite, UDI et LR ont déposé une motion de censure qui sera débattue jeudi. Elle a cependant peu de chance de renverser le gouvernement puisqu’elle devrait recueillir au moins 289 voix (majorité absolue) alors que les députés de droite sont 227. Il manquerait donc une soixantaine de voix pour changer la donne.
Les « frondeurs » du parti socialiste mettent en cause, notamment, l’article 2 du projet de loi qui fait prévaloir les accords négociés dans l’entreprise sur les accords de branches. Certains souhaiteraient le retrait pur et simple de cet article, d’autres une réécriture. Valls refuse désormais tout compromis et veut en finir avec ce texte qui n’a fait que trop de bruit.
Risques de dérapages
Concrètement, ce sont seulement 469 amendements parlementaires sur plus de 5.000 déposés par les députés, que le gouvernement va finalement retenir pour réécrire le loi Travail.
Il y a fort à parier que cette façon de faire à la hussarde ne soit pas du goût de tout le monde. En particuliers des syndicats de travailleurs, de lycéens et d’étudiants qui battent le pavé depuis plusieurs mois pour s’opposer à ce texte.
Le risque est donc grand de voir, jeudi, les manifestations redoubler d’intensité. Avec les dérapages et la violence que ce type de manifestation peut engendrer.
En tout cas, le passage en force de Manuel Valls provoque un véritable tollé dans la classe politique et sur les réseaux sociaux. Plus que jamais François Hollande mais aussi Manuel Valls et son gouvernement semblent affaiblis à un an de la présidentielle.
E.M.