La police belge qui « soupçonne un pays du Golfe d’influencer les décisions économiques et politiques du Parlement européen » a interpellé cinq personnes, dont la vice-présidente, Eva Kaili qui a été écrouée.
Il faut non seulement traîner ces parlementaires corrompus devant les tribunaux, mais aussi prendre des mesures de rétorsion envers le Qatar. Si ce pays se comporte comme une puissance hostile, il doit être traité comme telle.https://t.co/RLZ0lFoYRr
— Stéphane Ravier (@Stephane_Ravier) December 10, 2022
Cinq interpellations et 16 perquisitions ont été effectuées, vendredi 9 décembre 2022 à Bruxelles, dans le cadre d’une vaste enquête anticorruption. Selon le journal belge Le Soir, la vice-présidente du Parlement européen, Eva Kaili, un ancien eurodéputé et le patron de la Confédération internationale des syndicats (CSI) sont soupçonnés d’avoir reçu les faveurs de la part du Qatar. L’affaire éclate en pleine coupe du monde de football au Qatar.
Opération mains-propres
L’enquête a été ouverte à la mi-juillet 2022 par la justice belge soupçonnant des opérations de corruption et de blanchiment au sein même du Parlement européen. Une véritable organisation criminelle soupçonnée d’ingérence dans la politique de l’UE.
Toujours selon Le Soir, « l’enquête ultra-sensible, coordonnée par le parquet fédéral, est instruite par le juge Michel Claise, spécialisé dans les matières financières. Les devoirs d’enquête sont menés dans la plus grande discrétion depuis plus de quatre mois par l’Office central pour la répression de la corruption (OCRC) » qui mène là une opération mains propres comme on en a connu dans les années 70 et 80, notamment en Italie.
Parmi les personnes interpellées, il y a l’eurodéputée socialiste grecque Eva Kaili, vice-présidente du Parlement et quatre hommes, tous de nationalité italienne, dont le compagnon d’Eva Kaili, Francesco Giorgi, (assistant parlementaire), le dirigeant syndical italien Luca Visentini, secrétaire général de la Confédération syndicale internationale (CSI), une organisation qui compte 200 millions de membres dans le monde, l’ancien eurodéputé italien Pier-Antonio Panzeri, qui a présidé à l’époque la sous-commission des droits de l’Homme du Parlement. C’est à son domicile que les enquêteurs ont trouvé la somme de 600.000 euros en cash.
La question des droits de l’Homme
L’enquête n’en est qu’à ses débuts puisque les policiers n’ont pas encore exploité tout le matériel informatique saisi au cours des nombreuses perquisitions. Mais d’ores et déjà on sait que le Qatar est soupçonné d’avoir voulu influencer les décisions prises par les institutions européennes notamment en matière des droits de l’Homme.
Réunis à partir de lundi à Strasbourg, les eurodéputés devaient valider l’ouverture de pourparlers entre le Parlement européen et les Etats membres de l’UE en vue de finaliser un texte facilitant le régime de visas pour les voyageurs du Qatar et du Koweït.
Bruxelles : un nid de lobbyistes
Quel est le nombre de lobbyistes à Bruxelles ? Ce sont, à ce jour, 12 489 organisations recensées au ‘’registre européen de transparence’’, soit près de 50 000 personnes à effectuer du lobbying auprès de l’UE, dont environ 24 000 personnes travaillant à temps plein et 1500 qui ont accès au Parlement. Mais l’Organisation non gouvernementale Transparency International estime quant à elle à environ 26 500 le nombre de lobbyistes présents de façon régulière à Bruxelles